Apple travaille sur une navette autonome pour transporter ses employés

Florian Innocente |

Plutôt qu'une voiture Apple prépare une navette capable de transporter toute seule des employés entre différentes adresses. C'est ce qu'explique le New York Times dans un nouvel article à propos des développements d'Apple dans les véhicules et la conduite autonome.

Une révision à la baisse de ses ambitions premières, comme plusieurs rumeurs et changements de personnels l'avaient laissé paraître ces derniers mois.

Navly, le service de deux navettes autonomes basé sur le modèle Navya — 15 places dont 11 assises — testées à Lyon depuis un an sur une distance très réduite

Initialement, rappelle le quotidien, l'ambition du projet "Titan" était élevée et consistait à aller se frotter aux constructeurs traditionnels en réinventant l'automobile et son utilisation. Cela va finalement accoucher d'un système de transport autonome que fabriquera et vendra un partenaire mais avec lequel Apple pourra tester ses mécanismes logiciels et matériels.

Le New York Times ne cite aucun nom ni ne parle de projets futurs à l'international. Mais on pourrait imaginer quelque chose avec l'entreprise de VTC chinoise Didi, dans le capital de laquelle Apple est entrée (lire L'investissement d'Apple dans Didi a précipité l'acquisition d'Uber en Chine et VTC : Tim Cook compare Didi à l'iPhone).

Au début du mois, Tim Cook avait expliqué que la conduite sans conducteur n'était qu'une brique d'un édifice bien plus large « Nous sommes axés sur les systèmes autonomes du point de vue des technologies de base. Ils peuvent être utilisés de différentes manières, et la conduite autonome n’en est qu’une. Il y a plusieurs domaines d’applications, je ne veux pas vous en dire plus. » (lire aussi Qi Lu : le smartphone n'est pas l'idéal pour l'intelligence artificielle). Des objectifs plus modestes sur un plan matériel et qui font écho à Google qui a dit qu'il n'envisageait pas non plus de fabriquer ses propres voitures.

Baptisé "PAIL" pour "Palo Alto to Infinite Loop", ce futur service de navettes reliera les différents bâtiments d'Apple. D'après John Gruber, ce projet est bien réel mais son appellation aurait changé du fait de l'entrée en service prochaine d'Apple Park.

Lorsqu'en 2014, le projet Titan dans sa première mouture a pris de l'envergure, avec le recrutement d'une batterie de spécialistes de l'automobile, Apple cogitait sur tout ce qui composait une voiture, jusqu'à réinventer la roue. Au sens littéral du terme, il y avait l'idée par exemple de leur donner une forme sphérique pour faciliter les déplacements latéraux. Les designers et mécaniciens ont également pensé à des portes motorisées capables de fonctionner silencieusement, puis de supprimer les pédales et le volant ainsi que d'utiliser la réalité virtuelle ou augmentée au niveau du pare-brise et de certains affichages. Apple voulait aussi rendre plus discrets les différents capteurs laser de mesure des distances ("lidar"), logés habituellement à l'intérieur de protubérances bien visibles sur les voitures.

L'une des voitures d'Apple qui circulent aujourd'hui en Californie

On peut imaginer que les recherches conduites initialement avec la manière d'utiliser la réalité virtuelle/augmenté ont pu resservir et contribuer à ce qu'est devenu aujourd'hui ARKit, ou du moins qu'Apple a pu entrevoir des applications hors de ce qu'elle réservait à sa voiture.

Cinq anciens membres de l'équipe ont répété au New York Times certaines informations qui avaient fuité l'année dernière. Comme quoi un manque de définition suffisamment clair des objectifs poursuivis avait embourbé ce projet devenu énorme. Certains, comme son directeur, Steve Zadesky, militaient pour une conduite semi-autonome. D'autres, chez les designers et Jony Ive au premier chef, voulaient une conduite parfaitement autonome, seule capable à leurs yeux de réinventer complètement l'expérience de conduite.

En dépit de ces questions fondamentales laissées sans réponses, les ingénieurs avaient commencé à travailler sur un système surnommé "CarOS", non sans que cela entraîne d'autres débats. Fallait-il utiliser Swift ou le plus traditionnel C++ (ou du C comme le suggère Gruber).

En janvier 2016, Steve Zadesky quittait le projet Titan (il est toujours chez Apple néanmoins). L'été suivant, Bob Mansfield, sortait de sa retraite pour reprendre les choses en main et remettre le projet à l'endroit. C'est à dire, mettre au point en priorité les technologies de conduite plutôt que de se lancer dans la fabrication complète d'un véhicule et, a fortiori, d'une voiture personnelle. Des ingénieurs spécialisés dans le matériel furent licenciés dans la foulée. Depuis peu, toujours sous la direction de Mansfield, l'équipe a repris du muscle, poursuit le New York Times, mais avec des profils plus spécialisés dans ces fameux systèmes autonomes que dans la production de voitures.

Crédit photos des navettes : Navya Tech

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