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Quand Steve Jobs réclamait de la magie dans Safari mobile

Mickaël Bazoge

Friday 25 April 2014 à 07:40 • 35

iOS

En janvier 2007, Steve Jobs présentait sur la scène de la Macworld un nouvel appareil révolutionnaire, tout à la fois baladeur, téléphone, et tablette internet. Si l'iPhone était évidemment le « meilleur » iPod et le « meilleur » téléphone au monde, le smartphone faisait surtout la preuve qu'il était désormais possible d'emporter tout internet avec soi. Et le logiciel qui a bougé les plaques tectoniques, c'est Safari.

Francisco Tolmasky - JS Conf

La version mobile de Safari a été développée en grande partie par Francisco Tolmasky, programmeur de 20 ans à l'époque (il en a 29 aujourd'hui), qui a planché sur le navigateur web sous la rude férule de Steve Jobs. Le patron d'Apple réclamait alors de « la magie. Retournez au travail, ça n'est pas assez magique ! », réclamait Steve Jobs. Tolmasky, qui a quitté Apple en décembre 2007, est désormais développeur indépendant et il a conçu un jeu pour iPad disponible depuis ce jeudi, Bonsai Slice [1.0.1 - US - 2,69 € - iPad - 52,2 Mo - Playground Theory]. Le New York Times a recueilli son témoignage sur ses « années Safari ».

Francisco Tolmasky a été embauché par Apple dès sa sortie de l'université de Californie du Sud. Un recruteur avait repéré le développeur en devenir six mois avant qu'il obtienne son diplôme : il faisait à l'époque partie de la petite équipe de développeurs web gravitant autour du projet WebKit, devenu le coeur de Safari ainsi que celui de bon nombre de navigateurs web. Il a débuté sa carrière chez Apple au premier trimestre 2006, mais pas sans attendre d'avoir le blanc-seing de Steve Jobs, qui s'était montré méfiant à l'idée de travailler avec un gars d'une vingtaine d'années !

Les deux équipes en charge du développement de l'iPhone (le matériel et le logiciel) travaillaient dans un coin reclus du campus d'Apple, à Cupertino. Elles étaient physiquement séparées et ne bûchaient pas ensemble directement, afin d'empêcher les fuites; Steve Jobs les rencontrait deux fois par semaine afin de faire le point.

Malgré l'ampleur du projet, le groupe en charge des applications web dans lequel travaillait Tolmasky n'a longtemps compté que cinq personnes en tout et pour tout. « Chacune de ces choses ont été réalisées par une seule personne », raconte le jeune prodige quand il tapote sur les icônes des applications imprimées sur l'emballage du premier iPhone. En ce qui le concerne, il était en charge de Safari mobile.

Ce logiciel a signé une véritable révolution : il s'agit d'un vrai navigateur, capable d'afficher le « vrai » internet dans un format réduit. En 2007, on parlait encore du WAP et d'autres protocoles qui renvoyaient le web au Minitel… De plus, Safari devait se manipuler sans clavier ni souris, et uniquement au doigt. L'influence de Safari mobile a été telle que le logiciel a poussé les sites web à s'adapter aux petits écrans des smartphones. Et au final, Steve Jobs a obtenu ce qu'il voulait de la part d'un vrai magicien du code !

Le développement du clavier virtuel de ce qui s'appelait à l'époque iPhone OS a été l'occasion pour Apple d'organiser un hackathon dirigé par Steve Jobs, mécontent des prototypes présentés jusqu'alors. Durant une semaine, les ingénieurs se sont affrontés pour développer le meilleur clavier… ce fut un des membres de l'équipe de Tolmasky qui a remporté le trophée et le droit (l'obligation, plutôt), de travailler à plein temps sur cette brique logicielle stratégique.

À quelques semaines de la présentation de l'iPhone, Steve Jobs s'est mis en tête de proposer une application cartographique. Le premier jet de l'application Maps, qui utilisait les données de Google Maps, a été développé en moins d'une semaine, là aussi par un ingénieur du groupe Tolmasky. En deux semaines, une version de démo a pu être finalisée pour le keynote de la Macworld. « C'était le genre d'effet que Steve Jobs avait sur vous : c'est important, ça doit arriver, et vous allez le faire ».

Francisco Tolmasky livre un exemple amusant du caractère bouillant du PDG d'Apple. Il y avait dans l'équipe de l'iPhone un employé du nom de Steve, source de confusion et de quiproquos dans le groupe. Cela avait le don d'énerver Jobs au plus haut point, qui un jour a décidé que l'ingénieur en question allait s'appeler… « Margaret ». Le pauvre a dû endurer ce prénom durant toute la période de conception de l'iPhone !

Tolmasky a quitté Apple alors que l'iPhone commençait à connaitre le succès. L'esprit commando a laissé alors la place à une structure plus importante. Après Apple, il a fondé une société, 280 North, qui a créé un environnement logiciel de développement de webapps mobiles. Cette jeune pousse a été rachetée par Motorola pour 20 millions de dollars. Aujourd'hui, à la tête du petit studio Playground Theory (5 personnes), il se lance donc dans le jeu pour iPad avec Bonsai Slice, qui utilise très intelligemment les capteurs de mouvement de la tablette.

Le jeu ressemble un peu à Fruit Ninja, puisqu'il s'agit de découper des objets… mais au lieu d'utiliser son doigt, il faut véritablement reproduire les mouvements d'une lame ! Il va falloir faire attention à ne pas taper sur la tête des gens dans la pièce. Le développeur compte pour le moment continuer à concevoir des jeux mobiles, un secteur où il pourrait bien, une fois de plus, connaitre le succès.

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