L’iPad Pro entrouvre les portes d’un Mac sans Intel

Christophe Laporte |

Les processeurs ARM d’Apple continuent leur montée en puissance. Le processeur A8 de l’Apple TV n’a rien à envier à celui d’une console — selon les responsables d’Apple — alors que le tout nouvel A9X de l’iPad Pro n’a semble-t-il plus rien à envier à celui d’un PC. Faut-il y voir des indices de bouleversements à venir pour le Mac ?

Le discours d’Apple est clair : sa tablette est plus puissante que « 80 % des portables PC vendus cette année » (et 90 % pour ses capacités graphiques). Preuve supplémentaire qu’il n’a rien à envier à l’ordinateur de monsieur tout le monde, Apple a doté son nouveau jouet de 4 Go de RAM, une première pour un terminal iOS ! C'est par ailleurs ce qui est proposé de base dans les MacBook Air.

Récemment, Intel fanfaronnait en indiquant que ses nouveaux Core M Skylake étaient deux fois plus puissants que l'A8X de l'iPad Air 2. Cela tombe bien, car selon Apple, sa puce de troisième génération, l’A9X monte encore une marche. Elle est jusqu’à 1,8 fois plus rapide que l'A8X. On se gardera bien de comparer des mesures réalisées, d’une part avec des utilitaires en partie développés par Intel et de l’autre des chiffres avancés par Apple sans trop d’explications.

Les 22 et 360 fois plus rapides s'entendent pour les CPU et GPU de l'iPad Pro face à ceux du tout premier iPad — Cliquer pour agrandir

Mais une chose est certaine, la dynamique penche clairement en faveur des processeurs ARM. Ces graphiques réalisés l’année dernière montraient l’évolution des performances avec l'app de test Geekbench depuis 2011, entre les différents iPad et MacBook Air d'entrée de gamme (lire : Mac ARM : pas encore une réalité, mais plus un rêve).

On attend avec impatience les premiers benchs de l’iPad Pro pour pouvoir les mettre à jour. Nul doute que d’ici une génération ou deux, Apple aura techniquement la possibilité de proposer des MacBook avec une architecture ARM (lire : Mac ARM : dans les deux ans avec un processeur A10X ?).

Ensuite, entre avoir la possibilité technique de le faire et prendre cette décision stratégique… il y a un pas non négligeable. Au pire, ce serait un formidable moyen de pression sur Intel.

Lorsqu’Apple est passée du PowerPC à Intel, il y avait une véritable plus-value pour l’utilisateur : un gain de puissance important, la compatibilité des applications Windows et une roadmap alléchante chez le fondeur pour les ordinateurs portables. À l'inverse, l'horizon était bouché pour le PowerPC question mobilité.

Le passage à ARM ne bloquerait pas forcément « la compatibilité Windows ». Plusieurs techniques sont possibles pour continuer à faire tourner des applications Windows avec un niveau de performances satisfaisant. Quant à l'Ax, il est né pour des plateformes mobiles.

Le grand intérêt pour Apple serait de faire du sur-mesure pour ses ordinateurs comme elle le fait pour ses smartphones et tablettes. Elle serait en mesure de différencier de manière plus importante ses ordinateurs de la concurrence et sans doute de sortir de nouveaux formats d’ordinateurs. Reste à savoir si le jeu en vaut la chandelle. À l’heure où le Mac se vend tout seul et vit dans l’ombre des terminaux iOS, il n’est pas certain qu’Apple s’en donne la peine. C’est peut-être bien la plus grande chance d’Intel !

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