Qu'est-ce qu'un Mac mini plus pro ?

Stéphane Moussie |

C'est l'effervescence chez les amateurs de Mac mini depuis la publication d'un article de Bloomberg annonçant une mise à jour de la machine d'ici la fin de l'année, chose qu'elle n'a pas connue depuis 2014.

Un article qui met doublement du baume au cœur puisqu'il évoque un accent mis sur les utilisateurs professionnels. Comment cela pourrait-il se matérialiser ? Voici des pistes de réflexion.

Ce que l'on sait (ou croit savoir) sur le renouvellement du Mac mini

Avant de nous lancer dans des supputations, faisons un point sur ce que l'on sait, ou en tout cas ce que l'on croit savoir, sur la mise à jour du Mac mini.

Ming-Chi Kuo, qui fait partie des analystes les mieux renseignés, a été le premier à parler d'un renouvellement. Il a mentionné une mise à jour du processeur… et c'est tout. Pas très excitant, même si c'est mieux que rien compte tenu de l'état du Mac mini.

Le journaliste Mark Gurman de Bloomberg, dont la fiabilité n'est plus à prouver, s'est montré un peu plus précis :

Apple prévoit aussi la première mise à jour du Mac mini en quatre ans. [...] L'ordinateur est apprécié pour son prix abordable, et il est populaire auprès des développeurs d'applications, de ceux qui veulent un media center et des administrateurs système. Pour le modèle de cette année, Apple va se concentrer sur ces utilisateurs pro, et de nouvelles options de stockage et de processeur sont susceptibles de le rendre plus cher que les versions précédentes.

Il est important de noter que ni l'un ni l'autre n'évoquent de changement de design. À moins que Mark Gurman en garde sous le coude ou qu'il n'ait tout simplement pas l'info, il ne faudrait donc pas s'attendre à un Mac mini transfiguré.

La gamme actuelle de Mac mini.

La dernière fois que Phil Schiller a parlé du Mac mini (c'était en avril 2017 au moment de l'annonce de la refonte du Mac Pro), il a rappelé que cet ordinateur relevait « davantage d'un mélange d'usages grand public et professionnels » que le Mac Pro.

Tout ça pour dire qu'on se dirige a priori moins vers un « Mac mini Pro » entièrement tourné vers les professionnels, que vers un Mac mini « plus pro », qui, sans perdre sa nature grand public, pourrait en offrir plus aux utilisateurs exigeants.

L'article de Bloomberg laisse d'ailleurs planer le doute sur l'augmentation du prix : concernera-t-elle le modèle de base, actuellement vendu 549 €, ou bien seulement les configurations personnalisées avec l'arrivée d'options plus dispendieuses ? Gonflé à bloc, le Mac mini actuel coûte 2 299 € (Core i7 de 4e génération bicœur à 3 GHz, 16 Go de LPDDR3, SSD de 1 To). Il y a moyen de faire exploser ce plafond comme on va le voir…

Le processeur et la carte graphique

En partant du principe que la conception générale du Mac mini n'évolue pas (et que l'ordinateur reste abordable), Apple ne devrait pas piocher dans les Xeon. Elle a de toute façon de larges gammes de Core i5 et de Core i7 de 8e génération à sa disposition, qui, quels que soient les modèles adoptés, devraient faire une belle différence avec les processeurs actuellement utilisés.

Non seulement quatre ans séparent les processeurs les plus récents de ceux du Mac mini, mais en plus les dernières puces d'Intel ont des cœurs supplémentaires. Le petit ordinateur de bureau qui n'a pas plus de deux cœurs à l'heure actuelle pourrait en avoir quatre, voire six, prochainement. On peut par exemple imaginer avoir en option un Core i7-8750H à six cœurs cadencés à 2,2 GHz (Turbo Boost 4,1 GHz) ou bien un Core i7-8559U quadricœurs à 2,7 GHz (Turbo Boost 4,5 GHz).

Pas plus de deux cœurs sur le Mac mini aujourd'hui.

À moins qu'Apple n'adopte une nouvelle proposition d'Intel, à savoir un couple CPU Intel + GPU dédié AMD. Ce duo, qui est réuni sur le même package pour un gain de place, a été pensé pour les portables, mais cela ne gêne en rien son intégration à un Mac mini, au contraire. Cette solution aurait l'avantage de doter la machine d'une carte graphique plus puissante que celle fournie d'habitude par Intel.

Un Mac mini 2018 équipé d'un Core i5-8305G quatre cœurs à 2,8 GHz (Turbo Boost 3,8 GHz) avec GPU Radeon RX Vega M GL n'apparaît pas saugrenu. Ça serait intéressant pour les pros… et ça ferait effectivement augmenter la facture. En option, on pourrait compter sur un Core i7-8706G quatre cœurs à 3,1 GHz (Turbo Boost 4,1 GHz) avec toujours ce GPU Radeon RX Vega M GL.

La mémoire vive et le stockage

Le Mac mini est le dernier Mac à avoir seulement 4 Go de mémoire de vive dans sa version de base. On suppose sans trop de risque qu'il s'alignera sur les autres et aura au minimum 8 Go prochainement. De la même manière, cette mémoire pourrait être plus rapide, passant de 1 600 MHz à 1 866 MHz, comme sur le MacBook 12", voire 2 133 MHz comme sur d'autres Mac.

Dans l'optique de viser plus particulièrement les professionnels, Apple pourrait aussi permettre d'intégrer 32 Go de RAM, au lieu de 16 Go maximum actuellement.

Quant au stockage, c'est l'une des inconnues les plus difficiles à deviner. C'est un panaché de technologies que le Mac mini nous propose à l'heure actuelle : disque dur (500 Go et 1 To) en entrée et milieu de gamme, Fusion Drive (1 To) en haut de gamme, et SSD en option.

Les options de stockage sur le modèle haut de gamme actuel. On peut s'attendre à des capacités supérieures prochainement.

Un Fusion Drive ou un SSD en standard serait bien sûr appréciable, mais Apple a montré avec l'iMac 21,5" 2017 qu'elle n'avait toujours pas fait une croix sur les disques durs. Avoir un disque dur dans le nouveau Mac mini serait d'autant moins étonnant qu'un tel composant peut se justifier pour certains usages où la capacité de stockage prime sur la vitesse.

On pourrait donc en rester au statu quo sur le plan des technologies, avec toujours un trio disque dur-Fusion Drive-SSD, mais voir les capacités évoluer sensiblement. La capacité maximum du Fusion Drive en option pourrait passer de 2 To à 3 To, et celle du SSD de 1 To à 2 To ou plus.

La connectique

Côté connectique, le Mac mini actuel est plutôt bien pourvu — Apple en fait même un argument commercial, comme quoi —, mais il y a des possibilités d'évolution, en particulier pour les pros. À l'instar des iMac 2017, il serait logique que le Mac mini adopte le Thunderbolt 3. Cela lui ouvrirait des perspectives très intéressantes, notamment la prise en charge des cartes graphiques externes.

C'est Apple qui le dit.

Il y aurait aussi le passage du HDMI 1.4b au HDMI 2.0 et l'Ethernet Gigabit remplacé par de l'Ethernet 10 Gigabit, mais ce dernier changement est très peu probable, sauf à ce qu'Apple sorte un véritable « Mac mini Pro » ou « Mac Pro mini ».

Le reste

Que faudrait-il d'autre pour rendre plus pro, le Mac mini ? Certains diront une meilleure réparabilité ou modularité. Ce n'est pas la voie qu'a prise la machine dernièrement, en soudant la mémoire vive à sa carte mère — c'est d'ailleurs pour cette raison que la génération 2012 est préférée par certains à la génération 2014.

Là aussi, difficile de pronostiquer ce qu'Apple va faire. Un retour vers plus de souplesse paraît peu probable, à moins que le mea culpa sur le Mac Pro influe sur l'orientation du Mac mini.

L'intégration d'une puce T1 ou T2 serait logique au vu de l'évolution des autres Mac, et pourquoi pas une finition gris sidéral, pour faire aussi sérieux que l'iMac Pro ou le MacBook Pro ?

Au total

Sans même bouleverser le Mac mini et partir dans un fantasme aussi excitant qu'utopique, les possibilités d'évolution sont nombreuses — la faute à une trop longue stagnation, c'est vrai — et pourraient trouver un écho auprès des utilisateurs professionnels.

Au risque de paraître ridicule dans quelques mois, osons une configuration de base hypothétique, qui placerait toujours le Mac mini autour de 600 ou 700 € :

  • Core i5-8350U quatre cœurs à 1,7 GHz (Turbo Boost 3,6 GHz)
  • Intel UHD 620
  • 8 Go de RAM
  • Disque dur 1 To
  • Deux ports Thunderbolt 3
Le NUC8i7HNK, un NUC haut de gamme.

Et une configuration plus musclée, pas loin d'être la plus chère disponible :

  • Core i7-8706G quatre cœurs à 3,1 GHz (Turbo Boost 4,1 GHz)
  • AMD Radeon RX Vega M GL
  • 16 Go de RAM
  • SSD 1 To
  • Deux ports Thunderbolt 3
  • Finition gris sidéral

En fait, cette configuration est similaire à un NUC présenté par Intel au début de l'année qui vise les amateurs de réalité virtuelle. Optez pour 32 Go de RAM et un SSD de 2 To, et vous dépassez les 3 000 €.

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