Google veut contrer le H.265 avec VP9

Christophe Laporte |
Ce n'était certainement pas l'annonce la plus sexy de la Google I/O, mais c'est certainement l'un des grands enjeux de ces prochains mois. Alors que le H.264 commence à se faire vieux, la question de sa succession est ouverte…

Son successeur désigné, le H.265, devrait commencer à se généraliser l'année prochaine (lire : H.265 : l’ITU officialise le successeur du H.264). Avec son codec, le VP9, Google cherche à prendre tout le monde de vitesse. Celui-ci est intégré sous forme de bêta dans Chrome 28. L'utilisateur doit l'activer lui même. Il sera activé par défaut dans Chrome 29 dont le cycle de développement doit débuter le 24 juin. Les spécifications relatives à ce nouveau codec seront finalisées une semaine avant.



Quels sont les points forts du VP9 ? Ronald Bultje, l'un des concepteurs de ce codec, est dithyrambique à son sujet : « Si vous adoptez VP9, vous constaterez rapidement que vous aurez des avantages par rapport aux H.264 ou VP8. Vous pourrez économiser environ 50% de la bande passante en encodant vos vidéos avec le VP9 au lieu du H.264 ».

En matière de performances, le VP9 est en fait très proche du H.265. Ce dernier offre la même promesse, il permettra grosso modo d'offrir un fichier quasiment deux fois plus petit qu'en H.264, le tout avec une qualité vidéo équivalente.

D'ailleurs, Ronald Bultje, ne dit pas le contraire. Il concède même un très léger avantage au H.265 en matière de qualité d'image. Il serait 1 % meilleur, mais cela varierait beaucoup d'une vidéo à l'autre…

Mais c'est avant tout une histoire de gros sous. Comme souvent, Google tente d'imposer une technologie en jouant sur sa gratuité alors que le H.264 est soumis à une licence. La question de la gratuité des codecs VPx fait d'ailleurs l'objet d'une importante passe d'armes entre les géants de l'industrie high-tech.

Son prédécesseur, le VP8, violait la propriété intellectuelle de 12 sociétés. Même si Google n'est pas forcément d'accord, le géant de l'internet a changé sur certains points la façon dont fonctionne le VP9 par rapport à son prédécesseur, et a signé un accord avec le MPEG LA en mars dernier (lire : VP8 : Google et le MPEG LA trouvent un accord).

C'est sans doute insuffisant pour régler le problème. D'une part, il n'est pas dit que les nouvelles techniques employées n'enfreignent pas certains brevets. D'autre part, Nokia a annoncé son intention quoi qu'il arrive d'en découdre si Google tentait de standardiser son codec.

Le Finlandais liste 64 brevets et 22 demandes de brevets qu’elle pourrait opposer à Google si la firme de Mountain View s’entêtait à poursuivre dans ses efforts de reconnaissance du VP8 et de son successeur le VP9. Si Nokia obtenait gain de cause, la gratuité des codecs de Google sauterait de fait (lire : Nokia veut bloquer la standardisation du codec VP8 de Google).

Cette situation confuse est préjudiciable à l'essor des codecs de Google, qui sont boudés par l'immense majorité des poids lourds de l'industrie. Avec YouTube, Google reste et de loin le principal utilisateur de ses codecs. Mais pour le géant de l'internet, l'enjeu en vaut clairement la chandelle. L'utilisation du VP9 dans YouTube va lui permettre d'économiser beaucoup de bande passante. Et on l'a vu ces derniers mois, il s'agit d'une problématique très délicate pour Google avec les fournisseurs d'accès (lire : Google et Free : une bataille à coups de tuyaux).


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