Linksys Velop : test du successeur des bornes Airport

Anthony Nelzin-Santos |

Netgear a son Orbi, TP-Link a son Deco, il fallait bien que Linksys possède son propre système de « Wi-Fi modulaire ». Velop, c’est son nom, adopte une approche maillée et vient donc concurrencer les solutions Deco et Google Wifi. Linksys appartient à Belkin, partenaire historique d’Apple, qui semble avoir a abandonné sa propre gamme de produits Wi-Fi. Velop est le premier, et seul, système de Wi-Fi maillé disponible dans les boutiques Apple. De quoi en faire la solution pour remplacer vos bornes AirPort vieillissantes ? La réponse dans notre test.

Dans le débat opposant les tenants des configurations « en étoile » contre les promoteurs des configurations « maillées », Linksys a fait le choix du mesh, comme TP-Link et Google. Chaque « nœud » du système Velop est donc identique aux autres, et prend la forme d’un petit pavé de plastique blanc, dont les parois sculptées et ajourées rappellent certaines créations architecturales contemporaines. Ce n’est pas tous les jours que l’on emploie cet adjectif pour désigner des périphériques réseau, mais il faut bien le dire, ces appareils sont plutôt élégants.

Une impression renforcée par la manière astucieuse de camoufler les ports sous le point d’accès, les câbles les rejoignant au travers d’une petite gouttière, pour une présentation très soignée. Alors que la plupart des systèmes concurrents sont alimentés par le biais d’un port USB-C, Linksys utilise une jack conventionnelle, au bout d’un adaptateur secteur 12 W. Contrairement à la plupart des systèmes concurrents toutefois, les points d’accès Velop possèdent un interrupteur physique.

L’installation du système est plutôt longue, mais l’application de Linksys tient l’utilisateur par la main, et donne les meilleurs conseils que nous ayons lus sur le placement des points d’accès. La procédure exige la création d’un compte, point qu’il nous faut comme toujours déplorer, mais ce compte possède au moins l’avantage de permettre l’accès à une interface d’administration depuis n’importe quel navigateur, et pas seulement l’application.

Une application utilitaire mais efficace, chaque fonction possédant tout simplement sa propre section, l’écran d’accueil offrant un accès direct à quelques paramètres, comme le partage de la clef ou l’activation du réseau invité. Rien ne manque, mais rien n’est vraiment très perfectionné, certaines fonctions étant même très limitées.

Le contrôle parental s’effectue appareil par appareil, selon un programme horaire et/ou une liste noire de sites web, mais sans « pause » d’un appareil ou liste blanche. La gestion de qualité de service se cantonne à l’élection de trois appareils au rang d’« appareils prioritaires », sans catégorisation des usages. Le logiciel n’a tout simplement pas la même finition que le matériel.

Dans un réseau maillé, tous les points d’accès peuvent communiquer les uns avec les autres, aucun « nœud » n’étant plus important que les autres. Cela étant dit, le premier point d’accès configuré fait de facto office de routeur, dont un port Ethernet devient un port WAN. Vous pouvez brancher un ordinateur ou n’importe quel autre périphérique sur le port Ethernet resté libre, ou bien tirer un câble vers un satellite, le système Velop prenant en charge le backhaul Ethernet.

Mais bien sûr, c’est un système Wi-Fi avant tout, et un système tribande pour ne rien gâcher :

  • une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 400 Mb/s ;
  • et deux bandes 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s en 802.11ac.

Selon les conditions, l’une ou l’autre des bandes 5 GHz est utilisée comme backhaul, c’est-à-dire comme canal de communication entre les points d’accès. Les fabricants de systèmes bibandes assurent que le beamforming et le MU-MIMO, ainsi que des solutions logicielles comme Network Assist chez Google ou ART chez TP-Link, permettent d’éviter la congestion. Mais rien ne vaut une troisième bande, qui autorise une ségrégation parfaite des communications, et une allocation beaucoup plus efficace des ressources spectrales1.

Le pack Velop à deux points d’accès vaut 299,95 €, soit 50 € de plus que les deux points d’accès Google Wi-Fi, et même que les trois points d’accès TP-Link Deco. Mais deux points d’accès Velop valent largement trois points d’accès Google ou TP-Link : avec son système tribande, Linksys ne joue pas dans la même cour, et concurrence plutôt Netgear. Si Orbi reste une référence pour la couverture d’une grande maison ou de locaux professionnels, Velop se permet de lui en remontrer dans un appartement.

Comme d’habitude lors de nos tests d’installations sans fil, un point d’accès était installé dans le « Bureau 1 », l’autre dans le « Bureau 2 », deux salles séparées par un mur épais contenant des armatures et des plaques métalliques. À faible et moyenne distance, Velop est la première solution mesh qui rivalise avec la configuration en étoile du système Orbi, et qui fait mieux que les bornes AirPort qui nous servent de point de comparaison. Le système de Linksys permet de couvrir un grand appartement de manière homogène.

Au-delà d’une vingtaine de mètres, il marque le pas, comme tous les systèmes mesh, conçus pour couvrir de petites zones denses. Un troisième point d’accès sera nécessaire à la couverture d’une grande maison ou une longère, mais le prix approche alors celui du kit Orbi RBK50, plus flexible avec ses points d’accès dotés de quatre ports Ethernet chacun. Reste que le simple fait que l’on puisse comparer Velop à Orbi, plutôt qu’à Deco ou Google Wifi, est déjà une petite victoire pour Linksys.

Le système Velop ne semble pas encore avoir révélé tout son potentiel. Il s’intègre avec Alexa de manière très superficielle, mais Foxconn, la nouvelle maison-mère de Belkin et donc de Linksys, pourrait être beaucoup plus ambitieuse. La puce Bluetooth, seulement utilisée pour la configuration actuellement, pourrait gagner d’autres attributions. Surtout, la puce Zigbee qui dort dans les entrailles du Velop pourrait être activée, et permettre une intégration aux systèmes domotiques.


  1. Tout en intégrant le beamforming pour « sculpter » le signal en fonction des conditions spatiales et le MU-MIMO pour communiquer avec plusieurs appareils en même temps.

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