Test du MacBook Pro 15" Core i7 2 GHz « Thunderbolt » (début 2011)

Florian Innocente |
Le MacBook Pro est la nouvelle entrée de gamme de cette famille logée entre les 13" et le 17". On glissera vite sur l'évolution des lignes extérieures puisqu'elle se réduit au nouveau logo Thunderbolt, à côté du connecteur du même nom. Une prise qui, en attendant l'arrivée de matériels compatibles, servira à brancher son écran externe.



Le reste de la machine n'a pas changé (ni son prix, à 1749 € en équipement standard). La finition est toujours d'un excellent niveau avec la robe aluminium, et le trackpad multi-touch est tout aussi agréable au toucher et pratique à l'utilisation pour manipuler ses fenêtres ou ses applications. Avant de parler processeur, on notera que la définition de l'écran (brillant) n'a pas bougé (1440x900), que l'antireflet est toujours une option (à 150€), comme la haute résolution (1680x1050). Sur ces deux derniers points, on ne peut être que déçu, alors que le dernier MacBook Air 13" présente la même définition que ce 15" !


Le port Thunderbolt avec son petit éclair


Même capacité RAM aussi avec juste 4 Go (plus n'aurait pas déplu, sachant qu'on peut aller jusqu'à 8 Go, voire le double si l'on est prêt à vider son portefeuille) avec des barrettes plus rapides (1333 MHz contre 1066 MHz). Notre machine embarque 500 Go contre 320 Go précédemment, mais toujours en 5400 t/min. Pas de changement sur les capacités des SSD mais des prix rabaissés d'une centaine d'euros sur ces options. Cependant, les disques durs proposés étant plus généreux, le gain financier sur ces SSD est dès lors à relativiser… Détail, le lecteur SD est passé en SDXC pour recevoir des cartes de plus grande capacité (comme les 64 Go).

Performances à géométrie variable
La première grande nouveauté est le passage pour la première fois sur un portable Apple à un processeur quatre coeurs, issu de l'architecture Sandy Bridge. On a donc un Core i7-2635QM à 2 GHz et 6 Mo de cache. Le devancier de ce 15" était équipé d'un Core i5 2,4 GHz à deux coeurs.

La baisse de fréquence n'est en rien un mauvais présage, les performances sont là… avec des nuances. Ces quatre coeurs peuvent être vus comme huit par les applications capables de profiter de l'Hyperthreading, exemple ci-après avec iMovie et QuickTime X. Ca ne changera bien évidemment rien du tout dans Mail, pas non plus dans GarageBand qui ne voit "que" quatre coeurs, mais un logiciel de 3D, QuickTime ou iMovie vont répartir leurs tâches sur ces huit unités de calcul. Le processeur gère aussi le TurboBoost, permettant ponctuellement de pousser un coeur de 2 GHz à 2,9 GHz.


iMovie '11 avec huit coeurs logiques en action



QuickTime X


Nous avons conduit nos tests habituels : des mesures de performances brutes, mais surtout des tests applicatifs, qui illustrent plus concrètement ce que l'on peut attendre (ou non) comme progrès.

- Finder : archivage zip d'un dossier de 1,5 Go et 4500 éléments
- GarageBand '11 : encodage en AAC d'un podcast de 30 minutes
- XLD : conversion de fichiers audio format Flac vers de l'AAC
- Photoshop CS4 et CS5 : deux scripts, l'un essentiellement composé de filtres (DHT), l'autre mêlant filtres et actions courantes (RAT)
- iPhoto '11: export d'images JPEG
- Aperture 3 : export d'images RAW en JPEG
- iMovie '11 : export en 960x540 d'un film HD de 10 minutes
- QuickTime X : export au format iPhone du film obtenu avec iMovie
- Handbrake : compression au format iPhone d'un fichier HD de 4,7 Go.
- Blender : rendu d'un fichier 3D
- Cinebench : mesure d'une animation OpenGL puis d'un rendu 3D
- Starcraft 2 : quantité d'images par seconde


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Lorsqu'on compare les résultats avec le nouveau MacBook Pro 13" Sandy Bridge Core i5 2,4 GHz et ses deux coeurs, on constate que ce dernier fait jeu égal voire sensiblement mieux avec des applications comme le Finder, Photoshop et iPhoto. Il en va tout autrement avec les applications capables d'utiliser l'hyperthreading et de répartir leurs calculs sur huit coeurs. Ainsi la conversion XLD est deux fois plus rapide (22s contre 50s) avec le 15", Aperture finit en 1 min 41 s au lieu de 2 min 31s sur le modèle 13", iMovie passe de 12 min 37s à 8 min 52 s !

On fait le même constat avec la précédente génération de machines. Prenons le cas du MacBook Pro 15" Core i7 2,66 GHz et ses deux coeurs, un modèle de la mi-2010. Nous n'utilisions pas exactement la même séquence de tests à l'époque, mais on peut quand même comparer quelques applications. Le Finder et GarageBand font pareil ou un peu mieux avec l'ancien portable. Mais Photoshop CS4 affiche 5 minutes avec le nouveau contre 5 min 43s avec l'ancien. iMovie est à 8 min 52 s sur le nouveau au lieu de 12 min 27s. QuickTime X est 30% plus rapide avec 2 min 17s contre 3 min 19 s.


Temps d'exécution des applications


En résumé, avec des applications peu ou pas optimisées pour un usage de plusieurs coeurs, la fréquence du processeur reste pertinente, même si la puce est plus ancienne. Dans le cas contraire, lorsque les huit coeurs logiques sont sollicités, notre MacBook Pro creuse l'écart et se met au niveau de ce qu'offrent d'autres configurations Quad comme les iMac 27" ou la précédente génération de Mac Pro. Le tout dans un format qui se cale sous l'épaule…


Performances brutes et autonomie (exprimée en minutes)


L'Intel HD Graphics 3000 testée avec Starcraft II sur le 13" ne nous avait pas laissé de grands souvenirs. Elle affichait 12 i/s en 2C2 avec la définition native de l'écran et options élevées. On remontait à 25 i/s en utilisant les options recommandées (1152x720 avec les options « Moyennes »). Le 15" fait évidemment mieux avec sa seconde carte, une AMD Radeon HD 6490M/256 Mo, avec environ 30 i/s. C'est une carte que NetbookCheck place dans le bas du panier des milieux de gamme. Elle suffira amplement dans le cas de notre jeu, si l'on évite de pousser les réglages à leur maximum. Comparé à la GeForce GT 330M, le gain reste cependant marginal, les mois ont passé les performances n'ont pas explosé. On n'a même pas le loisir de préférer l'AMD HD 6750M à 1 Go, elle n'est offerte qu'avec le 15" à 2,2 GHz.

On l'avait signalé en actualité, certains MacBook Pro Thunderbolt ont un petit problème avec le LED Cinema Display 24" (sorti l'an dernier du catalogue). De manière assez régulière, l'image va disparaître l'espace d'une demi-seconde sur l'écran externe (et seulement lui). À ce jour, aucune mise à jour n'est venue corriger ce défaut (lire Un problème graphique avec les MacBook Pro Thunderbolt).



Toujours sur la partie graphique, il est utile de revenir sur le système de bascule automatique entre la puce graphique intégrée d' l'Intel (moins puissante, mais plus économe) et la carte d'AMD (l'inverse). Dans les préférences d'Économie d'énergie, on peut laisser Mac OS X gérer cette bascule (si on désactive l'option, c'est la carte AMD qui est utilisée en permanence). Ensuite, selon l'application au premier plan, tel ou tel processeur graphique va être activé, Mac OS X choisissant à qui donner la main.



Ouvrez Photoshop et c'est l'Intel qui est activée, mais dès que vous ouvrez une image dans Photoshop, l'AMD s'active. Mail ou Safari vont eux se satisfaire de la petite puce Intel. À l'inverse, une petite application comme Twitter va activer… l'AMD Radeon ! Tout simplement parce que le logiciel utilise quelques API d'effets visuels que Mac OS X doit juger indispensable de faire fonctionner avec la grosse carte graphique. Et quand bien même vous repasseriez Mail (ou la calculette) au premier plan, le seul fait que Twitter (ou Photoshop) soit ouvert va maintenir l'AMD en activité. Avec une influence possible sur l'autonomie.

Toute cette petite cuisine interne peut être suivie en direct avec l'utilitaire gfxCardStatus (un donationware). Il indique depuis la barre des menus quelle carte est active et propose de forcer l'utilisation de l'une ou l'autre. Mieux qu'Apple qui ne permet pas d'imposer l'utilisation de l'Intel (lire aussi MacBook Pro : surprises dans la bascule des cartes graphiques, d'avril 2010). Cela peut se comprendre, on évite ainsi de se retrouver devant des performances en baisse du fait d'un réglage manuel contraignant pour l'application.


Twitter lancé, la plus puissante des deux cartes restera sollicitée, le "d" dans la barre des menus désignant la carte "discrete", soit l'AMD


Un autre point à souligner, durant toute notre utilisation de ce MacBook Pro, son ventilateur n'a jamais cessé de tourner. Même lorsqu'il n'y avait que le Finder. Pour autant, il n'y a pas véritablement de gêne sonore. C'est un souffle vraiment ténu et très régulier qui est émis. Il n'aura varié que lors du test 3D, avec une belle montée en régime du ventilo pendant les calculs de Cinebench, il faut dire que le processeur dépassait les 90° contre un peu plus de 40° avec seul Mail ouvert par exemple.


Cinebench basé sur Cinema 4D qui tire à bloc sur les huit coeurs logiques


Déception sur le disque dur fourni d'origine (un Toshiba MK5065GSX en 5400 t/mn) qui n'affiche pas de meilleurs résultats que le Hitachi Travelstar 5K320 du 13" Core i5. Ce dernier nous avait déjà amplement déçus. Le Toshiba s'offre même le luxe de faire globalement moins bien ! Le 13" tournait autour de 80 Mo/s, le 15" peut aller en dessous des 70 Mo/s ! On aurait apprécié qu'Apple mette à niveau cette gamme de 15" avec au moins des modèles 7200 t/min, pour ceux ne pouvant investir dans les SSD. Il faudra donc se fendre de 100€ supplémentaires pour un 500 Go en 7200 t/min.


MacBook Pro 15" Core i7



MacBook Pro 13" Core i5


L'autonomie ne déçoit pas
Apple ayant révisé son protocole avec comme conséquences des chiffres inférieurs à ceux des gammes précédentes (mais qu'elle estime plus réaliste), on se demandait ce qu'il en serait de notre côté, nos méthodes de mesure restant les mêmes. Et ce alors qu'on fait face à une machine qui franchit un cap de performances. Pour faire court : ces tests sont chaque fois plus longs à mener à chaque révision…

Nos trois principaux tests se déclinent comme suit :

- Lecture HD : fichier HD H.264 dans un conteneur MKV lu avec QuickTime X (Perian installé). Luminosité réglée à 80 %, son réglé à 50 %. Wi-Fi actif et Mail réglé sur une relève toutes les minutes.

- Web en musique : rechargement automatique de la page d’accueil de MacGeneration toutes les 30 secondes (Flash installé), lecture de fichiers AAC en 320 Kbps en boucle dans iTunes. Wi-Fi actif.

- Web et rédaction : rechargement automatique de la page d’accueil de MacG toutes les 30 secondes (Flash installé) avec un document Pages de 200 pages ouvert. Wi-Fi actif.



Ce MacBook Pro a tenu 4h en lecture HD (après deux films on en aura encore sous le coude), 7h05 pour le web en musique et 7h48 pour le test web et rédaction. De quoi tenir une journée même si l'on a oublié son chargeur ! C'est donc mieux que les 7h annoncées par Apple pour son test de "productivité sans fil" consistant à visiter 20 sites web populaires avec la luminosité à 50%.

Comparé aux autres modèles, c'est moins bien que le 13" Core i5 qui a établi de nouveaux records, mais pour le reste, ce 15 pouces et ses quatre coeurs se loge dans le haut du panier. Pour le sport, nous avons aussi fait un test en utilisant la machine pendant une journée type chez MacG (Safari, Twitter, Yojimbo pour la rédaction, Skitch, Mail en relève toutes les minutes, Adium, etc). La connexion Wi-Fi était permanente, la luminosité à fond, la machine sollicitée quasiment en continu et durant un bon quart du test, elle était reliée à une souris USB. Dans ce cas de figure tout à fait spécifique, le portable a tenu 5 heures.

FaceTime HD

L'iSight, rebaptisée FaceTime HD, gagne en résolution passant en 720p. Elle produit des images qui tirent encore sur le magenta, cependant, elle s'en sort un peu mieux en conditions de basses lumières (seconde capture) et avec un éclairage naturel le résultat est satisfaisant. On aura une image mieux définie sur les détails. Cependant on a remarqué que Photo Booth ne profitait pas de cette nouvelle résolution (vu l'application, ça reste un détail).




Intérieur, stores baissés en pleine journée


Avec la sortie de ces MacBook Pro a correspondu celle de la version finale de FaceTime, l'application de chat vidéo fonctionnant entre Mac, iPad, iPod touch de dernière génération et iPhone 4. iChat reste bien sûr de la partie pour la visioconférence.

Conclusion
Il ressort du test de cette machine un sentiment partagé… tendance positive. Côté pile le MacBook Pro tient toujours son rang en design, qualité de fabrication avec un prix inchangé. Les gains de performances apportés par son Core i7 Quad sont significatifs et l'autonomie n'en a pas souffert, avec comme toujours sur Mac de (très) bons scores. Il inaugure le connecteur Thunderbolt, riche de potentiel, mais tout jeune et pour lequel tout reste à faire (lire aussi Interview LaCie : "Thunderbolt peut changer la manière de travailler").

Côté face, on espérait une refonte significative de cette machine, davantage qu'un "speed bump" saisonnier. Car les MacBook Air 11" et 13" sont passés par là : définition d'écran supérieure, design plus fin et choix du tout SSD. On est ensuite déçu de voir que l'excellence du MacBook Pro s'arrête (comme toujours) à son équipement en disque dur et carte graphique, sans parler de l'éternel débat sur l'écran brillant avec option antireflet. Rien de neuf chez Apple.

Cela ne suffit pas à en faire une mauvaise machine, loin s'en faut. On a tout de même un quad core dans 2,5 kg, chose réservée il y quelques jours encore à de gros Mac de bureau. Ceux qui souhaitent remplacer une machine devenue poussive ou défaillante devraient largement y trouver leur compte. Cependant, si l'on ne travaille pas trop en audio, vidéo ou 3D, cela vaut le coup de considérer les modèles 13" Core i5 et i7, performants, plus légers, plus compacts et surtout plus abordables. Que ce soit comme Mac principal (avec un écran externe chez soi) ou pour une petite station mobile en compagnon d'un gros iMac ou Mac Pro lorsque l'Air ne convient pas.

Sur le même sujet :
- Test du MacBook Pro 13" Core i5 2,3 GHz « Thunderbolt » (début 2011)

Note

Les plus :

Les performances en nette hausse sur certaines applications Le connecteur Thunderbolt (sans équipement dédié au jour du test) L'excellente autonomie Le design et la qualité de fabrication

Les moins :

Les performances décevantes du disque dur Des cartes graphiques sans éclat Un bug graphique avec le LED Cinema Display 24" L'écran antireflet toujours en option
7.5
10

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