Intel : des usines en Allemagne et en Italie, de la R&D en France

Mickaël Bazoge |

La France ne sera pas la terre d'accueil de l'énorme usine de production de semi-conducteurs qu'Intel projette de construire en Europe. Selon Le Figaro et Bloomberg, le fondeur américain va s'installer en Allemagne, probablement du côté de Dresde, capitale de la Saxe. Mais la France, tout comme l'Italie, auront droit à des lots de consolation.

Une usine Intel à Hillsboro, dans l'Oregon. Crédit : Intel.

Intel devrait faire l'annonce dès les premières semaines de 2022, avec un lancement de la production d'ici 2024. Le choix de Dresde repose sur plusieurs atouts de la région : il y a là de l'espace pour bâtir l'usine, les infrastructures qui vont bien, et les clients ne sont pas très loin. Cette usine doit en effet approvisionner les constructeurs automobiles et l'industrie, deux secteurs très implantés en Allemagne bien sûr, et qui souffrent énormément de la pénurie actuelle de semi-conducteurs.

Et pour ce qui concerne la main d'œuvre — qu'il s'agisse des ingénieurs ou des travailleurs qualifiés —, la région est bien lotie puisqu'elle abrite aussi des sites d'Infineon, de Bosch, de Global Foundries… Plus globalement, l'Allemagne est de toute manière le pays de destination des groupes électroniques, TSMC ayant l'intention d'ouvrir une ligne outre-Rhin. Et Apple y a un labo de recherche et développement spécialisé dans les semi-conducteurs, basé à Munich.

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Il s'agit pour Intel d'un gros investissement. Le CEO Pat Gelsinger a évoqué 10 milliards de dollars pour cette usine allemande, mais c'est loin d'être terminé. L'entreprise voudrait investir une centaine de milliards pour muscler ses capacités de production en Europe — une Europe qui veut opérer un rééquilibrage vis à vis de l'Asie, comme le veut Thierry Breton, le commissaire au marché intérieur.

Le vieux continent n'est pas complètement désarmé dans cette bataille mondiale. Plusieurs groupes européens produisent des semi-conducteurs sur le territoire, comme NXP, STMicroelectronics, Soitec… Ensemble, ils représentent environ 10% de la production mondiale. L'objectif est de doubler cette part de marché, et Intel va permettre de passer la surmultipliée. Le fondeur a de toute manière besoin de renforcer ses capacités de production puisque l'objectif est de fournir un maximum de clients, y compris Apple.

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Dans ce contexte, on peut facilement imaginer que l'Europe déroulera le tapis rouge sous les pieds d'Intel. Et l'Allemagne ne sera pas la seule bénéficiaire des largesses de l'entreprise. L'Italie, et Milan en particulier, pourrait ainsi accueillir une usine d'assemblage de semi-conducteurs pour créer des systèmes au complet.

Quant à la France, c'est un centre R&D qui pourrait sortir de terre à Paris ou à Grenoble. Le groupe en avait installé un à Sophia Antipolis de 2011 à 2017. Il s'est par ailleurs rapproché récemment du CEA-Leti à Grenoble.

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