Google dans le viseur de Microsoft

Stéphane Moussie |
Depuis novembre dernier, Microsoft a lancé une campagne de communication contre Google avec le site Scroogled, néologisme signifiant « se faire avoir par Google ». Le premier chapitre était consacré à Google Shopping, qui tromperait l'utilisateur selon Redmond, contrairement à Bing.

La deuxième partie, amorcée en février, s'attaque à Gmail qui « parcourt absolument tous les courriers [...] pour vendre des pubs basées sur vos messages les plus privés », ce qu'Outlook ne ferait pas, assure toujours Microsoft. Et l'entreprise d'indiquer cette semaine à CNET qu'elle continuera sa campagne « tant que Google continuera à se moquer [scroogling, en version originale] des gens ».

Sous ses airs de défense des consommateurs, cette action de la part de Microsoft ne vise bien sûr qu'à promouvoir ses propres produits en dénigrant ceux de la concurrence, quitte à prendre quelques libertés avec la réalité. Bing met aussi en avant des offres payées et Outlook scanne les titres des emails pour afficher de la publicité ciblée.



L'angle d'attaque pour faire vaciller Google ne se limite pas à des pratiques marketing. L'entreprise de Steve Ballmer a ainsi déposé plainte l'année dernière auprès de Bruxelles contre Motorola Mobility, filiale de Mountain View, pour abus de ses brevets sur des standards technologiques.

Le Wall Street Journal révèle maintenant que Microsoft soutient un projet de loi qui vise à interdire aux entreprises qui fournissent des services dans le nuage aux écoles et aux universités d'exploiter commercialement les données recueillies. Google, qui propose Google Apps for Education, une suite de services en ligne, est directement visé par ce projet de loi, reconnait Microsoft qui est derrière celui-ci.

Un porte-parole de Mountain View a fait valoir auprès du Wall Street Journal que les publicités étaient désactivées par défaut dans Apps for Education. « Ce n'est pas parce que les publicités ne sont pas affichées aux étudiants que les données ne sont pas utilisées d'une autre manière », a rétorqué un représentant de Microsoft.

Par cette manœuvre, la firme de Redmond entend à nouveau tacler Google qui marche sur ses plates-bandes. Google Apps for Education revendique 20 millions d'utilisateurs, tandis que Microsoft annonce 22 millions pour Office 365 Education.

Fin janvier, Steve Ballmer déclarait que le milliard d'utilisateurs d'Office n'était pas un plafond indépassable, en mentionnant notamment le rôle des étudiants : « De plus en plus d'étudiants ont un niveau d'étude plus élevé, et vont aller vers de plus en plus de professions où chaque jour ils travailleront avec l'information ». D'où l'importance cruciale du marché de l'éducation que Microsoft ne veut pas laisser filer à Google.

Le Financial Times révèle par ailleurs que Google et Opera sont derrières l'amende de 561 millions d'euros infligée par la Commission européenne à Microsoft pour n'avoir pas respecté l'accord passé en 2009 sur le ballot screen. Selon les sources du journal, Google et Opera ont averti Bruxelles sur la bévue de Redmond et fourni leur aide aux enquêteurs.
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