Débat confidentiel sur la surveillance entre Apple, Google et les services de renseignement

Stéphane Moussie |

Depuis les révélations d'Edward Snowden sur les agissements des incontrôlables services de renseignements, Apple a accentué son discours sur l'importance de la protection de la vie privée et renforcé ses produits dans ce sens. Une réaction que n'apprécient guère les forces de l'ordre, qui n'hésitent pas à sortir des énormités pour faire valoir leur point de vue opposé. Le numéro 2 du département américain de la Justice a récemment déclaré que les mesures de confidentialité d'iOS 8, qui chiffre notamment par défaut les données des iPhone, seront responsables un jour de la mort d'un enfant.

Les échanges entre Apple et les tenants de l'ordre ne se limitent toutefois pas à ce débat public houleux. The Intercept révèle que la firme de Cupertino a participé mi-mai à une conférence confidentielle sur la surveillance dans un manoir du comté de l'Oxfordshire, en Angleterre.

Ditchley House - Jeff Jarvis CC BY

Les principaux acteurs du monde du renseignement étaient présents : cadres de la CIA, membre de l'administration Obama, patron du GCHQ, responsables européens des agences de surveillance, universitaires, journalistes d'investigation... Apple était représentée par Erik Neuenschwander et Jane Horvath, tous deux en charge des problématiques de vie privée. Google avait également deux cadres sur place.

Ce colloque privé a été organisé par la Ditchley Foundation, qui programme régulièrement des événements de ce type afin de faire avancer « préoccupations internationales complexes ».

Le reporter Duncan Campbell, qui a participé à l'événement, a divulgué quelques informations sur ce qui s'est dit :

Bien loin des gesticulations politiques et des déclarations populistes, j'ai entendu des commentaires inattendus et surprenants venant de responsables des services de renseignements, y compris qu'une "vague de transparence" était arrivée et qu'elle était là pour rester.

Peut-être à la surprise de nombreux participants, tout le monde était d'accord pour dire que Snowden — qu'on l'aime ou qu'on le déteste — a bouleversé le paysage [de la surveillance]. Un consensus qui porte aussi sur le fait que ce bouleversement vers plus de transparence, ou tout du moins à de la "translucidité" et à la publication de plus d'infos sur les activités des agences de renseignements, était à la fois attendu et nécessaire.

Les participants se sont mis d'accord sur des « principes » de responsabilité, de réglementation et de surveillance à suivre. Une des propositions est que toutes les activités des services de renseignements devraient être portées à la connaissance du public. Vœux pieux ou début de transparence ?

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