L’action Tesla a connu de meilleurs jours. Actuellement autour de 123 $, sa valeur a chuté de près de 70 % en un an et pour l’heure, rien ne semble stopper sa chute. Alors que le constructeur américain faisait jusque-là figure d’exception dans le monde automobile, sa valorisation boursière n’est plus aussi impressionnante qu’il y a encore six mois. Certes, l’économie n’est plus aussi florissante et la majorité des entreprises cotées en bourse a aussi souffert ces derniers mois, mais cela ne suffit pas à expliquer ces difficultés.

Au-delà du contexte économique global que Tesla subit sans pouvoir, l’entreprise doit composer avec l’acquisition de Twitter menée par son CEO. Pour financer son achat à 44 milliards de dollars, Elon Musk a notamment exploité ses parts dans Tesla, vendant des actions pour plusieurs dizaines de milliards de dollars depuis le début de l’année. Il est l’un des plus gros actionnaires du constructeur et ces ventes massives conduisent à une baisse mécanique du cours de l’action. En théorie, il a fini de vendre et promet de ne plus toucher à ses actions restantes pendant 18 à 24 mois au minimum, mais ce n’est pas la première fois qu’il fait une promesse de ce type.

Même s’il arrête de vendre pour de bon, ces ventes successives ne sont peut-être pas le facteur le plus important dans la baisse du cours de Tesla. Alors que l’entreprise avait séduit les marchés boursiers par sa capacité à maintenir et même augmenter ses profits en dépit des pénuries de composants et autres difficultés récentes, elle a du mal à convaincre de la pérennité de ces atouts. Le catalogue de commandes s’est vidé, les stocks se sont remplis et le constructeur a été contraint de réaliser des promotions exceptionnelles dans le monde entier pour ne pas se retrouver avec des milliers de voitures sur les bras.

Aux États-Unis et en Chine tout d’abord, mais aussi désormais en Europe, Tesla réduit le prix de ses voitures encore en stock pour vider ses parkings de stockage. Les offres varient d’un pays à l’autre, mais tout le monde a droit à 10 000 km de supercharge gratuite pour toute voiture livrée avant le 31 décembre. Un cadeau déjà exceptionnel, mais qui n’a pas été suffisant, si bien que Tesla a appliqué une remise de 3 000 € sur son catalogue, une action exceptionnelle de la part d’une entreprise qui n’offre aucune marge de négociation.

Même la Model Y Propulsion lancée en Europe à la fin de l’été a bénéficié de cette réduction. Et avec 3 000 € de moins sur son tarif de base, elle passait sous la barre fatidique des 47 000 €, ce qui la rend éligible au bonus écologique maximal de 6 000 € en France. Soit une Model Y vendue à 40 990 € seulement, du jamais vu ! Tesla a bien essayé de faire croire à un bug, mais les plus rapides ont bel et bien reçu une facture finale à ce prix défiant toute concurrence. Alors qu’elle était à un tarif intéressant sur le marché, ce manque de ventes trahit peut-être un problème profond pour le constructeur.

Voilà en effet qui contraste fort avec la situation qui était la sienne au printemps, avec plus d’un an d’attente sur ses voitures. Entre temps, Tesla a non seulement réussi à augmenter ses productions, mais le climat économique a aussi conduit à des annulations, si bien qu’il n’y a quasiment plus aucune attente. Est-ce un mauvais signe pour son avenir ? L’entreprise a-t-elle mal jugé la demande et mis en place trop tôt ses immenses usines ? C’est ce qu’une partie des marchés financiers semble envisager.

Pour Tesla, la fin du premier trimestre 2023 sera sans doute encore plus importante que la moyenne. Selon l’état des stocks et des futures commandes, sa valorisation boursière pourrait être bien différente…