Phil Schiller : le Magic Keyboard uniquement pour les utilisateurs pro pour le moment

Mickaël Bazoge |

C'est dans les vieux pots que l'on fait la meilleure soupe. Depuis 2015 et l'inauguration, avec le défunt MacBook 12 pouces, du clavier papillon, c'est l'hallali pour Apple qui n'a cessé d'essuyer les critiques sur le sujet. Après la mise en place d'un coûteux programme de remplacement, le constructeur est revenu à de meilleurs sentiments et surtout, à une technologie éprouvée : le mécanisme « ciseaux ».

La Pomme a même tellement besoin de rassurer que dans sa communication, elle fait appel à un clavier connu de tous et réputé pour sa fiabilité à toute épreuve : le Magic Keyboard. C'est d'ailleurs le nom du clavier du nouveau portable, signe que le constructeur cherche absolument à rassurer les utilisateurs. On verra s'il passera l'épreuve du temps (a priori, les premiers retours sont plutôt positifs). En attendant, Phil Schiller le vice-président en charge du marketing a sorti les rames pour expliquer ce retour en arrière dans une longue interview à Cnet.

Il y avait bien des gens qui appréciaient le clavier papillon qui offrait une « plateforme bien plus stable pour les touches ». Mais d'autres utilisateurs n'étaient vraiment pas heureux de ce clavier, admet le VP, qui évoque aussi les « problèmes de qualité » qui ont nécessité plusieurs révisions. On en est à la troisième génération du papillon et pourtant, tous les problèmes ne sont pas résolus.

Il y a quelques années, nous avons décidé que pendant que nous continuons à améliorer le clavier papillon, nous voulions aussi ― spécialement pour nos utilisateurs professionnels ― revenir en arrière et vraiment discuter avec eux sur ce qu'ils désiraient dans un clavier, et nous avons fait beaucoup de recherche. Cela a représenté un projet très impressionnant, la manière dont l'équipe d'ingénierie est entrée dans la physiologie et la psychologie de la frappe clavier, pour savoir ce que les gens adorent.

Et tout cet investissement pour… revenir au bon vieux mécanisme ciseaux, en somme. Les utilisateurs interrogés par Apple demandaient « quelque chose comme le Magic Keyboard ». L'équipe d'Apple s'est inspirée de la technologie en l'adaptant à un ordinateur portable. Cela ne signifie pas pour autant que l'on retrouvera ce Magic Keyboard dans de futurs MacBook grand public : « Nous continuons d'avancer sur le clavier papillon, et nous avons créé le nouveau Magic Keyboard pour les portables Pro ». Autrement dit, les utilisateurs des futurs MacBook Air ne sont pas à l'abri des problèmes qui affectent toujours le clavier papillon…

Phil Schiller ne dit pas explicitement que les MacBook « pas Pro » n'accueilleront pas un jour un Magic Keyboard. Cela relève d'une logique de communication, bien sûr. Néanmoins, il rappelle que « les claviers en général prennent beaucoup de temps [à développer]. Les gens sous-estiment l'investissement nécessaire pour un clavier, c'est pourquoi la plupart des claviers dans l'industrie ne changent pas pendant dix ou vingt ans. Les adapter à un portable, c'est beaucoup de travail ».

Le MacBook Pro 16 pouces a été l'occasion pour Apple de tout remettre en question, le clavier comme la Touch Bar. « Il y a un assez grand nombre de clients qui utilisent la Touch Bar et y voient un bénéfice fonctionnel, mais il y a eu des plaintes aussi. Si je devais classer les plaintes, la numéro 1 serait la touche Esc. L'adaptation était trop difficile pour beaucoup de gens », explique Schiller.

Décision a donc été prise de séparer la touche Echap du reste de la barre tactile, quant au bouton Touch ID il avait déjà divorcé de la Touch Bar avec le MacBook Air. « C'est la meilleure solution pour le plus grand nombre de personnes ». Il y a aussi plus d'espace entre le bloc du clavier et la Touch Bar, ce qui a été rendu possible par l'agrandissement de 2% des dimensions de la caisse : « Il y a eu quelques plaintes, je ne dirais pas majeures, de plusieurs personnes qui touchaient accidentellement la Touch Bar alors qu'ils voulaient accéder à la rangée des chiffres ».

Quant à la pertinence de la barre tactile, si on peut toujours l'interroger, Phil Schiller assure qu'il s'agit d'une vision « dépassée » des choses : « Si les gens y regardaient de plus près, [ils verraient] que la plupart des applications l'utilisent maintenant (…) Notre équipe de relations avec les développeurs les aident à prendre en charge la Touch Bar ».

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