Témoignages : le Mac mini, irremplaçable malgré tout

Stéphane Moussie |

Comment Apple peut-elle vendre aujourd’hui 549 € un ordinateur équipé d’un processeur 1,4 GHz de 2014, de 4 Go de RAM et d’un disque dur 500 Go ? Y a-t-il encore seulement des acheteurs ? La réponse est oui.

Vous avez été une trentaine à répondre à notre appel à témoins portant sur les raisons d’un achat récent de Mac mini. La question mérite d’être soulevée, car c’est comme si Apple faisait tout pour ne pas vendre ce petit ordinateur de bureau : il n’a pas été renouvelé depuis 2014 et son prix n’a pas baissé (il a même augmenté en 2015).

La gamme actuelle de Mac mini… qui ne fait pas rêver.

Pourtant, des clients se procurent toujours le Mac mini. Son prix est exagéré — pour le même tarif, vous avez un mini PC (ou un NUCkintosh) beaucoup mieux équipé —, mais il n’en reste pas moins le plus abordable des Mac, et de loin. Le premier iMac coûte tout de suite 1 299 € et le MacBook Air 1 099 €.

C’est pour cette raison que SuperCed a pris un Mac mini plutôt qu’une autre machine :

1 400 € avec 16 Go de RAM et un disque rapide. C’est ultra cher vu le matos à l’intérieur, mais ça reste le moins cher. Obligé d’avoir un Mac pour développer pour iOS de temps en temps… Et dans les entreprises, ils sont parfois frileux pour utiliser des hackintosh.

Mais aujourd’hui, ce n’est plus tellement le prix du Mac mini qui fait la différence, c’est sa conception. C’est « surtout pour la taille et la consommation » que Chrbar en a acheté un, qui fonctionne très bien pour ses besoins (internet, photos et musique).

Professionnel dans le secteur de la création (InDesign, Illustrator et Photoshop), spritek avait quant à lui besoin d’un Mac de bureau auquel il puisse adjoindre un écran particulier. « La solution de l’iMac était exclue à mes yeux en raison de la réparabilité (écran mort et tout va à la poubelle… ou le contraire) et de la qualité de l’écran. Bien sûr un Mac Pro c’est plus sympa, mais c’était hors budget pour moi », explique-t-il.

Il s’est alors tourné vers le Mac mini, dont il est « encore très satisfait » deux ans après son achat (à l’époque, l’ordinateur apparaissait déjà un peu dépassé) :

La puissance dont j’ai besoin est toujours au rendez-vous même si un peu plus de pêche ne ferait pas de mal dans certains cas assez peu fréquents. En plus, le jour venu, il pourra être recyclé en serveur ou média center.

Le serveur ou le media center, voilà d’autres raisons pour lesquelles des particuliers achètent toujours le petit ordinateur de bureau aujourd’hui. Il y a trois mois, the_whitetiger a acheté un Mac mini 2012 boosté pour cet usage :

Il est branché sur ma télé et ma chaîne Hi-Fi. Il me permet de voir les vidéos et films que je veux, quand je veux, et il me permet de profiter de la musique via un DAC branché sur ma chaine Hi-Fi. Je peux le commander à distance via la télécommande infrarouge de mon iMac 2012, via mon iPad ou via mon MacBook Pro. Pour moi, il n’y a pas mieux.

Même installation chez olivM et Cedrick75004, qui utilisent Molotov pour les programmes TV et profitent de fonctions qui ne sont pas disponibles sur Apple TV, comme un navigateur web et la lecture à distance de la PS4. Cedrick75004 est très content de cette configuration, mais il regrette quand même qu’il n’y ait pas de Mac mini plus récent, « car ça commence à ramer un peu avec les applis en haute définition. »

clochette90 vient de racheter un Mac mini 2012 après la mort de son premier modèle et l’a de nouveau largement modifié pour qu’il colle à son emploi de serveur audiophile : « suppression HDD/SSD, alim linéaire externe, boot sur carte SD, etc. […] À ce jour, et à ce prix, pas trouvé mieux. »

Autre type de serveur utilisé par un particulier, robin68, le serveur de mise en cache, une fonction passée de macOS Server à High Sierra qui permet de stocker sur le Mac mini (ou tout autre Mac) divers téléchargements Apple et de les partager en local vers d’autres appareils.

Le Mac mini survit aussi dans le monde de l’entreprise. Fin 2017, piklo en a acheté deux pour équiper des salles de réunions. Yao’, lui, en a déployé bien plus dans un établissement scolaire : 35 courant 2017, puis 70 récemment. Il assure que c’est un « choix logique » pour plusieurs raisons :

  • C’est encore aujourd’hui le Mac le moins cher sur le marché (en neuf bien sûr)
  • Il est très facile à démonter, et encore quelques pièces à changer “facilement”. Je les achète avec un SSD de 256 Go et j’y rajoute un HDD de 500 Go ou 1 To […]
  • L’ancienneté du hardware est un débat ridicule (pour notre utilisation) : un Core i5 4e génération fait 10% moins bien qu’un i5 de 7e génération (à la louche), et 30% moins bien qu’un 8e génération. Vraiment pas de quoi inquiéter un utilisateur classique […]
  • La taille. Quoi de mieux que ça pour une école, avec un écran à prix raisonnable, etc. ? Un NUC est plus petit, mais pas de macOS […]
  • La consommation énergétique est très réduite.
  • Un SSD encore très véloce !
Une étagère de 720 Mac mini chez l’hébergeur MacStadium.

Mehuneau, qui est intégrateur domotique, audio et autres, reconnait qu’il n’a pas le choix de la marque ni du modèle d’ordinateur à déployer, sa solution exploitant forcément un Mac mini, mais il loue la fiabilité, la légèreté et la compacité de cette machine.

On remarque en lisant les témoignages qu’en dépit de son âge, la génération 2012 a plus la cote que celle de 2014 (notre test). Cela s’explique par la modularité inférieure de la dernière génération, qui a fait disparaître le modèle Server équipé de deux disques durs/SSD et qui empêche le remplacement de la mémoire vive, celle-ci étant désormais soudée.

« Si Apple ne nous sort pas un nouveau Mac mini, ce sera peut être l’arrêt du Mac pour moi ! », prévient mike1. Apple entretient le flou sur l’avenir de cet ordinateur lancé à l’origine en 2005.

L’année dernière, Tim Cook a répondu à un utilisateur par email que le Mac mini « jouera un rôle important dans [la] gamme de produits à venir. » Quelques mois plus tôt, Phil Schiller avait déclaré lors d’une réunion avec des journalistes que ce modèle était « un produit important ».

Depuis, aucune nouvelle, jusqu’à la prédiction récente de Ming-Chi Kuo, analyste mieux informé que les autres, sur un rafraîchissement du Mac mini avec une puce plus puissante. Est-ce que cette prédiction se réalisera ? Est-ce que la mise à jour se limitera à un nouveau processeur ? On souhaite dans tous les cas qu’Apple montre plus d’intérêt pour ce Mac, qui n’en manque pas.

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