Comme Tesla, Toyota fait le pari de la vision pour la conduite autonome

Nicolas Furno |

Tesla ne va plus faire bande à part dans la quête de la solution pour la conduite autonome. Le constructeur américain exclusivement électrique était jusque-là le seul à faire le pari de la vision pour permettre à ses véhicules de rouler en toute autonomie. Ce pari se base sur l’idée que la meilleure option pour la conduite autonome est de se rapprocher du conducteur humain et de parier sur l’analyse d’images fournies par des caméras plutôt que des capteurs spécifiques, comme des radars et autres LiDAR qui manquent de contexte. La « Tesla Vision » est poussée depuis des années par Tesla, sous l’impulsion notamment de son CEO :

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Toyota va toutefois rejoindre ce camp, même si le géant japonais — numéro un ou deux mondial selon les années — n’opte pas pour une approche aussi radicale. Comme le rapporte Reuters, Woven Planet a choisi d’utiliser des caméras analysées par un ordinateur de bord pour parvenir à la conduite autonome. La filiale du constructeur automobile dédiée à cette thématique reprend en cela la même stratégie que Tesla, avec un système basé sur l’intelligence artificielle et les apprentissages automatisés qui se forme à partir des images captées par les voitures.

Le système de caméras montées sur le toit des véhicules de Toyota pour entraîner le modèle de données (image Woven Planet).

Et comme pour Tesla, Toyota a vite réalisé que le plus gros défi de cette approche était le jeu de données indispensable à l’entraînement du modèle. Il faut des images en grand nombre et variées pour couvrir tous les cas de figure. L’entreprise américaine peut compter sur son parc de plus d’un million de véhicules qui sont tous équipés de caméras et d’une connexion internet capable d’envoyer des données. Son homologue japonais n’a pas une telle force de frappe, en tout cas pas encore.

Même si ce n’est pas le cas aujourd’hui, il semble que Toyota va reproduire la stratégie de son concurrent jusqu’au bout, en comptant sur son immense parc automobile pour réaliser cette collecte. Mais il va falloir plusieurs années pour qu’un nombre suffisant de données soient collectées par des voitures équipées de caméra et connectées, même pour un géant de l’automobile. Alors en attendant, Woven Planet continue de travailler avec des radars et LiDAR qui devraient apporter une solution plus rapide pour les besoins des « robotaxis », ces flottes de véhicules autonomes que tout le monde essaie de mettre au point.

Du côté de Tesla, on ne ralentit pas sur le choix de la vision, bien au contraire. Moins d’un an après le retrait du radar aux États-Unis et au Canada, le constructeur a annoncé que les voitures produites pour l’Europe à partir du mois d’avril seront elles aussi dépourvues de ce capteur à l’avant. Seules les huit caméras, ainsi que les capteurs ultrason placés sur les deux pare-chocs, resteront disponibles pour les fonctions liées à l’Autopilot. Ce choix impose deux restrictions initiales : une limite à 130 km/h et la distance de sécurité maximale pour toutes les fonctions d’assistance au maintien de cap.

L’une des huit caméras installées sur toutes les voitures conçues par Tesla (image MacGeneration).

Tesla promet la levée de ces deux restrictions avec une future mise à jour. L’avantage des clients européens en la matière, c’est que des véhicules sans radar roulent depuis près d’un an de l’autre côté de l’Atlantique et le constructeur a eu le temps d’améliorer son logiciel, même s’il reste encore quelques défauts par rapport aux voitures avec radar. Quoi qu’il en soit, si certains doutaient encore de ce pari de la vision, l’entreprise d’Elon Musk persiste et signe. D’autant que les radars installés sur les voitures produites jusqu’à aujourd’hui ne serviront pas éternellement.

La bêta du FSD, la conduite entièrement autonome promise depuis plusieurs années par Tesla, ne repose ainsi que sur la Tesla Vision. En Amérique du Nord, les Model 3 et Model Y qui participent au test fonctionnent sans le radar, même si la voiture en est physiquement équipée. Il n’y a pas de raison que l’Europe soit traitée différemment et on peut ainsi imaginer que le radar soit désactivé à terme sur toutes les voitures du constructeur américain.

Est-ce que ce sera aussi le cas pour celles de Toyota ? L’entreprise a encore du chemin à faire pour rattraper son retard dans le domaine…

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