Distrait par Twitter, Elon Musk freinerait le programme de conduite autonome de Tesla

Nicolas Furno |

Elon Musk est-il devenu un handicap pour Tesla ? C’est ainsi que l’on pourrait résumer le point de vue d’un article à charge du Washington Post concernant les efforts du constructeur en matière de conduite autonome. Appuyant des témoignages précédents, le journal américain pointe du doigt la gestion capricieuse du patron de Tesla, ses décisions prises unilatéralement et la distraction récente causée par son achat de Twitter. Autant de facteurs qui pourraient mener le constructeur à s'écarter de la route le menant à la conduite entièrement autonome.

L’Autopilot de Tesla en action, ici en version de base, avec un régulateur de vitesse actif et le maintien de la voiture parfaitement centrée dans sa voie. Image MacGeneration.

Tout remonte à un pari osé de la part du constructeur américain spécialisé dans l’électrique : engagé sur la conduite autonome depuis des années, Tesla a décidé de tout miser sur la vision. Alors que ses concurrents multiplient les capteurs en intégrant des radars et même pour certains des LiDAR, l’entreprise d’Elon Musk les élimine progressivement pour ne conserver que des caméras. Le radar installé derrière le pare-chocs des Tesla depuis 2016 a été retiré à partir de 2021 et il est même désormais désactivé dans les véhicules qui l'intégraient.

Plus récemment, ce sont les capteurs à ultrasons qui ont fait les frais de cette politique. Tesla a annoncé à l’automne dernier leur suppression sur les nouveaux véhicules et, même si ce n’est pas encore le cas, peut-être que les voitures qui en étaient équipées en seront privées à terme.

Tesla Vision doit à chaque fois remplacer ces capteurs dédiés avec une solution basée uniquement sur l’analyse des images fournies par les caméras. Le radar à l’avant servait à identifier des obstacles sur la route et évaluer la distance avec les véhicules à l’avant, deux tâches qui sont assurées par les caméras placées sous le pare-brise. Quant aux capteurs ultrasons, ils servent à évaluer la distance des objets proches, ceux situés à moins d’un mètre, et là encore, les caméras vont leur succéder.

Contrairement à la saleté, le radar est invisible de l’extérieur, puisqu’il est installé derrière le pare-chocs avant. On distingue aussi sur cette photo deux capteurs ultrasons autour de la plaque, sur les douze qui sont intégrés sur la voiture. Image MacGeneration.

L’idée au cœur de ce pari est intéressante : puisque l’humain parvient à évaluer son environnement avec deux yeux, un ordinateur sur quatre roues bardé de caméras doit être capable de faire bien mieux. Tesla ne manquait pas d’arguments lors de la présentation de son pari, en notant par exemple que le radar n’était pas infaillible et que les caméras restaient indispensables pour interpréter l’environnement. Ainsi, le radar ne pouvait pas distinguer un camion au travers de la chaussée d’un pont au-dessus de la route, si bien que la caméra devait trancher à chaque fois. Cette combinaison ralentissait les opérations et pouvait même nuire à la sécurité active, alors que Tesla Vision devait réduire le temps de réaction.

La suite est réservée aux membre du Club iGen.

Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vous au Club iGen !
Accédez aux commentaires de l'article