Présenté en même temps que les nouveaux MacBook Pro, le Blackmagic eGPU est disponible « uniquement chez Apple ». Conçu sous l’œil bienveillant de la firme de Cupertino, il intègre la même puce AMD Radeon Pro 580 que l’iMac 5K, ainsi qu’une technologie de refroidissement directement issue du Mac Pro. Deux points qui soulèvent des questions : la puce à référence Apple est-elle moins puissante qu’une carte traditionnelle équivalente ? Le boîtier tient-il la montée en charge ? En attendant notre test complet du Blackmagic eGPU, apportons quelques éléments de réponse.

Le Blackmagic eGPU intègre une puce AMD Radeon Pro 580, une référence jusqu’ici réservée à l’iMac, équivalente à la carte AMD Radeon RX 580 mais généralement moins rapide. Il se trouve que nous sommes en train de tester la RX 580 Gaming Box de Gigabyte, qui intègre — comme son nom l’indique — une carte AMD Radeon RX 580 traditionnelle. Les tests synthétiques, comme ici Geekbench, semblent lui donner l’avantage.

Un avantage d’environ 10 %, ce n’est pas rien… mais cet avantage est réduit à néant dans les tests applicatifs. Le tableau suivant détaille les résultats obtenus au test Standard Candle dans DaVinci Resolve, en i/s, avec 9 / 18 / 30 / 66 nodes de calcul ; au test Bruce X d’exportation d’un fichier 5K dans Final Cut Pro, en s (le plus petit chiffre est le meilleur) ; et dans le test intégré à F1 2017, un jeu exploitant Metal, en i/s.

En pratique donc, la différence entre les deux eGPU est négligeable. Que l’on utilise la puce taillée sur mesure pour Apple ou la carte de référence, on divise le temps d’exportation d’un projet 5K par deux dans Final Cut Pro, et l’on fluidifie sensiblement l’utilisation de DaVinci Resolve. Ainsi assisté, notre MacBook Pro 15 pouces de l’an passé est aussi puissant qu’un iMac 5K flambant neuf.

Moins que la différence entre les deux cartes, c’est la différence entre les deux applications qui nous a marqués. Alors que Final Cut Pro est incapable d’exploiter correctement les eGPU sans écran externe, sauf à utiliser un script forçant l’accélération, Blackmagic fournit un panneau complet de gestion des ressources graphiques.

Apple améliorera les choses dans macOS Mojave, mais les développeurs d’applications professionnelles seraient bien inspirés de suivre l’exemple de DaVinci Resolve. L’accélération des jeux est appréciable, mais plus anecdotique : la carte AMD Radeon RX580 n’est pas une bête de compétition, et la connexion Thunderbolt limite les débits.

Moins cher et plus compact, le boîtier de Gigabyte est nettement plus bruyant que celui de Blackmagic, dont le système de refroidissement conçu autour d’un énorme radiateur semble tenir la charge. Malgré une température ambiante frôlant les 30 degrés, il est resté discret pendant les six heures de nos tests, contrairement… au MacBook Pro lui-même !

La RX 580 Gaming Box possède un système de refroidissement plus quelconque, dont le ventilateur émet un sifflement beaucoup plus fatigant que le « ron-ron » de l’extracteur du Blackmagic eGPU, monté sur des silent blocks. Alors que le boîtier de Gigabyte n’apparaît pas dans la liste des options recommandées par Apple, celui de Blackmagic a été conçu avec l’assistance d’Apple, pour ne pas dire par Apple.

Grâce à son contrôleur de dernier cri, il peut embarquer un deuxième port Thunderbolt 3, sur lequel on pourra brancher un écran LG Ultrafine 5K. Mais donc s’il est beaucoup plus puissant que la carte intégrée aux MacBook Pro, il n’est ni moins ni plus puissant qu’un autre boîtier doté d’une carte AMD Radeon RX 580, et tout aussi (peu) adapté au calcul massif ou aux jeux que n’importe quel iMac.