Pourquoi Apple a-t-elle une division interne dédiée au Vision Pro ?

Félix Cattafesta |

Apple a un fonctionnement interne bien spécifique pour le développement de ses appareils. L'iPhone n'est pas mis sur pieds chaque année par une « division iPhone » gérant tout de A à Z, Apple disposant plutôt de branches dédiées aux différents aspects de l'intégralité de ses appareils. On y retrouve entre autres le logiciel, le hardware, le design, les services, l'apprentissage automatique… Or, le Vision Pro a droit à sa propre division gérant chacun de ces éléments. Qu'est-ce qui justifie un tel choix ?

Si le Vision Pro était développé de façon classique, le logiciel serait géré par les équipes de Craig Federighi, le matériel par John Ternus tandis que la branche service d'Eddy Cue s'occuperait du contenu. Ce n'est pas le cas, une division spécialement en charge du projet Vision Pro ayant été créée en 2015 dirigée par l'ancien de Dolby et spécialiste des écrans Mike Rockwell. Baptisée Technology Development Group, cette division a récemment été renommée Vision Products Group : un changement qui laisse à penser qu'elle devrait durer dans le temps.

Le développement du casque aurait débuté en 2015 dans des locaux à plusieurs kilomètres de l'Apple Park. Cette manière de travailler a pu emmener certains soucis, notamment un sentiment d'isolement en interne. Les équipes regretteraient un manque de visites de Tim Cook, qui n'aurait pas été aussi actif que pouvait par exemple l'être Steve Jobs au moment de la conception de l'iPhone.

Les embûches de l'équipe chargée du développement du casque de réalité augmentée d'Apple

On pouvait s'attendre à ce qu'Apple fasse sauter son équipe Vision Products Group après l'annonce du casque pour l'intégrer à son circuit classique. Cependant, le choix du pluriel au mot « Products » semble indiquer que la division de Mike Rockwell s'occupera des prochains appareils, comme la déclinaison plus abordable qui est visiblement dans les cartons.

Mark Gurman avance plusieurs hypothèses quant à ce choix. Un telle division centrée sur un seul projet pourrait avoir plus de flexibilité, ce qui est toujours bon à prendre pour une première génération. Son fonctionnement à l'écart pourrait lui permettre d'être plus discrète et donc de limiter les risques de fuites (bien que ce soit loupé pour cette fois). Une division dédiée pourrait être nécessaire pour un produit aussi nouveau et complexe qu'un casque de réalité mixte .

On peut aussi imaginer que mêler le Vision Pro avec le reste de la chaîne pourrait avoir une influence sur les produits les plus rentables d'Apple comme le Mac ou l'iPhone, en canalisant une partie des ressources. Le choix d'une division dédiée arrange sans doute certains dirigeants peu intéressés par le concept. Plusieurs figures d'Apple comme Johny Srouji ou Craig Federighi auraient gardé leur distance par rapport au casque, Srouji l'ayant même qualifié de « projet de science » comme les écoliers américains sont amenés à réaliser.

Apple n'y verrait pas très clair avec son casque « Reality Pro »

Cupertino a déjà eu recours à un tel système par le passé avec l'Apple Watch. Les équipes chargées du développement logiciel et matériel étaient toutes deux gérées par le directeur d'exploitation Jeff Williams, avant de revenir à un système plus classique (même si les équipes logicielles relèvent toujours de Williams). Le « Special Projects Group » s'occupant de l'Apple Car fonctionne lui aussi en vase clos. Il dispose de ses propres équipes en charge du logiciel, de l'apprentissage automatique, du design, du cloud… Un choix qui peut se comprendre face à la complexité de construire un véhicule.

Si le Vision Products Group s'occupe du développement du casque, les autres branches d'Apple ont tout de même été impliquées. La base de visionOS repose sur iOS, et les équipes logicielles de Craig Federighi s'occupent de certains outils pour développeurs. Les équipes de conception et d'exploitation supervisées par Jeff Williams travaillent avec le Vision Products Group, tout comme l'unité chargée des productions de puces de Johny Srouji.

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