Ukraine : comment MacPaw, Readdle et Belight se sont réorganisés en temps de guerre

Florian Innocente |

« Travailler sous la pression est devenu la norme pour nous », écrit Maria Henyk, de l'éditeur Readdle. Par pression elle n'entend pas seulement celle de plannings serrés pour la sortie d'une mise à jour, de bugs retors à corriger, mais avant toute chose de faire face à ces challenges dans un pays envahi par une armée étrangère et quotidiennement bombardé sans discrimination sur les cibles.

Cinq mois après le début de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine, les éditeurs et développeurs de logiciels macOS et iOS que nous avions contactés au tout début des événements affrontent une réalité qui paraissait impensable. Ces équipes se sont depuis organisées pour continuer à faire leur métier tout en composant avec les difficultés extrêmes posées par ce conflit.

Readdle, MacPaw, Skylum… Les éditeurs au cœur de la guerre en Ukraine

C'est certainement ce qui surprend le plus lorsqu'on suit la situation en Ukraine avec la litanie de bombardements et de déplacements de population ; ces éditeurs sont parvenus à maintenir leur activité envers et contre tout.

MacPaw, concepteur de la plateforme de distribution Setapp, a sorti d'importantes mises à jour pour CleanMyMac X et conçu SpyBuster , une app pour filtrer les communications émanant de Russie et Béliorussie notamment. Readdle n'a pas chômé non plus, puisque sont arrivées la déclinaison pour Mac de Calendars et une nouvelle version majeure de PDF Expert . Quant à Belight Software, sa principale application, Live Home 3D (agencement d'appartement et de maison) a reçu une poignée de mises à jour et de nouvelles fonctions ces dernières semaines.

Travailler pour son pays

Aucune issue à cette guerre n'est encore visible, mais cela n'empêche pas Readdle de se projeter dans l'avenir. « Nous avons de gros projets pour le reste de l'année », assure Maria Henyk, responsable presse et marketing. Nécessité fait désormais loi, malgré la pression quotidienne de ce conflit sur les esprits.

Anastasia Sul'zhyk, attachée à la communication de l'éditeur MacPaw, raconte qu'un conflit armé faisait partie des scénarios de crise envisagés, avec des mesures décidées pour que l'activité se poursuive tout en laissant du temps aux employés pour gérer leur quotidien, leur sécurité et celle de leurs proches. La partie opérationnelle des services fonctionne ainsi à l'étranger, sur Amazon Web Services, et la plateforme de paiement se trouve chez le britannique Paddle.

Après les premiers jours où les employés des uns et des autres ont dû avant toute chose chercher à se mettre à l'abri, le quotidien a repris ses droits. Un quotidien lesté par les nécessités de la guerre. Chez MacPaw, la plupart des 400 employés a repris le travail, nous indique Anastasia Sul'zhyk : « pour ceux restés en Ukraine, travailler signifie passer constamment de son bureau à un abri. » Un abri qui peut être sa propre baignoire dans son domicile, lorsque les alertes retentissent et qu'il est trop risqué de rejoindre un refuge.

Julia Petryk, responsable presse chez MacPaw, travaillant dans un abri de fortune : sa baignoire. Crédit MacPaw.

Une forme de normalité s'est installée, détaille Tanya, une employée de Readdle. L'inconcevable est devenu une habitude, amenant de nouveaux réflexes : « nous nous sommes accoutumés aux sirènes des raids aériens, nous avons appris à distinguer les sons de nos défenses antiaériennes de ceux, caractéristiques, de l'approche d'un missile ennemi. »

Tanya, une salariée de Readdle, durant une alerte d'attaque aérienne, à Odessa. Crédit Readdle.

Il y a eu un avant et un après le 24 février pour chaque ukrainien, témoigne Artem, développeur chez Readdle. Il est originaire d'Odessa, cible régulière des frappes russes. « J'ai changé de région à cinq reprises pour éviter les alertes incessantes et les explosions de missiles antiaériens », raconte-t-il. Il a depuis complètement revu ses priorités : « je suis passé sans transition d'une attitude où je me préoccupais plutôt de mon bien-être à celle d'essayer de faire quelque chose pour les autres et pour mon pays. Les dons et le volontariat sont devenus inhérents à mon quotidien. ».

Max, son collègue, à Odessa aussi, abonde : « je me partage entre mon travail chez Readdle et le volontariat pour amener l'aide humanitaire aux gens déplacés arrivés en ville et à la communication avec les donateurs étrangers. »

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