Quelle a été la plus grande réussite d'Apple de la décennie ?

Mickaël Bazoge |

La décennie, qui s'achèvera à la fin de cette année 2020 (mais on va faire comme si) a été une des plus riches de l'histoire d'Apple. Le constructeur s'y est redéfini, a créé de nouveaux marchés, a révolutionné des usages. Tour d'horizon, et sondage !

Bravo, Tim Apple !

Mais avant d'évoquer quelques unes des plus brillantes réussites d'Apple de la dernière décennie, arrêtons-nous un instant… sur ses plus grands ratages ! Notre précédent sondage a suscité un grand débat (plus de 300 commentaires, et pas que des trolls) et consacré deux grands gagnants perdants : le clavier papillon arrive en tête avec 22% des voix, suivi juste après par l'AirPower, avec 21% des votes. Ping est troisième sur le podium, loin derrière avec 10%.

Mais cessons les moqueries : la décennie a aussi et surtout été l'occasion pour Apple de briller dans de nombreux domaines. À vous de décider !

iPad (2010)

Après des années de rumeurs, Apple dévoile finalement sa tablette, l'iPad, le 27 janvier 2010 (la commercialisation débutera en avril). Dès sa première version — qui n'était pas exempte de défauts —, l'iPad est un coup de maître qui s'appuie sur l'expertise engrangée par le constructeur avec l'iPhone… Bien que la tablette ait été imaginée avant le smartphone.

Alors que Microsoft et d'autres s'y étaient cassés les dents quelques années auparavant, Apple relance complètement le concept de tablette avec un produit intuitif, simple et design, la quintessence du savoir-faire du constructeur à l'époque. Sans oublier l'apport de la puce A4, premier système-sur-puce développé en interne par Apple, et qui allait connaitre de nombreuses déclinaisons.

Le succès est rapidement au rendez-vous, en particulier grâce à un argument qui fait mouche : le prix ! Lors de la présentation de l'iPad, Steve Jobs a pris un malin plaisir à démentir les bruits de couloir qui donnaient l'appareil à 1 000 $ : en fait, elle en coûtait moitié moins.

D'abord vendu comme un outil de consultation et de client bureautique léger, l'iPad s'affirme de plus en plus comme un outil productif. Côté puissance, l'iPad Pro n'a pas grand-chose à envier au Mac, mais il reste encore un peu de travail à accomplir pour qu'iPadOS soit au même niveau que macOS.

L'iPad, présenté comme un intermédiaire entre les smartphones et les ordinateurs portables, a gagné sa place comme plateforme à part entière. La tablette peut aisément devenir l'ordinateur principal chez monsieur tout-le-monde, elle peut également devenir l'ordinateur principal pour les plus aguerris et les professionnels, pour peu qu'ils identifient bien leurs besoins.

Accessit — Pour l'ensemble de son œuvre, l'iPad Air 2 mérite une distinction ! Sortie à l'automne 2014, cette tablette marque son époque par sa finesse (6,1 mm), la présence du bouton d'accueil Touch ID, ses performances et… sa longévité. Elle a longtemps été recommandée même après sa sortie de piste, en mars 2017.

iPhone 4 (2010)

Dans le cœur et l'esprit de tous ceux qui ont eu la chance d'en posséder un, l'iPhone 4 demeure le smartphone de référence. L'appareil représentait vraiment « l'état de l'art » chez Apple à l'époque : un design inégalé, la puce A4 déjà à l'œuvre dans l'iPad et un écran haute définition.

Le design d'abord, un sandwich de verre et de métal qui contraste avec le châssis tout plastique des deux précédentes générations. Un ensemble de toute beauté qui reviendrait au goût du jour : la rumeur annonce en effet que les iPhone de 2020 pourraient de nouveau emprunter ces formes.

L'iPhone 4 c'est aussi et surtout un écran exceptionnel : certes, la dalle du smartphone conserve sa petite taille de 3,5 pouces, mais elle multiplie le nombre de pixels, passant de 480 x 320 (163 pixels par pouce) à 960 x 640 (326 ppp). Résultat : il est impossible de distinguer un pixel à l'œil nu, à moins de s'approcher de très près. D'où le terme « Retina » qui a fait florès chez Apple.

Si l'iPhone 4 a marqué son époque, c'est aussi pour au moins deux mauvaises raisons : la première, c'est le lancement de la version blanche dix mois après celle de la mouture noire. Apple a eu toutes les difficultés du monde à produire cette teinte… Et surtout, l'appareil a forcé le constructeur à organiser en catastrophe une tournée générale de bumpers : il pouvait arriver que la main bloque la réception cellulaire de l'iPhone !

MacBook Air 11 pouces (2010)

Durant cette décennie, le MacBook Air est devenu l'ordinateur emblématique d'Apple. Fin, léger, bien équipé, suffisamment puissant pour répondre à un maximum de besoins, c'est la machine de prédilection pour les étudiants, les bons pères de famille, les utilisateurs n'ayant pas besoin de la force de frappe des modèles Pro… et ceux qui ont un budget restreint.

Depuis 2008, le MacBook Air se contentait d'une seule diagonale, c'est à dire un écran de 13 pouces. En octobre 2010, Apple décide de décliner son ordinateur dans une version plus petite de 11 pouces (11,6 pouces exactement). Ce lointain successeur du regretté PowerBook G4 de 12 pouces fait le pont entre l'iPad et les modèles de MacBook de plus grande taille.

Un positionnement intriguant, mais couplé à une connectique complète (pour l'époque : deux USB-A, un MagSafe, un mini DisplayPort et un port jack), un clavier et un trackpad de qualité, le châssis en aluminium de ses prédécesseurs, des performances honnêtes et un prix d'attaque, ce petit modèle a rapidement conquis les cœurs (et les portefeuilles).

En octobre 2016, Apple faisait une croix sur cette gamme, ne laissant plus que le MacBook Air 13 pouces à son catalogue. Tout en espérant secrètement que les utilisateurs se reporteraient sur un MacBook 12 pouces qui, malgré son écran Retina, n'est pas parvenu à faire oublier le valeureux petit MacBook Air.

MacBook Pro avec écran Retina (2012)

Après l'iPhone 4 et l'iPad 3, c'est au tour du Mac d'intégrer des écrans Retina. En juin 2012, le nouveau MacBook Pro 15 pouces est lancé, suivi en octobre de la même année par un MacBook Pro 13 pouces flambant neuf. Leur point commun, c'est leur dalle haute résolution, et plus rien ne sera pareil : quand on a goûté au Retina, on ne revient pas en arrière !

Le panneau de préférences Moniteur du MacBook Pro mi-2012, en 2012.

Un saut en avant qui profite aux utilisateurs : malgré une taille d'écran identique, on case davantage d'éléments et le rendu est fin et détaillé. Le Retina est devenu la norme sur tous les produits d'Apple, même si la transition a été particulièrement longue : le vaillant MacBook Air 13 pouces à écran pas Retina s'est accroché au catalogue jusqu'en juillet 2019 !

Apple TV HD et Apple TV 4K (2015 et 2017)

Après avoir beaucoup tenté sans jamais y parvenir tout à fait, Apple a trouvé sa voie sur le marché de la télé connectée avec l'Apple TV de 4e génération, en 2015, rebaptisée Apple TV HD depuis le lancement il y a trois ans de la version 4K. Enfin, quand on dit trouver sa voie, le constructeur a quand même pas mal tâtonné.

Il s'est d'abord agi de répliquer le modèle de l'App Store, avec un système d'exploitation dédié, tvOS, et une boutique d'applications. Mais le succès de cette formule a été mitigé : il est difficile de migrer des apps pour les petits écrans d'iPhone au grand téléviseur familial. Et les jeux, cible naturelle pour le divertissement de salon, ne sont pas parvenus à émerger sur la plateforme pour une raison toute simple : Apple n'a pas cru bon de fournir une manette, à acheter en plus. La télécommande Siri n'est pas bonne à grand chose, et c'est pire encore pour le jeu vidéo.

L'Apple TV a largement muté en agrégateur de contenus, sous l'impulsion de l'application du même nom qui regroupe et organise l'ensemble des programmes provenant d'apps tierces (du moins, celles qui sont compatibles n'est-ce pas Netflix). Dans ce rôle, le boîtier n'est pas vilain, sa puissance et ses capacités techniques — comme le support du Dolby Atmos — en font un solide boîtier de streaming.

Et qui sait, peut-être que la prise en charge par tvOS 13 des manettes de la Xbox et de la PS4 ainsi que l'ouverture d'Apple Arcade finiront par transformer l'Apple TV en console de salon compétente.

Apple Watch Series 2 et watchOS 3 (2016)

L'Apple Watch Series 2 n'est pas si différente de ses prédécesseures : le design est sensiblement identique, les performances progressent comme on peut s'y attendre, on gagne une meilleure résistance à l'eau ainsi qu'un GPS. Ce qui fait la différence, c'est watchOS 3.0 : cette nouvelle version du système d'exploitation donne enfin un sens à la montre connectée.

On s'est longtemps demandé ce qu'Apple avait cherché à faire avec l'Apple Watch, le constructeur ayant donné l'impression de ne pas le savoir lui même. En mettant de côté les prétentions horlogères et les fonctions de communication (rappelez-vous du monstrueux émoji animé qui tirait la langue), watchOS 3.0 a mis l'accent sur le suivi de l'activité physique et sportive.

Ce « soft reboot » a (re)donné du sens au produit, un sillon qui est depuis creusé consciencieusement par Apple : le cardiofréquencemètre s'est amélioré avec la Series 4, qui a aussi intégré un électrocardiogramme, des fonctions de détection des chutes et de bruit pour le niveau sonore. Un vrai petit assistant médical…

Accessit — Avec la Series 5, l'Apple Watch est passée du statut d'ordinateur de poignet à celui de… montre, grâce à son écran toujours allumé ! L'heure s'y affiche en tout temps, y compris quand on ne regarde pas. Comme une vraie montre en fait, même si Apple doit encore améliorer certains points, comme le support des apps tierces par cet écran always-on, par exemple.

AirPods (2016)

Les écouteurs sans fil ont fait la démonstration que loin d'être ringarde ou dépassée, Apple demeure toujours une force culturelle. Les AirPods ont certes été moqués… mais ils sont dans les oreilles du monde entier, et les perspectives sont encore plus optimistes avec les AirPods Pro et leur isolation acoustique active (et un prix plus élevé !).

AirPods et AirPods Pro.

En tant qu'« ordinateurs audio », les AirPods ont encore une grosse marge de progression dans d'autres secteurs que l'écoute de musique, que ce soit en termes de communication, d'assistance (avec Siri), de fitness et de santé — on verrait bien Apple y intégrer des capteurs de suivi —, et même pour la réalité augmentée. L'ère des AirPods ne fait que commencer !

iPhone X (2017)

Après avoir épuisé absolument toutes les variations autour du design « savonnette » hérité de l'iPhone 6, Apple se décide enfin à faire table rase du passé avec l'iPhone X — X comme « dix » histoire de saluer le dixième anniversaire du smartphone. C'est d'abord par le design que l'on aborde cette nouvelle génération, avec un écran « bord à bord » (même si les bordures restent assez épaisses) surmonté d'une encoche.

Pour donner le maximum de place à l'écran, Apple a troqué le bouton Touch ID par Face ID, une technologie révolutionnaire de reconnaissance faciale. Souvent imité, et pas encore tout à fait égalé par le monde Android (le Pixel 4 intègre tout le nécessaire, mais son Face Unlock n'est pas aussi complet), Face ID a trouvé une place sur l'iPad Pro… avant le Mac ?

En plus du mode Portrait à l'avant rendu possible par la kyrielle de capteurs intégrés dans l'encoche, l'iPhone X est aussi le premier du genre à intégrer la technologie OLED, en lieu et place du LCD. Ce smartphone, qui reste toujours aujourd'hui parfaitement efficace, a posé les bases des générations qui ont suivi : les iPhone XR, XS, 11 et 11 Pro s'appuient tous sur ce bon vieux X. Avant le ripolinage de 2020 ?

Les emballages d'Apple

Cela fait indéniablement partie de « l'expérience » Apple : ouvrir l'emballage d'un nouveau produit est toujours un grand moment pour l'utilisateur. Il y a cette odeur inimitable, et surtout le dévoilement du produit : un moment qui évoque immanquablement le jour de Noël. Apple a hissé le packaging au rang d'art.

Plusieurs exemples viennent en tête, comme l'emballage de l'Apple Watch qui, pour le coup, ressemble vraiment à une pochette surprise : les deux paquets contenant la montre et le bracelet sont emballés dans un papier cadeau ! Le déballage du Mac Pro est tout aussi spectaculaire, à tel point qu'Apple livre… un mode d'emploi.

La décennie de la sécurité et de la confidentialité

Fini les codes à quatre ou six chiffres pénibles à se rappeler et à saisir : avec Touch ID en 2013 avec l'iPhone 5s, puis Face ID avec l'iPhone X en 2017, Apple a rendu l'étape du déverrouillage complètement transparente. Les deux systèmes de reconnaissance biométrique ont leurs atouts et aussi leurs irritants, mais on peut avancer sans trop se tromper qu'ils sont au bénéfice de l'utilisateur.

Le constructeur pourrait d'ailleurs aller encore plus loin en combinant les deux technologies dans un même iPhone — dès 2020 ou en 2021 ? Patience, on finira bien par le savoir. Au-delà de la technologie, l'entreprise a aussi pris fait et cause pour la sécurité des données et le respect de la vie privée. Tim Cook en a fait son cheval de bataille, particulièrement depuis 2016 et l'affaire de San Bernardino durant laquelle le FBI a réclamé à corps et à cris — mais en vain — une porte dérobée dans iOS.

La confidentialité est même devenue un argument de vente, même si tout n'est pas parfait.

Depuis, le CEO d'Apple a pris son bâton de pèlerin pour vanter les grands principes du respect de la vie privée, en demandant notamment au gouvernement américain de s’inspirer du règlement européen général sur la protection des données (lire : Tim Cook sur la confidentialité : « Nous avons heureusement l'exemple européen devant nous »).

Apple à votre service

Difficile d'établir un bilan objectif après cette première année durant laquelle Apple a tenté de s'établir comme un géant des services, tirant tous azimuts sur un maximum de ficelles : Apple News+, Apple Card, Apple Arcade et Apple TV+, ouf ! Les premiers enseignements indiquent néanmoins que tous ces services ne sont pas au même niveau (Apple News+ en particulier semble le plus faible d'entre tous).

Mais ce recentrage sur les services qui permet de faire les poches rentabiliser les centaines de millions d'utilisateurs de produits Apple (1,4 milliards d'appareils actifs dans le monde) n'a pas commencé en 2019. Apple Music a essuyé les plâtres en 2015, et depuis 2011, on peut acheter du stockage supplémentaire pour iCloud. Sans oublier la garantie AppleCare, la synchronisation des Photos et de la bibliothèque musicale, iTunes Match, et en un sens, Siri — dévoilé avec l'iPhone 4s en 2011 —, qui font tous partie de cette galaxie de services.

Maintenant, c'est à vous de vous engager: quelle est d'après vous la plus grande réussite d'Apple de la décennie ?

iPad
34% (2145 votes)
iPhone 4
17% (1056 votes)
MacBook Air 11 pouces
3% (176 votes)
MacBook Pro avec écran Retina
5% (326 votes)
Apple TV HD/4K
1% (62 votes)
Apple Watch Series 2 et watchOS 3
4% (284 votes)
AirPods
13% (817 votes)
iPhone X
15% (977 votes)
Les emballages d'Apple
1% (89 votes)
La décennie de la sécurité et de la confidentialité
5% (336 votes)
Apple à votre service
1% (81 votes)
Total des votes : 6349
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