Le rapport d’Apple sur la conduite autonome ne dévoile absolument rien

Nicolas Furno |

Les entreprises américaines qui travaillent sur la conduite autonome sont encouragées à transmettre un rapport détaillant ce qu’ils font aux autorités. Le mot clé ici est « encouragées » : cela n’a rien d’obligatoire, et le contenu du rapport est à la discrétion de l’entreprise. À l’exception notable de Tesla, tous les acteurs majeurs se sont prêtés au jeu néanmoins, y compris Apple qui a publié hier un document de sept pages intitulé « Notre approche sur la sécurité des systèmes de conduite autonome ».

Sept pages, dont seulement six de contenu, c’est peu. En moyenne, les autres entreprises ont transmis des rapports de plusieurs dizaines de pages. De fait, Apple ne dévoile rien que l’on ne sache déjà, ou que l’on puisse deviner, dans ce document. L’introduction rappelle les ambitions de l’entreprise qui espère améliorer le monde grâce à son approche interdisciplinaire, à la croisée entre technologie et sciences humaines… on connaît le refrain. La firme de Tim Cook évoque aussi son intérêt pour l’intelligence artificielle et l’automatisation, en particulier dans le domaine de la conduite, mais pas seulement, ce qui n’est pas nouveau non plus.

La suite est une liste de principes assez génériques mis en place pour assurer la sécurité du programme de conduite autonome. Il y a quelques détails ici ou là, mais on n’apprend vraiment rien d’important. Chaque conducteur doit vérifier la pression des pneus avant une mission, tous les véhicules ont à leur bord un conducteur et un opérateur, un duo ne peut pas faire plus d’une mission par jour, le conducteur doit toujours avoir les mains sur le volant, etc.

Apple fait les choses sérieusement, valide chaque changement effectué sur les véhicules d’origine modifiés pour ajouter les capteurs et autres éléments nécessaires à la conduite automatique. On pouvait s’en douter, le constructeur n’allait pas suivre l’approche nettement moins rigoureuse d’Uber, mais c’est toujours bien de le rappeler.

L’une des voitures autonomes opérées par Apple, en octobre 2017.

Ce rapport rappelle surtout que l’entreprise a choisi de ne pas communiquer sur ce projet, ce qui la distingue des autres acteurs qui n’hésitent pas à se vanter de leurs succès dans le domaine. Il n’y a aucune information concrète sur la flotte de véhicules actuellement en action au sein d’Apple, encore moins de statistiques sur la distance parcourue et le nombre de fois où le chauffeur a été contraint de reprendre la main. Dans ce domaine, la firme semble en retard si l’on en croit des statistiques californiennes, mais comme chaque constructeur mesure l’information différemment, les comparaisons directes ne sont pas toujours possibles.

Et puis la priorité, comme le document le martèle, reste la sécurité. Le fait que le conducteur doive avoir les mains sur le volant en permanence explique certainement pourquoi l’auto-pilote se désengage plus fréquemment qu’ailleurs, mais est-il moins bon pour autant ? Ce n’est pas ce rapport qui permettra d’en savoir plus, pas plus que l’on ne connaîtra les intentions d’Apple en la matière. Le projet Titan conserve tous ses secrets…

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