Tesla propose que son connecteur de charge devienne un standard aux États-Unis

Nicolas Furno |

Tesla a décidé d’ouvrir son connecteur de charge propriétaire et le constructeur propose d’en faire le futur standard américain. Ce connecteur a été créé en interne au début des années 2010 pour les besoins de ses propres voitures ainsi que des premières stations de charge rapide, les superchargeurs. À l’époque, le connecteur CCS qui est devenu le standard en Europe et qui pourrait le devenir en Amérique du Nord n’existait pas encore et dix ans plus tard, Tesla espère en faire un standard au moins sur son territoire.

Une prise CCS, le standard européen, en l’occurrence ici dans un superchargeur Tesla (image MacGeneration).

La prise CCS combine en réalité deux connecteurs différents : une prise de Type 1 (Amérique) ou de Type 2 (Europe) en haut pour toute la partie communication entre la voiture et la borne, combinée à une prise à deux éléments qui se chargent de faire passer l’électricité. C’est un design malin, dans le sens où il exploite des connecteurs qui existaient déjà et que les voitures électriques exploitent pour les charges lentes, comme je le détaillais dans cette partie de la série sur mon expérience avec une Model 3.

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Malin, mais pas très élégant. La norme CCS impose un connecteur gros et assez encombrant, ce qui complique sa manipulation dans les bornes de charge et impose aussi aux constructeurs de créer des grandes trappes sur leurs voitures. En comparaison, le connecteur imaginé par Tesla est nettement plus élégant, puisqu’il intègre les deux types de charge dans un espace réduit. Deux éléments en haut sont dédiés au passage de l’électricité, avec une capacité maximale théorique de 1 MW, et deux autres en-dessous sont chargés de la communication entre la voiture et la borne. Ce connecteur peut servir autant chez soi que sur un superchargeur, il est plus facile à manier et permet d’intégrer des prises plus compactes sur les voitures.

Le connecteur Tesla, côté câble de charge à gauche et côté voiture à droite (image Tesla).
La comparaison avec le CCS (ici la variante américaine avec une plus petite prise T1 et un crochet en haut) est sans appel (image Tesla).

Un connecteur unique capable de répondre à tous les besoins actuels et futurs, un connecteur plus élégant et plus facile à manipuler : il a tout pour plaire. Mais cela fait dix ans qu’il existe et Tesla vient tout juste de publier ses spécifications complètes, ce qui permettrait à un concurrent de l’adopter dans ses voitures. Cela semble arriver un petit peu tard, alors que l’Amérique du Nord a commencé, comme l’Europe, à s’équiper en stations de charge rapide avec CCS.

Cette initiative de l’entreprise gérée par Elon Musk ressemble davantage à de l’opportunisme, comme le rappelle Automobile Propre. Le gouvernement américain va participer à la densification du réseau de chargeurs rapides sur son territoire, en injectant des milliards de dollars pour subventionner ces installations. Des sommes qui seront réservées aux stations de charge ouvertes, qui ne bénéficient pas à un seul constructeur. Comme les superchargeurs américains sont équipés du connecteur Tesla, cette condition l’empêcherait de bénéficier de ces sommes… sauf s’il devenait un standard nord-américain.

Une Model S en charge, avec le connecteur Tesla qui permet de créer une trappe de petite taille (image Tesla).

Le succès de Tesla aux États-Unis lui donne un argument de poids : il y a actuellement deux fois plus de voitures électriques équipées du connecteur maison, que de modèles avec prise CCS. Par ailleurs, le réseau de Superchargeurs est le plus gros en Amérique du Nord et les véhicules qui adopteront le connecteur pourront en bénéficier, un argument important pour les clients. Reste à savoir si la proposition n’arrive pas trop tard et si le CCS ne s’est pas déjà imposé dans les faits, comme en Europe. Si c’est le cas, Tesla n’aura peut-être pas d’autres choix à terme que de l’adopter à son tour, comme elle a su le faire dans le reste du monde.

L’entreprise n’envisage pas pour le moment de proposer à l’Europe son connecteur pour en faire un nouveau standard, mais le marché y est bien différent, avec un nombre bien plus important de voitures déjà équipées du CCS… y compris les siennes. En effet, rappelons que toutes les voitures vendues en Europe par Tesla sont désormais1 équipées du connecteur CCS. Elles sont de ce fait compatibles avec toutes les stations de charge rapide et pas uniquement celles du constructeur.

Une Model 3 européenne pendant une charge rapide. La trappe de charge de cette voiture a été pensée dès le départ pour ce connecteur, ce qui explique sa plus grande taille (image MacGeneration).

À propos de supercharge, Tesla a encore une fois ajusté ses prix en Europe, avec du bon et du moins bon. Depuis l’augmentation du mois de septembre, le constructeur a ajouté le concept d’heures pleines et heures creuses, avec au départ un tarif plus intéressant de 22h à 6 heures du matin. Depuis cette nuit, les heures pleines sont nettement plus réduites, puisqu’elles ont lieu de 16 à 20 heures seulement. Une bonne nouvelle, mais en contrepartie, le tarif de base a augmenté. En France, il faut désormais compter 0,59 € du kWh en heures creuses et 0,66 € en heures pleines.


  1. Les Model S et Model X vendues jusqu’en 2020 sont équipées d’un connecteur T2 modifié par Tesla pour accepter la charge rapide, mais ce n’est plus le cas des modèles qui vont désormais être vendus en Europe, ils intègrent aussi une prise CCS.  ↩︎

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