Adobe : la transition vers Apple Silicon se fait sans heurts majeurs

Florian Innocente |

« L'ampleur initiale du projet était quelque peu intimidante » se souvient Mark Dahm, Principal Product Manager chez Adobe, à propos de l'annonce de la transition vers la puce M1 et des implications pour Photoshop.

Dans une interview accordée à ComputerWorld, il rappelle qu'Adobe est déjà passé par ce processus entre 2005 et 2006 lors de la migration depuis les processeurs PowerPC vers Intel. Mark Dahm lui-même, avec ses 28 ans d'ancienneté chez l'éditeur, a bien connu cette époque, tout comme l'entrée en lice de la plateforme iOS.

Hier comme aujourd'hui, les utilisateurs de Photoshop ne veulent pas attendre devant leur Mac, d'où cette priorité affectée aux performances : « Nous nous sommes demandés combien de temps il nous faudrait pour égaler les années d’optimisation des performances qui garantissaient le bon fonctionnement des capacités pointues de fusion et de rendu de Photoshop ».

Ce n'était pas le seul challenge, puisque Photoshop s'est adjoint au fil du temps des possibilités qui dépassent le seul cadre de la retouche d'images : l'activation automatique des fontes, la synchronisation avec le nuage, les fonctions basées sur l'apprentissage automatique, le déploiement du logiciel sur un parc de machines, etc.

La perspective d'avoir à adapter toutes ces dépendances aux premiers processeurs Apple Silicon s'est avérée au départ assez intimidante. Deux facteurs ont toutefois facilité l'entreprise et contribué à la sortie relativement rapide d'une première mouture de Photoshop pour M1 (avec quelques lacunes tout de même).

Il y a d'abord eu la compatibilité offerte par Rosetta 2, avec laquelle Photoshop a pu tourner correctement et parfois même plus rapidement qu'en exécution native Intel. Ensuite, Adobe met au crédit d'Apple la bonne tenue des outils fournis aux développeurs :

Revoir toutes les dépendances de Photoshop pour qu'elles s'exécutent en mode natif était la première étape nécessaire pour dégager de réels gains de performances liés au matériel. Sur ce point, l'attention portée à la chaîne d'outils pour les développeurs a ouvert la voie à une transition transparente, ce qui nous permet de consacrer plus de temps aux difficultés dans notre code qu'à nous battre avec des problèmes compliqués dans les outils développeurs.

Dès lors, Adobe a pu travailler sur les performances, et obtenir d'Apple quelques coups de main pour creuser cet aspect du portage sur M1. Ce n'est que le début, promet Mark Dahm, il faut s'attendre à ce que ça accélère encore. Dans certains cas, cette première version de Photoshop pour M1 tourne jusqu'à 50 % plus vite que sur des machines Intel comparables.

Un troisième élément a joué en facteur de ce portage, celui des incursions menées ces toutes dernières années par Adobe sur iOS/iPadOS :

Bien qu'on soit là depuis plus de 30 ans, le fait d'avoir récemment achevé la transition vers iOS de Photoshop pour iPad, a permis de mettre à l'épreuve quelques-unes de nos initiatives de modernisation. Et on a eu la satisfaction de voir que certains avantages importants, comme le système de mémoire unifiée pour Metal, se sont révélés payants pour tous les appareils.

À ce jour, Adobe a sorti des versions natives M1 de Photoshop et de Lightroom tandis que celles de Premiere Pro, Premiere Rush et Audition sont en bêta depuis la fin décembre. Pour les autres membres du Creative Cloud, il n'y a pas encore de bêtas publiques ni de planning de disponibilité précis. En décembre, Adobe parlait du début 2021 pour Illustrator et InDesign et le courant de cette même année pour Lightroom Classic et After Effects.

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