Obligations vertes : pour Apple, l’énergie propre est un bon business

Anthony Nelzin-Santos |

Apple présente son rapport annuel détaillant l’utilisation des capitaux levés avec ses green bonds, des « obligations vertes » qui financent des projets ayant un effet favorable sur l’environnement. En 2020, la firme de Cupertino a attribué 329,6 millions de dollars à 17 projets, qui éviteront l’émission de l’équivalent de 921 000 tonnes de CO2 et produiront 1,26 GWh d’énergie renouvelable.

La centrale solaire Turquoise, la quatrième financée par Apple au Nevada. Image Apple.

Gouvernés par des principes édictés en 2013 par quatre grandes banques1, les « obligations vertes » doivent financer des projets ayant un effet favorable sur l’environnement, et faire l’objet d’un rapport détaillé chaque année. Depuis son entrée sur les marchés obligataires en 2016, Apple a levé 4,7 milliards de dollars avec ses green bonds. Rien qu’au cours de son troisième et dernier tour en novembre 2019, le premier en Europe, la firme de Cupertino a levé 2,2 milliards de dollars.

Apple s’impose aussi comme l’un des principaux émetteurs d’obligations vertes, indispensables pour tenir son objectif de neutralité carbone sur l’ensemble de ses activités d’ici à 2030. « Nous partageons la responsabilité de faire tout ce que nous pouvons pour lutter contre les effets du changement climatique », dit Lisa Jackson, vice-présidente en charge des initiatives environnementales et sociales, « notre investissement de 4,7 milliards de dollars par l’émission d’obligations vertes est un levier important de nos efforts. »

L’entreprise prévoit de réduire ses émissions de 75 % par rapport au niveau de 2015 par l’ingénierie des produits, l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables, et la réduction des émissions directes. Le quart restant doit être accompli par des solutions de captation qui doivent encore être inventées. Ces cinq points correspondent aux cinq critères d’éligibilité au financement par le produit des obligations vertes.

Des 329,6 millions de dollars attribués en 2020, Apple n’a consacré que 3,5 millions à la séquestration, dont les effets ne sont pas toujours pérennes, ni même positifs. Les travaux sur l’efficacité énergétique ont emporté 1,14 million, les mesures de réduction des émissions directe deux petits millions, et près de 13 millions ont financé la conception et l’ingénierie « bas carbone » (lire : Apple achète ses premiers lingots d’aluminium propre).

Les énergies renouvelables se sont, une nouvelle fois, taillé la part du lion. Apple a consacré plus de 310 millions de dollars aux projets de centrales photovoltaïques, comme celle du Reno Technology Park qui alimente ses centres de données au Nevada, et de champs d’éoliennes, comme celui planté sur les cotes danoises pour alimenter le centre de données de Viborg (lire : Apple investit pour sa neutralité carbone en Europe).

Au Nevada comme au Danemark, Apple a directement financé la construction ou l’agrandissement des centrales, qui alimentent ses installations et les villes voisines. Mais dans l’Oregon où elle possède un immense data-center, ou encore près de Chicago, elle se contente d’accords de compensation. Or la puissance réservée par ces accords dépasse largement celle des approvisionnements directs. Comme le dit Lisa Jackson, « l’énergie propre est un bon business. »


  1. Bank of America Merrill Lynch, Citigroup, JP Morgan Chase, et Crédit Agricole CIB.  ↩︎

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