Do Not Track, un traquenard pour une partie des publicitaires

Stéphane Moussie |

Do Not Track (DNT) fait encore débat. Cette initiative lancée par Mozilla permettant aux internautes d'indiquer qu'ils ne souhaitent pas être pistés durant leur navigation est en train d'être torpillée, alerte Fred B. Campbell Jr., un ancien dirigeant de la FCC (l'ARCEP américaine), dans le New York Times.

Times Square. Photo Andrés Nieto Porras CC BY-SA

D'abord, DNT n'est pas activé par défaut dans les navigateurs (à l'exception d'Internet Explorer 10 et ultérieur), il faut que l'utilisateur fasse l'effort d'aller cocher la case qui va bien dans les réglages. Quand bien même l'option est active, les éditeurs de sites web ne sont pas obligés de prendre en compte ce signalement.

Yahoo s'est particulièrement fait remarquer à ce sujet. L'entreprise a annoncé début 2012 qu'elle allait supporter Do Not Track, puis elle a fait un premier pas en arrière pour les utilisateurs d'Internet Explorer quelques mois plus tard, pour totalement l'abandonner en mai dernier... avant de faire une exception pour les utilisateurs de Firefox à la suite de son partenariat sur la recherche avec Mozilla.

La dernière péripétie mise en lumière par Fred B. Campbell Jr. concerne le fonctionnement même du protocole. En cours de standardisation au W3C, il est actuellement prévu que deux traitements soient appliqués en fonction de la relation entre l'utilisateur et le contenu tiers.

Si l'utilisateur surfe alors qu'il est connecté à son compte Google ou Facebook, alors ces entreprises pourront le suivre à travers leurs différents éléments intégrés aux pages web (bouton « J'aime », badges Google+, widgets...), même si Do Not Track est activé. Il s'agit des relations « first party », où l'utilisateur est susceptible d'interagir avec le tiers.

Quand l'utilisateur n'a pas de relation directe avec une société, par exemple une régie publicitaire, Do Not Track empêche cette régie de publicitaire de pister l'internaute sur les sites supportant le protocole (relation « third party »).

C’est ce deux poids deux mesures qui irrite certains acteurs, en particulier les entreprises publicitaires qui tomberaient dans la catégorie third party. « La proposition de spécification Do Not Track est injuste et pourrait détruire l'innovation et la concurrence », s'alarmait déjà en juillet Max Ochoa, le responsable de la vie privée de l'agence publicitaire Turn. « DNT devrait s'appliquer à tous les éditeurs, sites et réseaux, sans distinction. Un point c'est tout. »

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