Démarrages difficiles et succès surprenants : l’état des services d’Apple

Mathieu Fouquet |

À la veille de l’annonce des résultats de son troisième trimestre fiscal au cœur d’une année marquée par l’incertitude, quelques doutes subsistent quant au potentiel des services récents de la firme de Cupertino.

Les nouveau-nés que sont Apple TV+, Arcade, News+ et Card pourraient n'avoir qu’un impact mineur sur les finances de la société au terme de leur première année d’existence. Et ce alors que la catégorie des services dans son ensemble est au contraire en pleine expansion : en s’appuyant sur les chiffres des analystes, Bloomberg table sur 13,1 milliards de dollars de revenus pour les services au T3 2020.

Les services, l'un des trois piliers de la nouvelle stratégie d'Apple. Image Apple/MacGeneration.

Il ne faut pas chercher très loin pour expliquer le succès mitigé des petits nouveaux. Apple TV+ n’a pas encore su marquer le paysage audiovisuel du fait de son catalogue restreint et — pour le moment — dénué de phénomènes culturels. La plateforme n'aurait séduit que 10 millions d'utilisateurs et sur le tas, combien profitent de l'année gratuite ? Malgré un départ prometteur, Apple Arcade cherche toujours un angle d’attaque qui en ferait un service incontournable. Apple News+ semble le plus mal en point : la jauge des 200 000 utilisateurs enregistrés juste après son lancement n'a pas l'air de bouger depuis.

Seul Apple Music, lancé il y a cinq ans, a trouvé son public avec 60 millions d'abonnés en fin d'année dernière. C'est toujours moitié moins que Spotify, mais le service de streaming musical est désormais un incontournable et tient solidement sa place de numéro 2 du marché. Cette vision sur le long terme et les investissements réguliers qu'Apple injecte dans ses services de contenus pourraient finalement leur permettre d'éclore, même si pour certains cela risque d'être plus long que pour d'autres.

Les ventes de produits Apple entre 2012 et 2019. L'échelle logarithmique (à gauche) met davantage en relief la croissance fulgurante des wearables et des services.

La popularité d’autres services moins dans la lumière a en revanche de quoi faire sourciller. Ainsi, selon le cabinet d’analystes Bernstein, les trois catégories de services les plus juteuses en 2020 ne seraient autres que l’App Store en première position (15,8 milliards de dollars), suivi des revenus issus de divers accords de licence(10,9 milliards1) et enfin… d’AppleCare (8,8 milliards).

iCloud, quant à lui, n’engrangerait « que » 5,7 milliards de dollars de revenus et Apple Music tout de même 5,2 milliards. Apple prouve ainsi qu’elle n’est pas vouée à l'échec sur le terrain du streaming.

Insistons sur le fait qu’il s’agit de chiffres non confirmés pour l’ensemble de l’année fiscale 2020, mais qui révèlent tout de même des tendances intrigantes. Ainsi, dans un contexte assez tendu pour Apple, qui se plie en quatre pour justifier la commission de 30% qu’elle prélève auprès des développeurs tiers, l’App Store confirme plus que jamais son statut de vache à lait. Tant que le lait ne tourne pas, il y a fort à parier que le roi des services ne sera pas détrôné de sitôt.


  1. Et tout particulièrement la fameuse « taxe Google », à savoir les milliards que la firme de Mountain View verse à Apple en échange d’une position proéminente de son moteur de recherche dans Safari. ↩︎

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