Apple v Samsung : plaidoiries finales avant le verdict

Mickaël Bazoge |

Les plaidoiries du nouveau procès intenté par Apple contre Samsung se sont achevées hier au tribunal de San José (Californie), présidé par la juge Lucy Koh. Les deux parties ont jeté toutes leurs forces dans la bataille pour convaincre le jury que l'autre était coupable d'infraction à ses brevets — Samsung aurait enfreint cinq brevets d'Apple, Apple en aurait violé deux appartenant à Samsung. Le constructeur de Cupertino réclame 2,191 milliards de dollars, tandis que le géant de l'électronique ne veut que 6,2 millions.

Alors que Samsung a tenté de prouver qu'Apple s'était trompée d'ennemi (il aurait mieux valu s'attaquer à Google, les cinq brevets portant sur des technologies logicielles présentes dans Android), les avocats d'Apple ont expliqué qu'en bout de course, ce sont les décisions de Samsung qui ont provoqué ce procès. Des documents internes ont été produits durant les débats, prouvant selon les représentants de la Pomme, que Samsung a étudié de fond en comble les innovations d'Apple afin de mieux les copier.

Apple a rappelé que son concurrent n'avait jamais fait témoigner quiconque impliqué dans la création des fonctions en jeu dans ce procès — exception faite d'un designer. « Aucun d'entre eux ne s'est montré suffisamment courageux pour venir ici et faire face aux accusations » a raillé l'avocat du créateur de l'iPhone, qui avait le mot « lâche » au bord des lèvres. Quant à Google, dont l'ombre a plané durant ce mois de procès, Apple a cherché à en réduire l'influence : « Samsung fabrique, livre et vend. Personne n'a dit que Google n'avait conçu ces fonctions ».

Les représentants d'Apple ont également fait passer le message que ce procès était la « dernière option » de l'entreprise. « Apple ne peut pas simplement abandonner ses inventions. Apple ne peut pas faire ça aux gens [d'Apple] que vous avez vus, et aux autres personnes qui ont travaillé si dur avec de si fabuleuses idées ».

Le discours était bien évidemment complètement opposé du côté de Samsung. Le fabricant a martelé n'avoir jamais copié : « Samsung ne copie pas. Les ingénieurs [de Samsung] ne copient pas ». Allez par contre demander leur avis aux ingénieurs de Google, puisque « chaque brevet présenté par Apple est enfreint par le logiciel Android de base » — sous entendu : c'est la faute de Google. Samsung a eu beau jeu de rappeler que le Galaxy Nexus, qui fait partie de la dizaine de terminaux incriminés par Apple dans sa plainte, fonctionne sur une version « stock » d'Android, sans que le constructeur y ait rajouté quoi que ce soit. D'ailleurs, Steve Jobs lui-même ne voulait-il pas lancer une « guerre sainte » contre Google et Android en octobre 2010 ?

L'autre angle d'attaque de Samsung a été de tenter de « démonétiser » les brevets en jeu. Le constructeur ne demande-t-il pas 6,7 millions de dollars pour deux de ses brevets, alors qu'Apple veut soutirer plus de 2 milliards de dollars pour cinq brevets ? Pour Samsung, la valeur des inventions d'Apple n'améliore pas l'expérience offerte par les smartphones et tablettes Galaxy — ce sont plutôt les « innovations » de Samsung, comme les écrans plus grands ou les stylets qui donnent à ces terminaux leur valeur aux yeux des consommateurs, ce qui en explique le succès.

Ces arguments, de part et d'autre, seront-ils de nature à faire pencher la balance vers l'une des deux parties ? Il le faudra bien, puisque les délibérations du jury ont débuté cette nuit. En 2012, lors du premier procès entre Apple et Samsung, il leur avait fallu moins de trois jours pour rendre leur décision, alors en faveur d'Apple.

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