GDC : le streaming de jeux en force

Arnaud de la Grandière |
Les grands esprits se rencontrent : après OnLive, deux autres services de streaming de jeux sont annoncés. Mais chacun a été élaboré des années durant en ignorant l'existence des autres.

Nous vous avons parlé à plusieurs reprise d'OnLive, un service original de distribution de jeux en ligne : le rendu des images est calculé par un serveur distant, et celles-ci sont diffusées sur votre écran sans que votre machine ne fasse le moindre calcul. Elle se contente d'envoyer vos impulsions pour piloter le jeu. Les avantages sont multiples : plus besoin de machine dernier cri pour vous, tous les jeux fonctionnent indifféremment sur Windows, Mac OS X, iPhone, iPod touch, iPad, et une micro-console spécifique pour jouer sur la télé.



Les jeux se lancent immédiatement, sans temps de chargement, et sans installation, et sont toujours à jour sans que vous n'ayez rien à faire. Vous pouvez partager vos exploits en vidéo grâce à un système de "replay" intégré à tous les jeux, mais également assister à d'autres parties en direct, etc. Plus de DRM gênant, vous pouvez jouer sur n'importe quelle machine du moment que votre connexion est à la hauteur. Pour les éditeurs, c'est la garantie de la fin du piratage de leurs titres, et accessoirement du marché de l'occasion.

Le service, un projet lancé il y a huit ans, est en beta-test depuis cet hiver et OnLive vient d'annoncer qu'il ouvrirait ses portes au public américain le 17 juin. Il en coûtera $14,95 par mois, mais cet abonnement n'offre que l'accès au service de base (démonstrations de jeux, réseau social, et accès aux vidéos). Il faudra débourser un peu plus pour accéder aux jeux complets, soit à l'achat, soit à la location. La grille tarifaire sera dévoilée ultérieurement.

Mais OnLive n'est plus toute seule sur ce créneau. David Perry, bien connu pour des jeux tels qu'Earthworm Jim ou Enter the Matrix, a lancé un système similaire, Gaikai, mais celui-ci se focalise d'abord sur l'Europe. Le service sera prochainement en beta-test. Contrairement à OnLive qui utilise un plugin spécifique, Gaikai se base entièrement sur Flash pour afficher la vidéo et transmettre les commandes, le service fonctionnera donc sur Mac.



Enfin, Jules Urbach a présenté hier soir son propre service, Otoy. Celui-ci s'appuie sur une offre matérielle conjointe de Supermicro et AMD, des supercalculateurs nommés Fusion Render Cloud, qui intègrent 125 serveurs, pour un total de 250 processeurs Opteron "Magny Cours" et 500 puces graphiques basées sur les Cypress d'AMD, capables de déployer chacune quelques 2,7 teraFLOPS (2,7 billions, ou deux mille sept cent milliards d'opérations en virgule flottante par seconde). Chaque serveur peut desservir 3.000 utilisateurs en HD (en 720p ou 1080p à 60 Hz) ou 12.000 utilisateurs en définition standard (à 120 Hz). Otoy pour sa part prend en charge l'aspect logiciel : l'encodage de la vidéo HD se fait à très haute vitesse (moins d'une milliseconde par megapixel). De l'autre côté de la ligne, le système fonctionne sur Windows, Mac OS X, Android, Windows Mobile, iPhone OS (iPod touch, iPhone, iPad), et des set-top box basées sur processeur ARM. Le décodeur vidéo en lui-même ne pèse que 4 Ko !

Si le système gère sans broncher les jeux (Urbach déclare avoir testé près de 400 jeux sans problème), il ne s'arrête pas là puisqu'il permet également de livrer de la vidéo HD en streaming, ainsi que des applications. Dassault Systems a ainsi été en mesure de faire une démonstration de SolidWorks (lire : SolidWorks en cours de portage sur Mac) sur un simple NetBook…



Mais Otoy prend également une approche différente des deux autres services. Au lieu de proposer un système clé en main à l'image d'OnLive, Otoy n'est qu'un prestataire de service : libre à tout fournisseur d'accès, éditeur de logiciels, ou autres, de proposer ce système aux utilisateurs finaux. En outre, différents SDK seront proposés par des développeurs tiers, tels que Unity, Crytek, Epic, et Silicon Studio. Jules Urbach est également à la tête de la société LightStage, qui dispose d'un procédé révolutionnaire de motion capture (on l'a notamment vue à l'œuvre dans L'étrange histoire de Benjamin Button, et elle a obtenu un oscar pour Avatar). Otoy permet justement d'exploiter les données capturées par LightStage.

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