Pour expliquer son revers de fortune, Facebook accuse Apple et les médias

Mickaël Bazoge |

Même assailli par de méchants médias et la méchante Apple, Facebook ne se porte pas si mal. Les résultats trimestriels du réseau social sont en hausse de 35% par rapport à l'été 2020, avec un chiffre d'affaires qui se monte à 29 milliards de dollars engrangés durant le troisième trimestre, le gros des revenus provenant comme d'habitude de la publicité ciblée (28,2 milliards, +33%). Le résultat net du mastodonte s'établit à quasiment 9,2 milliards, c'est 17% de mieux.

Mark Zuckerberg. Crédits : Anthony Quintano (CC BY 2.0)

Si les résultats d'une année sur l'autre sont excellents, ils sont dans le rouge entre le deuxième et le troisième trimestre : durant le printemps, Facebook avait enregistré un chiffre d'affaires de 29,1 milliards de dollars (dont 28,58 milliards pour la publicité), pour un résultat net de 10,4 milliards.

Pour expliquer ce revers de fortune, Mark Zuckerberg s'est plaint de la couverture presse qui, depuis quelques mois, s'évertue à sortir les squelettes peu ragoûtants des placards de Facebook (lire : Facebook : la semaine noire de Mark Zuckerberg). Et ça se poursuit depuis le début de la semaine avec les « Facebook Files » qui se concentrent sur le déficit de modération sur la plateforme favorisant les contenus haineux.

Lors de la présentation des résultats, le créateur et patron de Facebook a dit tout le mal qu'il pensait de ces enquêtes : « Ce que nous voyons ici est un effort coordonné pour utiliser des documents divulgués [par la lanceuse d'alerte Frances Haugen] afin de dépeindre une image fausse de notre entreprise », a-t-il déploré. « La réalité, c'est que nous avons une culture ouverte, où nous encourageons les discussions et la recherche sur notre travail pour pouvoir progresser sur ces questions complexes, qui ne nous sont pas spécifiques ».

Pour Mark Zuckerberg, Facebook n'a pas grand chose à se reprocher, comme sur la polarisation politique aux États-Unis que le réseau social alimenterait régulièrement pour générer de l'engagement et donc, de l'affichage publicitaire. Mais selon Zuckerberg, ce problème existait déjà « avant ma naissance ». Plus généralement, il explique que Facebook doit souvent faire des compromis :

Cela fait de l'audience de dire que nous nous concentrons uniquement sur l'argent en faisant ces compromis impossibles. Mais la réalité, c'est que ces questions ne concernent pas que notre entreprise : trouver l'équilibre entre différentes valeurs sociales est très difficile.

Ce n'est pas la première fois que le patron de Facebook en appelle à la régulation des pouvoirs publics pour éviter de devoir prendre des décisions impliquant des questions de société.

Autre bataille de Facebook, cette fois contre Apple. iOS 14.5 a introduit la notification de demande de suivi publicitaire, et le réseau social a senti passer le boulet cet été. « Comme prévu, nous avons connu des vents contraires sur les revenus ce trimestre », a présenté Zuckerberg, « notamment en raison des changements apportés par Apple qui ont affecté notre activité, mais également des millions de petites entreprises dans une période économique déjà difficile pour elles », a-t-il ajouté, se faisant l'écho d'une campagne de communication contre la Pomme en début d'année.

Qu'on se rassure, ces difficultés devraient être surmontées « grâce aux investissements que nous réalisons aujourd'hui ». On rappellera que Mark Zuckerberg avait expliqué au printemps que finalement, Facebook s'en sortira sans trop de casse de cet encadrement du suivi publicitaire (lire : Encadrement du pistage : finalement Zuckerberg pense que Facebook peut tirer son épingle du jeu).

Sheryl Sandberg, la directrice financière, en a rajouté : « L'impact le plus fort [au dernier trimestre] a été celui des changements apportés par Apple à iOS 14, qui ont créé des obstacles pour d'autres dans l'industrie, des défis majeurs pour les PME et qui ont favorisé la propre activité publicitaire d'Apple ». Elle fait sans doute allusion au récent gadin boursier de Snap et à cette étude voulant que la régie pub d'Apple fasse le plein au détriment de la concurrence. Pour Sandberg, le coup de mou entre les deux trimestres est la conséquence directe d'iOS 14.5.

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