La Chine, le ver dans la pomme

Anthony Nelzin-Santos |

Après avoir plombé les résultats d’Apple en 2016, le marché chinois semble parti pour les freiner en 2017. Au premier trimestre, le chiffre d’affaires de la firme de Cupertino a augmenté de 3,27 %, atteignant 78,35 milliards de dollars. Mais il a baissé de près de 12 % en Chine.

Alors qu’elle réalisait près de 60 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis avant 2009, Apple réalise plus de 60 % de son chiffre d’affaires hors des États-Unis depuis 2011. Une inversion franche et soudaine, sous l’effet de la forte croissance du marché chinois, qui surclasse celle des autres marchés depuis cinq ans.

Apple a lourdement investi en Chine, où elle a ouvert 40 boutiques, deux centres de R&D, et un grand « campus ». Ses ventes ont triplé en cinq ans, et puis l’économie chinoise a ralenti, et tous les voyants sont passés au rouge. Sans la Chine, les ventes d’Apple auraient baissé de seulement 4,5 % l’an passé. Avec, le plongeon a atteint près de 8 %.

Il faut toutefois savoir garder raison : si le marché chinois a semblé durement chuter en 2016, c’est qu’il s’était élevé à des niveaux exceptionnels en 2015. L’activité d’Apple avait alors explosé en Chine, sa croissance y frôlant les 85 %, alors qu’elle n’atteignait pas 3 % au Japon. Tous les facteurs s’étaient cumulés pour former, derrière l’iPhone 6, ce que les analystes ont qualifié de « supercycle ».

Reste que le décrochage est réel : Apple a repris du poil de la bête partout (20,3 % au Japon, 9 % aux États-Unis, 3,3 % en Europe), sauf en Chine (–11,7 %). Tim Cook précise toutefois que « le chiffre d’affaires de la Chine continentale est similaire aux résultats (…) de l’an passé à taux de change constant ». Ce que cela signifie ? D’abord, que le tiers de la baisse du chiffre d’affaires s’explique par la fluctuation des devises, le cours du dollar étant particulièrement soutenu.

Ensuite, que la situation s’est particulièrement dégradée à Hong Kong, « un marché très, très difficile » selon le CEO d’Apple. Dans la seule Chine « continentale », l’iPhone 7 s’est hissé au sommet des ventes de smartphones, et le Mac et l’iPad ont connu une croissance à deux chiffres. Des résultats encourageants, mais qui ne doivent pas faire oublier les difficultés persistantes d’Apple en Chine.

La firme de Cupertino ne devrait pas bénéficier de l’effet du Nouvel An, qui lui permettait ces dernières années de réaliser deux « premiers trimestres » d’affilée en Chine. « À l’instant t », dit Luca Maestri, « je n’attendrais pas une croissance au deuxième trimestre particulièrement différente de celle du premier ». Autrement dit, le directeur financier d’Apple confirme que le marché chinois va continuer de freiner la « reprise » de l’activité de la société.

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