Facebook vise Apple en taclant ces grandes entreprises qui vendent cher du matériel et des services

Mickaël Bazoge |

Une petite musique désagréable aux oreilles d’Apple est en train de s’installer tranquillement dans la Silicon Valley. Nick Clegg, fraîchement nommé à la tête des « affaires globales » de Facebook, a défendu son bout de gras durant une conférence à Berlin. Ce lieutenant de Mark Zuckerberg a tenu à rappeler que Facebook était gratuit, « pour tout le monde ». Il a poursuivi sa réflexion : « D’autres grandes entreprises du secteur des technologies génèrent des revenus en vendant du matériel cher ou des abonnements à des services, ou dans certains cas les deux à la fois, aux consommateurs des marchés développés et riches ».

Nick Clegg, CC BY 2.0

Pour Nick Clegg, ces entreprises représentent un club « exclusif », dans lequel ne peuvent entrer que des utilisateurs ayant les moyens d’acheter du matériel et des services à haute valeur ajoutée. Sous-entendu : ce n’est pas le cas de Facebook. « Il n’y a aucune exclusivité chez Facebook. Pas d’accès VIP. Pas de classe business », explique encore le dirigeant, qui déroule le mantra du réseau social : ses services sont accessibles à tous, de partout. « Plus de 2 milliards de personnes utilisent nos plateformes, parce qu’ils le peuvent ».

Apple n’est jamais nommément citée dans cette diatribe, mais c’est évidemment à la Pomme que l’on songe. Le reproche « Apple, c’est pour les riches », ce n’est pas la première fois qu’on l’entend. Sundar Pichai, le patron de Google, avait entonné un refrain similaire durant Google I/O : pour lui, le respect de la vie privée ne peut pas être un « bien de luxe » seulement accessible à une poignée de bien-portants (lire : Confidentialité des données : le patron de Google tacle Apple en douce).

Ce n’est pas la première fois qu’Apple et Facebook se prennent le bec. En mars 2018, Tim Cook avait taclé Mark Zuckerberg concernant le scandale Cambridge Analytica et sa gestion désastreuse par Facebook. Plus récemment, durant son discours devant les étudiants promus de l’université de Stanford, le CEO d’Apple s’en était pris aux réseaux sociaux (sans nommer Facebook) accusés de véhiculer des discours de haine et des fake news qui empoisonnent les débats, qui laissent trainer des brèches de sécurité et multiplient les infractions à la vie privée.

« Que vous le vouliez ou pas, ce que vous construisez est ce qui définit ce que vous êtes », a déclaré Tim Cook. « Cela semble dingue que quelqu’un ait besoin de le dire, mais si vous construisez une usine à produire du chaos, vous ne pouvez pas ne pas être tenu responsable de ce chaos ». Voilà Facebook (et Twitter, qui n’est pas mal non plus question chaos) rhabillé pour un été qui s’annonce décidément bien chaud entre géants des technos.

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