Director MX

Arnaud de la Grandière |
Director faisait partie des derniers "poids lourds" du logiciel à ne pas être encore compatible avec Mac OS X. Depuis plusieurs mois Macromedia promettait que la prochaine version de Director pallierait ce problème.


Il faut savoir que Director est un des plus vieux logiciels multimédia de la micro-informatique. Né il y a près de 15 ans sur Macintosh, (il s'appelait à l'époque VideoWorks et était édité par MacroMind, future Macromedia !) cet incontournable de l'édition multimédia connaît toujours un franc succès dans la communauté Mac puisque plus d'un tiers de ses utilisateurs sont des croqueurs de pommes.


La sortie de Director MX est donc une bonne nouvelle pour tout le monde, car elle apporte enfin la compatibilité avec Mac OS X, ce qui signifie, par voie de conséquence, que les CD-ROM multimédias, pour beaucoup développés avec Director, seront enfin disponibles en version Mac OS X pour le grand public.


À elle seule cette compatibilité constitue une vraie nouvelle fonctionnalité pour Director, puisque les développeurs pourront enfin faire le grand "switch" vers le dernier OS d'Apple. Et ce n'est pas un euphémisme puisque si Director MX permet de générer des applications pour Mac OS X comme pour Mac OS 9 (avec possibilité de faire des "bundles", c'est-à-dire une seule application qui s'ouvre indifféremment sous Mac OS X et Mac OS 9. Macromedia mettra bientôt la méthode pour ce faire en ligne sur le site Designer & Developer), l'environnement de développement quant à lui tourne exclusivement sous Mac OS X. Et c'est un réel confort de travail de voir les fenêtres se retailler et se déplacer en temps réel, et de ne plus avoir de fuites mémoire à tout bout de champ. Du point de vue du développeur, cela change la vie.




Une nouvelle interface


Qui dit MX dit nouvelle interface et intégration accrue avec tous les autres logiciels de la gamme. À nous donc les fenêtres attachables et détachables à volonté. On peut néanmoins regretter que ce ravalement de façade n'ait pas été jusqu'au bout et n'ait pas permis de sortir de certains errements de la mouture précédente (comme par exemple les raccourcis claviers à quatre touches, ou encore l'appel de la modification des Xtras d'un fichier en dehors du menu Xtras).


Au menu des nouveautés, une nouvelle fenêtre message, maintenant partagée en deux, avec en haut l'insertion des commandes, et en bas l'affichage des résultats, cette partie pouvant être effacée d'un simple clic sur le bouton idoine. De plus, on peut maintenant exécuter plusieurs lignes de commande d'un seul coup en tapant Contrôle + Retour. Dans cette même fenêtre (ainsi que dans les fenêtres de script) les menus locaux d'accès à toutes les commandes ont été redécoupés pour mettre à part les très nombreuses commandes 3D, par ordre alphabétique et par ordre thématique. De plus, un nouveau menu local bien pratique fait son apparition ; ce dernier permet de lister toutes les commandes Lingo externes apportées par les Xtras, qu'elles soient fournies en standard avec Director ou achetées séparément à une société tierce. Concernant les Xtras, il faudra attendre qu'elles soient "carbonisées" par ces sociétés pour pouvoir les utiliser. Certaines sont déjà portées, comme vList, ou en cours de portage comme Buddy Api ou PrintOmatic.





Autre nouveauté, le "watcher" se voit remplacé par un "object inspector". Ce dernier permet bien plus de choses que son prédécesseur, comme l'édition des variables surveillées, ou encore l'affichage de toutes les propriétés de l'objet surveillé, que ce soit un acteur Flash comme un acteur 3D ou encore un objet Lingo.


Le débuggeur est lui aussi remis à neuf avec la possibilité de trier l'affichage des variables, que ce soient des locales, des globales, ou des propriétés. De même, il est possible de mettre en avant certaines valeurs, et ce sur quatre onglets différents, permettant ainsi de faire des groupes de valeurs à surveiller séparément. Enfin, la fenêtre script se voit adjoindre le numéro des lignes de code.


L'interface permet donc de travailler avec plus de confort pour le développement, mais les améliorations se portent également sur le reste des fenêtres, avec notamment un éditeur de média centralisé ou il suffit de cliquer sur un onglet pour passer d'un type de média à l'autre. De même, la fenêtre de distribution peut afficher toutes les distributions sur des onglets, permettant de passer de l'une à l'autre par un simple clic. Mieux encore on peut faire un glisser-déposer d'acteurs sur ces onglets pour les passer d'une distribution à l'autre. Le tableau de bord est désormais accroché au bas de la fenêtre de la scène (il est bien sûr possible de les dissocier.) L'aide en ligne reste et demeure en HTML, néanmoins elle s'affiche maintenant dans le centre d'aide de Mac OS X, permettant ainsi plus de vélocité dans le lancement, la recherche, et la navigation. Toutes les palettes flottantes restent toujours au premier plan, mais il vous est maintenant possible de toutes les masquer d'un coup en appuyant sur la touche F4. De plus, comme avec toutes les autres applications de la gamme MX, Director dispose maintenant d'une palette "answers", mise à jour régulièrement via Internet. De même, il vous sera possible d'enregistrer différentes configurations de fenêtres.


Que ceux qui sont inquiétés par les nouvelles habitudes à prendre se rassurent, il est toujours possible de continuer à utiliser Director comme par le passé s'ils le souhaitent (la fenêtre message a une bascule entre l'ancien et le nouveau fonctionnement, et nul ne vous oblige à garder les fenêtres attachées entre elles si cela gêne votre utilisation).




Une meilleure intégration


Outre la promesse de la gestion de Mac OS X, Macromedia jouait les arlésiennes avec le support de Flash MX. Il devait apparaître avec une simple mise à jour de l'Xtra, prévue pour juin dernier puis repoussée indéfiniment, pour finir par apparaître dans Director MX. C'est donc maintenant disponible, avec la possibilité d'éditer un acteur Flash directement dans Flash lui-même par un double clic, comme pour tous les autres acteurs (et toutes les autres applications de la gamme MX). Plus intéressant encore, le Lingo (le langage de Director) et ActionScript (le langage de Flash) dialoguent entre eux plus facilement que jamais. Il est désormais très aisé d'accéder à une propriété ActionScript d'un acteur Flash via le Lingo, et on peut même exploiter certaines commandes ActionScript en Lingo. Par exemple, les opérateurs mathématiques de Flash sont (il est bien malheureux d'avoir à le reconnaître) plus complets que ceux du Lingo. Ainsi, si l'on veut calculer un cosinus inverse, absent du langage de Director mais disponible dans celui de Flash, il suffit de faire :


tMathObj = newObject("Math")

put tMathObj.acos(-1)

-- 3.1416



Le tout sans avoir le moindre acteur Flash disponible dans la distribution. Bien évidemment, les fonctionnalités propres à Flash MX, comme l'utilisation des webcams, sont donc maintenant intégrées dans Director MX.


Mais là n'est pas la seule nouveauté concernant Flash MX : si Director MX garde sa compatibilité avec le serveur multi-utilisateur, ce dernier n'est plus maintenu et ne verra pas le jour sur Mac OS X. Flash Communication Server le remplace (une version individuelle est d'ailleurs livrée avec Director MX).


Et les nouvelles fonctionnalités, dans tout ça ?


Hélas il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent à ce niveau-là. Tout juste un accès à la synthèse vocale du système (et donc différente sous Windows...), permettant aux développeurs américains de s'ouvrir le marché de l'administration, où cette dernière est requise pour espérer emporter un appel d'offres. Sous nos contrées où une telle condition n'existe pas, cette fonctionnalité n'en donnera pas moins l'accès aux textes pour les non-voyants et les malvoyants... anglophones.


Le moteur en lui même de Director MX n'a pas changé d'un pouce. Il s'agit rigoureusement du même que celui de Director 8.5.1. Tout, du format de fichier jusqu'aux bugs, est resté identique. Ainsi, pour mettre à jour Shockwave sous Windows et Mac OS 9, seules deux Xtras seront téléchargées, celle ajoutant le support de Flash MX, et celle apportant le support de la synthèse vocale. Sur Mac OS X en revanche, Shockwave devra être intégralement mis à jour, eu égard aux problèmes de compatibilité avec Jaguar (à noter au passage que les dernières versions "nocturnes" de Chimera lui adjoignent la compatibilité Shockwave !).




En conclusion


Director MX est une mise à jour très appréciable pour le confort de l'environnement de travail. Si de plus vous avez besoin du support de Flash MX et si vous n'en pouvez plus de rester bloqué dans Mac OS 9, vous savez ce qu'il vous reste à faire.


Il n'en reste pas moins que l'on regrette le manque quasi absolu de nouvelles fonctionnalités. En dehors de la compatibilité avec Mac OS X pour les projecteurs, les utilisateurs des applications multimédias réalisées à l'aide de Director MX ne verront aucune différence avec celles réalisées avec Director 8.5.1. Il est notamment regrettable qu'aucune amélioration n'ait été apportée au moteur 3D, pourtant prometteur. Les développeurs qui pourront se passer de la compatibilité avec Mac OS X et Flash MX pourront donc attendre la prochaine mise à jour pour faire le grand saut, car si cette nouvelle interface est plus digne du fabuleux outil de développement de Macromedia, et si elle apporte un réel gain de productivité, elle ne justifie malheureusement pas pour autant à elle seule le passage à cette nouvelle version.


Bonne nouvelle par contre, pour tous ceux qui achèteront la version Mac avant la fin de l'année, la version Windows est à 50 % du prix normal, pour la version complète comme pour la mise à jour (disponible pour tous ceux qui ont acheté Director 8 ou Director 8.5). Si vous ne souhaitez pas faire l'acquisition des deux versions, vous pourrez trouver un code qui offre 10 % de réduction sur tous les outils Macromedia pour les 100 premiers à l'utiliser à cette adresse. Ces deux offres ne sont toutefois pas cumulables.


À noter pour les développeurs francophones : il existe un "virtual" Macromedia Director User Group francophone, incarné par une mailing liste très active. Vous pouvez vous abonner ici.

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