Action AAPL : un cru 2014 d'exception

Mickaël Bazoge |

Le 2 janvier 2014, celui qui possédait une action Apple (AAPL) avait dans son portefeuille 79 $. Au 31 décembre de la même année, AAPL cotait 110 $ : notre heureux investisseur possède 31 $ de plus, il est plus riche de 39 %. Mieux que le livret A…

Les boursicoteurs ont fait la fête à l'action du groupe l'an passé, en suivant moins les annonces que les pronostics des analystes… et en appréciant les bons soins prodigués à leur encontre par un Tim Cook beaucoup plus soucieux de la bonne santé des actionnaires d'Apple que son prédécesseur.

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L'année boursière d'Apple a été marquée par un événement peu courant dans l'histoire du groupe. Le 9 juin dernier, Apple orchestrait un fractionnement de son action : son prix était divisé par sept, pour un volume sur le marché multiplié d'autant (lire : Apple : sept fois plus d’actions sur le marché). Cette opération avait déjà été menée par le passé, en 1987, en 2000 et en 2005, mais à chaque fois il s'agissait d'un split « deux pour un ».

Les actionnaires n'ont eu qu'à se féliciter de ce fractionnement, qui a fortement augmenté le volume d'actions (il est passé de 1,8 milliard à 12,6 milliards d'unités) et contribué à l'attrait d'AAPL : les actions, proposées moins chères (de 645 $ pièce, elles ont été proposées à 92 $) s'échangent plus facilement et attirent les petits investisseurs — ce qui permet au passage à Apple de diversifier son actionnariat.

Le 19 août, l'action franchissait le seuil des 100 $ à 100,53 $, dépassant le précédent record établi le 19 septembre 2012 (l'action était alors cotée 702,10 $ mais si on y applique le traitement « split », elle s'échangeait alors à 100,30 $). Après avoir flirté autour des 100 $ durant tout l'été, et une gamelle (tout est relatif) à 96,26 $ le 16 octobre, AAPL n'a plus jamais décroché sous les 100 $, continuant d'augmenter jusqu'au plus haut historique du 26 novembre, où elle cotait 119 $. Au 31 décembre, elle s'échangeait à 110,38$, signant une baisse de 1,90 % qui n'est pas vraiment représentative du rallye boursier de l'année.

Est-il vraiment besoin de le préciser, l'action AAPL a réalisé une meilleure année que la moyenne des entreprises cotées au NASDAQ, le refuge des valeurs technologiques :

Ou encore du NYSE, la Bourse traditionnelle :

Aux bons soins des actionnaires

Contrairement à Steve Jobs qui se préoccupait assez peu des actionnaires de son entreprise, Tim Cook est beaucoup plus à l'écoute de leur bien-être. Même s'il donne l'impression de se moquer de Carl Icahn, « actionnaire activiste » qui n'a cessé de réclamer sur la place publique des rachats d'actions toujours plus importants (encore récemment au travers d'une énième lettre ouverte), le patron d'Apple a dans les faits orchestré une augmentation du programme au printemps. Là où Apple devait consacrer 60 milliards de dollars de son énorme trésor de guerre à racheter ses propres actions (enchérissant mécaniquement leur prix), le conseil d'administration a voté pour un programme de 90 milliards.

Les dividendes sont un autre moyen de « récompenser » les actionnaires. Le dernier dividende versé s'est monté à 0,47 $ par action, un versement livré le 13 novembre. Apple a également rémunéré l'action du même montant le 14 août, de 3,29 $ le 15 mai et 3,05 $ le 13 février (période pré fractionnement). Depuis le début de cette initiative d'envergure lancée au quatrième trimestre 2012, Apple a ainsi « retourné » à ses actionnaires 94,4 milliards de dollars. Rien qu'au dernier trimestre de 2014, l'entreprise a réglé des dividendes de 2,8 milliards de dollars, plus 17 milliards en rachat d'actions, soit un total global de 20,1 milliards.

Carl Icahn.

En tout et pour tout, Apple compte retourner à ses actionnaires d'ici la fin de l'année 130 milliards de dollars, alors que le programme initial, annoncé en mars 2012, était de 45 milliards « seulement ». Une somme monumentale qui est à peine puisée dans les réserves de la société, qui préfère faire appel aux marchés pour financer ses opérations de rachat — le dernier en date a été effectué en Europe le 4 novembre, où Apple a levé facilement 2,8 milliards d'euros (lire aussi : Apple s'endette de 12 milliards pour racheter ses actions). Ces appels au marché de la dette évitent à l'entreprise de régler le fort taux d'imposition (35%) du fisc US sur les rapatriements des revenus détenus hors États-Unis, ce qui est le cas pour près de 90% du trésor d'Apple.

2013 v. 2014 : le miroir inversé

Les résultats d'AAPL en 2014 contrastent avec ceux de 2013, où l'action avait été chahutée tout au long de l'année, flirtant même avec les 55$ en février. Pour leurs estimations 2014, certains analystes avaient, à la lumière des chiffres de 2013, catalogué un peu trop vite AAPL au rayon des actions stagnantes. Ils se mordent les doigts aujourd'hui d'avoir été si peu visionnaires… Mais il faut dire à leur décharge que Tim Cook a passé la surmultipliée l'an dernier, des nouveaux iPhone 6 qui répondent enfin aux demandes d'une clientèle désirant des smartphones plus grands, à Apple Pay qui donne bien l'impression d'avoir réussi là où d'autres se sont cassés les dents. Et bien sûr, ce début 2015 sera marqué par le lancement de l'Apple Watch qui conserve encore bien des secrets.

La montre connectée, ainsi que les autres produits qu'Apple a certainement dans ses tuyaux (on songe à l'iPad Pro mais aussi au MacBook Air Retina 12 pouces) sont évidemment susceptibles de muscler des bénéfices toujours plus juteux. Mais AAPL ne sera pas à l'abri des mystères qui entourent le monde parfois sans queue ni tête des boursicoteurs. Le 1er décembre, l'action a ainsi pris un gadin de 6 % alors que rien dans l'actualité n'annonçait de soucis particuliers pour Apple : la faute en reviendrait (cela n'a pas encore été bien établi) à un algorithme de trading à haute fréquence un peu trop zélé. On est peu de choses…

C'est là en tout cas une preuve parmi d'autres d'une certaine volatilité de l'action d'Apple qui, malgré tout, reste encore sous-évaluée aux yeux de plusieurs analystes. Apple est la plus importante valorisation boursière de la planète : 647 milliards de dollars. Et l'entreprise est bien partie pour le rester en 2015.

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