Les avocats de GTAT accusent Apple, « tyrannique et pénible »

Anthony Nelzin-Santos |

« Tyrannique et pénible », Apple aurait poussé GT Advanced Technologies au bord du gouffre. C’est en tout cas ce qu’affirment des documents mis au jour par le Wall Street Journal, dans lesquels la société qui aurait dû fournir la firme de Cupertino en saphir synthétique demande à la justice de pouvoir casser ses contrats en cours.

Une Seiko Astron Solar GPS, à la glace courbe en saphir synthétique.

Des contrats, ou plutôt un contrat : celui qui lie GTAT à Apple. « GTAT estime disposer de nombreux éléments à l’encontre d’Apple », affirment les avocats du fabricant, éléments de nature à remettre en cause la relation contractuelle entre les deux sociétés. La firme de Cupertino devait prêter 578 millions de dollars à GTAT pour « accélérer le développement de sa technologie […] de production de saphir synthétique en volume et à bas coût », mais s’est révélée être un partenaire « capricieux ».

« L’investissement dans l’usine de production de saphir au bénéfice d’Apple n’est pas rentable », expliquent les représentants de GTAT. Insatisfaite par son fournisseur, Apple a en effet retenu le versement de la dernière tranche de financement : près de 139 millions de dollars sont alors venus à manquer, un trou qui a scellé le destin de GTAT.

Le fabricant, qui était connu pour ses panneaux solaires avant qu’il ne s’intéresse au saphir, tient aujourd’hui « à stopper l’hémorragie financière ». La rupture du contrat qui le lie à Apple, qui devra être annoncé par la justice, lui permettra de fermer son usine. Treize salariés percevront jusqu’à 64 700 $ chacun pour se charger de cette opération.

GTAT se réserve par ailleurs la possibilité de poursuivre Apple, preuve que le dossier est bien plus compliqué qu’il n’y paraissait de prime abord. Ces déclarations ne peuvent cependant faire oublier la conduite du CEO de GTAT, qui a mobilisé la trésorerie de la société pour monter une opération qui la rendrait déraisonnablement dépendante d’un seul client… avant de vendre ses actions quand le vent a tourné.

Le rôle d’Apple n’est pas beaucoup plus clair. Peut-elle réellement prétendre qu’elle ne savait pas qu’elle mettrait en difficulté son partenaire en se montrant inflexible sur les conditions de son financement ? Compte-t-elle aujourd’hui délier GTAT de ses obligations, ou au contraire le maintenir dans son giron et l’aider à se relever ? Ce saphir est décidément bien trouble.

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