Témoignages : les bêtas publiques d'Apple et leurs utilisateurs

Florian Innocente |

iOS 10 et macOS Sierra vont sortir en bêta publique très prochainement. Ce sera la deuxième version de développement pour ces deux OS. Celle dont on espère qu’elle gommera les plus gros problèmes que l’on rencontre aujourd’hui dans leur utilisation (lenteurs, gels temporaires, plantages intempestifs…).

Ce sera l’occasion pour les deux systèmes de se retrouver entre les mains d’utilisateurs lambda, qui se sont portés volontaires pour les évaluer. Justement, qu’en ont pensé ceux qui ont déjà tenté l’aventure ? C’était la question de notre appel à témoins dans les forums. Peu de réponses — moins de 20 —, tout le monde n’a pas envie (ou le temps) de jouer à ça, mais il y a des opinions variées et parfois tranchées.

Il y a trois programmes de test chez Apple. D’abord celui qui accompagne l’abonnement pour les développeurs. Puis, le programme AppleSeed où c’est Apple qui invite des utilisateurs à devenir testeurs. Enfin, celui des bêta publiques basé sur le volontariat. Ce dernier a été instauré avec Yosemite puis adapté à iOS.

Le goût du risque

Il y a les participants fidèles, comme Lindows. Amateur des machines à la Pomme depuis 1984 avec l’Apple IIe, il participe à ce programme depuis le début et s’est organisé en conséquence : « J’ai suffisamment de machines pour cela, sans risquer de perdre des données. Je suis aussi inscrit à AppleSeed pour des raisons professionnelles et personnelles. La chose qu’il me manque le plus souvent, c’est le temps. »

Pour Mr Bob, c’est la curiosité pour la refonte graphique d’OS X survenue il y a trois ans qui a motivé son inscription : « Un changement dans le design de l’interface, je ne pouvais pas attendre les 3 mois qui me séparaient du lancement. Et depuis, j’adhère à ce programme pour mon Mac (un MacBook Pro Retina) et mon iPhone, avec un certain plaisir. »

Du plaisir… sauf lorsqu’il y a un vrai gros problème. Il a connu une déconvenue avec l’une des versions de test d’El Capitan qui provoquait des instabilités dans les connexions Wi-Fi : « Unique mésaventure, indirectement liée au programme : j’ai eu une version buguée d’OS X avant les autres ; mais hors du programme de beta-test, j’aurais quand même eu la mise à jour […] J’ai été contacté par mail par l’équipe Wi-Fi d’Apple qui m’a demandé beaucoup de détails et de fichiers diagnostic. J’ai tout renvoyé mais n’ai eu aucune nouvelle depuis. Pas même un merci ou un coeur avec les doigts. »

Il explique cependant qu’il participe toujours à ce programme, jugeant la première version de macOS Sierra « déjà étonnamment stable et fluide ! »

MaamuT aussi a été échaudé par un incident survenu après l’installation, réalisée pourtant sur un disque externe, mais qui a corrompu sa sauvegarde Time Machine.

La tentation était forte pour darlangel5666 mais la raison l'a emporté : « Inscrit aux programmes de bêta, mais finalement pas installées l’année passée ». Pour une raison simple, la crainte de se retrouver avec des machines qui ne marchent plus très bien alors qu’il n’a qu’un exemplaire de chacune (MacBook Pro, iPhone et iPad).

Myka31 s’est retrouvé dans la même situation — une seule machine disponible — mais le goût pour la nouveauté a primé. Il a installé la bêta sur son MacBook Air mi–2012. Il est plus prudent s’agissant de son téléphone : « Je n’ai jamais rencontré de gros soucis alors que c’est ma machine principale. Je fais remonter les bugs que je trouve. Je pense de nouveau sauter le pas, plutôt autour de la 2e bêta publique, en fonction des commentaires. Pour iOS je ne pense pas franchir le pas, je trouve que les problèmes sont souvent plus problématiques et j’aime la fluidité de mon 6s. ».

Yosemite qui a inauguré le principe des bêtas publiques pour OS X

Il y a ceux qui installent juste pour voir et ceux qui alimentent l'application Assistant d’évaluation en commentaires, tel mbk28 : « Je participe à l’ensemble des bêta tests sur mon MacBook Pro, mes iPad mini et Pro ainsi que mon iPhone 6 Plus. Je n’ai jamais rencontré trop de problèmes, sauf avec la toute première beta d’El Capitan qui était vraiment très instable. J’ai logué plus d’une cinquantaine de bugs et certains ne sont toujours pas corrigés. »

Non, pas question

D’autres lecteurs sont plus critiques à l’encontre de ces bêta-tests ouverts à un public qui sort du cercle réduit des développeurs et testeurs triés sur le volet. Melaure en conteste le principe même : « Les bêtas publiques, c’est comment faire bosser les clients au lieu de payer une vraie cellule d’industrialisation qui doit faire le boulot correctement… Je trouve qu’on se moque sérieusement de nous, sachant la marge faite sur les produits… c’est à eux de faire ce travail, et en fignolant !!! » Même sentiment pour daffyb : « Je n’y adhère pas, parce que j’ai autre chose à faire que le boulot d’Apple ».

On peut leur accorder qu’en dépit de ces bêta-tests à grande échelle, ni iOS ni OS X ne se sont retrouvés prémunis contre des vagues de bugs importants, alors qu’Apple aime à répéter qu’elle est le chef d’orchestre de ses matériels et de ses logiciels, et qu’elle lance peu de nouveaux ordinateurs ou appareils iOS comparé au monde PC et Android. Quelques exemples qui ont fait la une :

On a gardé le meilleur pour la fin, avec le constat désabusé/amusé de Maldavée : « Je suis utilisateur des versions dites finales, et vu de leur finalisation j’estime que je peux me compter au rang des beta-testeurs ».


Comment bêta tester ?

Il faut d’abord faire acte de candidature sur le site d’Apple en utilisant son Apple ID. On enregistre ses appareils et on télécharge un fichier qui permettra à OS X et iOS de détecter la mise en ligne des bêtas publiques.

Lorsqu’on veut cesser de les recevoir on dispose d’une option dans le panneau App Store des réglages de macOS, et la manipulation est décrite ici pour iOS.

Apple prévient d’emblée qu’il faut prendre des précautions :

Il est fortement déconseillé d’installer des versions bêta de logiciels sur des systèmes utilisés à des fins de production ou d’activités critiques. Nous recommandons fortement d’installer les versions bêta de logiciels sur des appareils ou systèmes secondaires, ou encore sur une partition secondaire de votre Mac.

Si vous préférez les tester sur votre Mac principal, le plus sûr est de réaliser un clone du système stable sur un autre disque, pour pouvoir écraser la version bêta si jamais les choses ne tournaient vraiment pas rond.

Les bêta testeurs ont à leur disposition un utilitaire baptisé Assistant d’évaluation. C’est une sorte de client mail dans lequel on reçoit les annonces de nouvelles versions disponibles. Il sert surtout à envoyer des rapports de bugs aux ingénieurs d’Apple.

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Ces rapports sont remplis dans un formulaire où l’on précise la nature du problème et son contexte. On peut y adjoindre des captures d’écran pour mieux illustrer son propos. Tout cela peut être rempli en français.

Enfin, avant d’envoyer le message, l’assistant collecte des informations techniques sur votre environnement (si l’on préfère, on peut les supprimer avant expédition). Il arrive ensuite que l’on échange avec un développeur d’Apple pour détailler certains points.

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Pour le reste, ce sont des mises à jour système tout ce qu’il y a de plus classiques. Elles s’installent comme des versions stables, via le Mac App Store sur Mac et via Réglages sur iOS.

  • Le fil de discussion pour ces témoignages est ici.
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