Tim Cook emballé par les graphiques en réalité augmentée

Mickaël Bazoge |

Il est très probable qu'Apple travaille en interne sur une version de Numbers adaptée à la réalité augmentée. Dans une interview au long cours pour l'Australian Financial Review, Tim Cook décrit un graphique en AR qu'il pourrait présenter à son interlocuteur simplement en balayant les mains en l'air.

Tim Cook à Bruxelles en 2018. Image DR.

Ce n'est pas la première fois que Tim Cook illustre de la sorte cette perspective (moyennement excitante, avouons-le) ; dans un entretien au New York Times remontant au mois d'avril, il avait déjà évoqué des graphiques en réalité augmentée. Espérons quand même qu'Apple a d'autres cartes dans sa manche pour vendre son futur casque AR que le renouveau de la bureautique.

Les pourvoyeurs de fausses informations

Le patron d'Apple rappelle s'il en était besoin qu'il croit dur comme fer à la réalité augmentée, qui peut « améliorer les conversations que nous avons, améliorer l'apprentissage et vraiment "amplifier" la technologie sans qu'elle nous enferme ni qu'elle nous coupe du monde réel ».

Comme dans toutes ses interviews, on a droit au passage obligé sur la confidentialité des données. Tim Cook avait déjà eu l'occasion de dire tout le mal qu'il pensait de la collecte effrénée de données, il en ajoute une couche en accusant un « écosystème interconnecté d'entreprises et de courtiers en données, pourvoyeurs de fausses nouvelles et colporteurs de division et de traqueurs qui cherchent à gagner de l'argent rapidement ». Un ange passe dans l'ombre de Facebook.

« À une époque de désinformation généralisée et de théories du complot alimentées par les algorithmes, nous ne pouvons plus fermer les yeux sur le principe qui dit que tout engagement est un bon engagement, et le plus long sera le mieux. Le tout dans le but de collecter autant de données que possible ».

Les relations glaciales de Tim Cook avec Mark Zuckerberg ne risquent pas de se réchauffer.

Pour Tim Cook, la collecte effrénée de données incite aux violences et à l'extrémisme

App Store et concurrence

Comme un peu partout ailleurs dans le monde, Apple est ciblée par le régulateur australien pour le contrôle qu'exerce l'entreprise sur l'App Store. Au cours de l'enquête, le constructeur s'était d'ailleurs dit « surpris » des critiques des développeurs concernant l'étape obligée de la validation des apps.

Cette enquête, comme les autres, est sur le radar de Tim Cook. « Il nous incombe de raconter notre histoire et de dire pourquoi nous faisons ce que nous faisons ». En ce qui touche l'App Store, il remet sans surprise sur le tapis les questions de sécurité et de confidentialité ; et il n'a pas l'air de goûter spécialement la régulation : « tout type de réglementation doit être justifié par ce qu'elle apporte de bon à l'utilisateur. Elle doit améliorer la vie des gens, tout comme une invention ou une technologie doit améliorer la vie des gens ».

Pour Tim Cook, forcer le sideloading comme le voudrait Bruxelles « détruirait » la sécurité de l'iPhone

L'App Store est considéré comme un « miracle économique » par Tim Cook, ce qui n'est pas faux : la plateforme a généré plus de 600 milliards de dollars d'activité l'an dernier. « Vous pouvez vous asseoir dans votre sous-sol, peu importe où dans le monde, et développer une application. Et simplement en appuyant sur un bouton, vous pouvez la distribuer dans 175 pays et vendre à l'international, devenir une entreprise globale. Vous n'avez pas à négocier avec des distributeurs autour du monde. Vous n'avez pas à vous soucier des taux de change ni des régulations locales ».

Tim Cook pense que la concurrence est « intrinsèquement bonne »… Sauf, peut-être, quand elle touche une activité d'Apple. Les banques australiennes ont ainsi tenté d'obtenir un accès à la puce NFC de l'iPhone afin que leurs propres systèmes de paiement soient aussi faciles d'usage qu'Apple Pay. Bien sûr, le constructeur a refusé pour des questions de sécurité, et le régulateur du pays s'est rangé du côté d'Apple.

En juin 2020, la Commission européenne a lancé une enquête sur ce même sujet, on verra les conclusions des services à la concurrence. Le patron d'Apple a un problème de confiance avec les banques, à qui il refuse de donner les clés des composants de sécurité.

« C'est la réalité. Si vous mettez des portes dérobées dans un système, n'importe qui pourra les emprunter. Vous devez vous assurer que le système lui-même est robuste et durable, sinon voyez ce qui se passe dans le monde de la sécurité informatique : chaque jour, on lit un article sur une vulnérabilité ou un rançongiciel ».

Malheureusement, l'interview ayant été réalisée avant l'annonce des mesures controversées contre la pédopornographie, on n'aura donc pas le sentiment de Tim Cook sur le sujet.

Accédez aux commentaires de l'article