Le M-Disc, un DVD indestructible

Anthony Nelzin-Santos |
Malgré les efforts d'Apple, CD et DVD ne sont pas encore à la retraite : le moment où ils deviendront obsolètes s'approche peu à peu, mais est encore loin — très loin. Même si ces supports physiques et leurs lecteurs sont encore produits dans 20 ou 50 ans, rien ne garantit que vous puissiez alors encore lire vos CD et DVD d'aujourd'hui.



L'étude « Longévité de l'information numérique » du CNRS avait en effet montré que ces supports physiques n'étaient pas particulièrement fiables, notamment lorsqu'ils sont réinscriptibles : « les fabricants ont voulu nous faire croire que leurs supports de stockage conserveraient nos données une éternité. Ce n'est pas le cas » expliquant alors Franck Laloë, co-auteur du rapport (lire : CD et DVD : des supports peu fiables ?). Le problème vient de la manière même dont CD, DVD et BD sont conçus : même si les conditions de stockage sont optimales, les différentes couches (support polycarbonate — données —, couche réflective — lecture des données —, vernis protecteur — protection des données —) finissent par se désolidariser.

Le risque est de ne plus pouvoir lire le support : si la couche organique sur laquelle sont moulées (pressage) ou inscrites (gravure) les données se dégrade par délamination ou si la couche réflective placée juste au-dessus se décolle, les données peuvent être perdues. Depuis plusieurs années, de nombreuses sociétés travaillent sur le concept de « century discs », des disques capables d'affronter plusieurs siècles sans se dégrader. Le principe est à chaque fois le même : il s'agit d'inscrire les données dans un matériau plus stable.

Si plusieurs travaux ont essayé de résoudre la quadrature du cercle avec un matériau capable de réaliser à lui tout seul ce que font les différentes couches d'un CD, Millenniata et LG ont choisi une voie médiane : le M-Disc est toujours constitué de différentes couches. Mais il comporte moins de couches, et celle où sont inscrites les données est composée d'un matériau « semblable à de la pierre » : les deux sociétés n'ont pas voulu dévoiler le nom du matériau en question, mais il serait donc très stable, et n'aurait pas besoin de cette fameuse couche réflective si sensible. Le centre de recherche de la division NAWCWD du ministère américain de la Défense américain a fait subir au M-Disc de nombreux tests de fiabilité : aucun disque n'aurait présenté de dégradation, contrairement aux autres supports testés.



Millenniata et LG veulent lancer le M-Disc dès octobre prochain, dans un format capable de stocker 4,7 Go dans un premier temps (DVD), autant qu'un BD par la suite, en 4x pour le moment, 8x plus tard. Le M-Disc est lisible par les lecteurs actuels, mais requiert de nouveaux graveurs, que LG se fera un plaisir de fournir. Un disque coûtera moins de 2 € l'unité.
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