HP bloque les cartouches tierces pour éviter les malwares… et gagner plus

Florian Innocente |

Depuis le début de l'année, HP fait l'objet d'une action de groupe aux États-Unis en réaction à une politique de blocage du fonctionnement des cartouches d'encre de tierces parties installées sur ses imprimantes, grâce à une mise à jour firmware.

Ce procédé, baptisé Dynamic Security, qui vise à imposer l'utilisation de cartouches dûment estampillées HP n'est pas nouveau, il fut mis en place en 2016. À l'époque le constructeur a dû faire machine arrière devant le tollé consécutif à la distribution d'une mise à jour qui bloquait ces cartouches sans que l'utilisateur ne le sache.

Enrique Lores, CEO de HP.

C'est de nouveau ce qui s'est passé l'année dernière, au grand dam des clients, et qui a conduit à cette action en justice. Dans une interview sur CNBC, le CEO de HP, Enrique Lores, a défendu cette politique. Son premier argument a été de faire valoir que ces cartouches d'autres marques enfreignent la propriété intellectuelle de son groupe.

HP continue de faire n'importe quoi avec les DRM de ses cartouches d'encre

Un autre argument avancé a été celui de la sécurité. D'après Lores, HP a constaté qu'il est possible d'installer un malware dans les composants mémoires programmables des cartouches tierces qui pouvaient ensuite utiliser la mémoire de l'imprimante comme passerelle pour infecter un réseau. L'explication, reprise par Ars Technica a laissé quelque peu sceptique. Il a bien été démontré, par le passé, dans le cadre d'une chasse aux bugs organisée par HP, que l'on pouvait installer un malware dans la RAM d'une imprimante, via une cartouche d'encre d'une autre marque (ça ne fonctionnait pas avec celles d'HP). Cet intrus restait présent dans l'imprimante même après le retrait de la cartouche.

Il n'a pas été démontré que ce procédé a pu être exploité et HP a rapidement bouché la faille. En outre, cette démonstration technique n'a eu lieu que six ans, en 2022, après le lancement du programme Dynamic Security. En résumé, un remède a été proposé plusieurs années avant la découverte d'un problème de sécurité.

Au-delà de cette chronologie inversée, Enrique Lores n'a fait aucun mystère des raisons qui poussent HP à bloquer les cartouches concurrentes. Le fabricant « vend à perte sur les imprimantes », a-t-il dit, mais il gagne de l'argent sur les cartouches. L'objectif à terme, a-t-il ajouté, est de faire de l'abonnement le mode de relation privilégiée avec le client. Cela existe déjà avec le programme Instant Ink, mais HP veut le développer au maximum. Quitte à y aller aux forceps. Lores avance des avantages comme celui d'un reconditionnement des cartouches retournées par le client, mais il est très clair aussi sur la rentabilité plus importante pour son activité imprimantes que ce changement de modèle économique peut induire.

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