Les hackintosh s’accommodent très bien des processeurs AMD

Nicolas Furno |

Depuis quelques années, AMD a fait un retour assez spectaculaire dans le monde des processeurs pour ordinateurs. Après une dizaine d’années dans l’ombre d’Intel qui a pris l’avantage avec ses Core 2 Duo et les modèles qui ont suivi, la gamme Ryzen d’AMD propose de meilleures performances à un prix moindre. Ce n’est pas qu’un heureux accident de parcours, Intel ne parvient pas à répondre à son concurrent historique sur le plan des performances et la firme en est réduite à multiplier les excuses, faute de mieux.

Photo AnandTech

Pour autant, Apple reste fidèle à son partenaire historique. Quand elle abandonne les processeurs PPC au profit des modèles x86 que l’on a toujours dans les Mac, l’entreprise choisit Intel. À l’époque, c’était un excellent choix et les ordinateurs de la pomme ont profité de plusieurs générations d’excellents processeurs, avec des améliorations substantielles tous les ans. Intel ne peut plus tenir cette cadence aujourd’hui et les mises à jour de ses processeurs sont minimes et souvent en retard. À tel point que c’est un processeur d’ancienne génération qui équipe les tous nouveaux MacBook Pro 16 pouces, faute de mieux.

Il y a toutefois très peu d’espoir de voir Apple abandonner Intel au profit d’AMD, comme de nombreuses rumeurs l’ont imaginé dans le passé. Rien n’est impossible évidemment, d’autant que les cartes graphiques dédiées des Mac sont toutes fournies par AMD depuis des années, mais si Apple change à nouveau de fournisseur pour ses processeurs, ce sera plus sûrement pour passer à ARM, avec des puces développées en interne. Intel reste ainsi la seule option…

Sauf à construire un hackintosh ! Depuis le passage à l’architecture x86, prendre des composants standards de PC et installer macOS dessus est une solution suivie par de nombreux bricoleurs. Cela paraît instable et dangereux, mais les outils sont bien en place maintenant et à condition de choisir les bonnes pièces, on peut avoir une expérience très proche d’un Mac. Je peux en témoigner, mon hackintosh est mon Mac principal et je travaille avec tous les jours depuis plus de trois ans.

Mon hackintosh, discrètement rangé sous mon bureau.

Pour éviter les problèmes, mieux vaut suivre de près ce que fait Apple et utiliser au maximum les mêmes composants. Pour reprendre l’exemple de la carte graphique, mieux vaut opter pour un modèle d’AMD qui sera pris en charge nativement par le système, que d’opter pour une carte Nvidia qui nécessitera de bricoler à chaque mise à jour. C’était pareil pour les processeurs : en restant aux produits d’Intel de la même génération que ceux que l’on trouvait dans les Mac, on évitait les ennuis.

Les bons produits d’AMD ont toutefois donné des idées à la communauté du hackintosh, qui s’est mise au travail pour trouver comment obtenir un macOS stable sur un processeur AMD. Leur travail a porté ses fruits : créer un hackintosh construit avec un processeur Ryzen d’AMD est aussi simple et stable qu’avec un processeur Core d’Intel.

Si vous êtes intéressé, le projet important est AMD Vanilla qui fournit des configurations adaptées pour chaque famille de processeur AMD. Il est recommandé de s’en tenir à la famille 17h qui est notamment celle des produits « Zen », les Ryzen comme les Threadripper. On peut aussi se lancer avec des processeurs plus anciens, mais les modèles les plus intéressants sont les plus récents de toute manière.

La procédure d’installation est très similaire à celle d’un hackintosh Intel. La seule différence en fait, c’est qu’il faut utiliser une configuration spécifique de Clover1, le logiciel qui se lance dès l’allumage de l’ordinateur et simule le bon environnement pour que macOS s’exécute normalement. Si vous avez un processeur Ryzen, le fichier de configuration est disponible à cette adresse et vous pouvez remplacer celui généré par défaut à l’installation de Clover sur la clé d’installation.

Pour le reste, c’est la même chose, vous devrez installer les mêmes extensions du noyau et effectuer les mêmes opérations après l’installation, je ne vais pas les détailler à nouveau. Cette vidéo décrit le processus pas à pas et vous pouvez la suivre aveuglément si vous optez pour les mêmes composants :

Par rapport aux processeurs Intel, il y a quelques contreparties à noter malgré tout, mais elles ne sont pas forcément gênantes :

  • certains SMBIOS, nom de code d’un Mac qu’on utilise pour identifier un hackintosh, ne sont pas compatibles ou nécessitent une configuration supplémentaire, vous trouverez les détails à cette adresse ;
  • il n’y a aucune prise en charge de 32 bits avec les processeurs AMD, uniquement du 64 bits, ce qui n’est potentiellement un problème qu’avec macOS 10.14 et avant, puisque Catalina se contente également du 64 bits ;
  • les puces graphiques éventuellement intégrées au processeur ne sont pas gérées, il faut une carte graphique externe supplémentaire ;
  • il y a quelques bugs avec la veille et macOS Catalina, ce sera probablement corrigé ultérieurement, mais c’est un problème à noter pour le moment.

Au bout du compte, un hackintosh Intel reste mieux connu et plus facile à gérer, notamment en cas de difficulté lors de l’installation. Mais les processeurs d’AMD sont si puissants qu’ils dépassent les meilleurs Mac du moment et donneront même sans doute du fil à retordre au Mac Pro qui sortira le mois prochain qu’il peut être difficile de résister…

Si vous voulez tenter l’expérience, les forums AMD OS X sont la référence pour obtenir de l’aide en cas de problème. Je vous conseille aussi de faire un tour par la section « Success Stories » qui permet de savoir quelle configuration précise fonctionne afin de choisir les composants les plus sûrs.


  1. Si vous préférez, la même configuration est aussi proposée pour OpenCore, un concurrent de Clover plus récent et plus « propre », plus proche de ce qu’Apple fait avec ses Mac.  ↩

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