Test de l’iMac Pro 2017 : de l’Ethernet 10 Gbps sous-employé

Anthony Nelzin-Santos |

Parce qu’il a bien failli remplacer le Mac Pro, parce qu’aucun autre Mac n’est aussi puissant, parce qu’il ne vaut pas moins de 5 499 €, l’iMac Pro mérite un traitement particulier. Au-delà de nos traditionnels tests de performances, nous vous proposons d’étudier certains aspects de l’iMac Pro, pour mieux comprendre cette machine très spéciale et mieux informer votre éventuelle acquisition. Sixième article de cette série, que vous pouvez suivre avec le mot-clef « Test iMac Pro 2017 », consacré aux ports de l’iMac Pro.

Après avoir publié nos premières conclusions sur l’iMac Pro octacœur à 3,2 GHz, reprenons nos tests avec un nouvel iMac Pro, cette fois doté d’un processeur Intel W-2150B décacœur à 3 GHz et d’une carte AMD Radeon Pro Vega 64 avec 16 Go de mémoire HBM2. Plus précisément avec le dos de ce nouvel iMac Pro, où l’on trouve les entrées/sorties.

Commençons par le commencement et donc par la prise casque 3,5 mm. Une « simple » prise casque depuis 2015 et le retrait de la sortie numérique S/PDIF, qui prend en charge une profondeur de 16 à 24 bits et une fréquence d’échantillonnage de 44,1 ou 48 kHz, et remplit son office sans broncher mais sans briller.

Vient ensuite le lecteur de cartes SD, non seulement conservé, mais amélioré, puisqu’il prend en charge les nouvelles cartes UHS-II. L’UHS-II est à l’UHS ce que l’USB 3.0 est à l’USB 2.0 : un nouveau standard plus rapide qui utilise de nouvelles broches tout en conservant les anciennes. Les cartes SD USH-II (et les futures cartes UHS-III) possèdent ainsi deux jeux de broches, les huit traditionnelles le long du bord supérieur, et les huit nouvelles juste derrière.

En théorie, ces cartes peuvent atteindre des débits de 156 Mo/s (en mode full duplex, où une ligne reçoit des données pendant que l’autre en envoie) à 312 Mo/s (en mode half duplex, où les deux lignes sont utilisées pour envoyer des données). Et en pratique ? Avec une carte SanDisk Extreme Pro de 64 Go, qui coûte 129,90 € tout de même, nous avons frôlé 200 Mo/s en lecture et dépassé 240 Mo/s en écriture.

Continuons notre lancée : voici venus les quatre ports USB 3 au format USB-A, autant que sur l’iMac 5K, et les quatre ports Thunderbolt 3 au format USB-C, deux de plus que sur l’iMac. Rien de renversant, mais rappelons tout de même que les ports Thunderbolt 3 permettent de profiter pleinement des systèmes RAID externes à SSD, comme le LaCie Bolt3 capable de rivaliser avec le SSD interne. Passons, donc, pour enfin arriver au port Ethernet.

L’iMac Pro est le premier Mac doté d’un port Nbase-T, qui permet de transférer des données à 10 Gbps jusqu’à 100 mètres avec un câble à paire torsadée avec le protocole Ethernet 10 GbE. L’intérêt ? Pouvoir travailler en réseau aussi rapidement ou presque qu’en local, c’est-à-dire à plusieurs centaines de Mo/s, sans devoir déployer un coûteux réseau à fibre optique. Nous avons mis ce port à l’épreuve avec un switch Netgear Nighthawk Pro SX10 (env. 300 €) et un NAS Netgear ReadyNAS 626X (env. 1 750 €).

Chacune des six baies du NAS a reçu un disque Seagate Barracuda Pro de 4 To, et les six disques réunis dans un volume RAID 5 géré par X-RAID, le système de RAID flexible de Netgear. Nous avons utilisé le protocole SMB3 pour transférer des petits et gros fichiers, décharger et monter des vidéos 4K, et réaliser des mesures synthétiques.

Conclusion : les débits atteignent 330 Mo/s en lecture et 220 Mo/s en écriture. Nous n’avons jamais travaillé aussi rapidement en réseau, puisque l’Ethernet Gigabit plafonne à 128 Mo/s en théorie, autour de 110 Mo/s en pratique. Pourtant, ces résultats sont exécrables. Il suffit d’installer Windows 10, sans rien changer par ailleurs, pour atteindre 1,2 Go/s en lecture et frôler 960 Mo/s en écriture.

Comble du ridicule, une option « Améliorer macOS » se cache dans la section SMB de l’interface d’administration de Netgear, et permet de grappiller… 2 ou 3 Mo/s. Rien n’y fait, pas même les conseils prodigués par Apple elle-même, il est impossible d’atteindre ne serait-ce que la moitié des débits réalisés sous Windows. La lenteur de l’implémentation SMB de macOS est bien documentée, et empêche de profiter pleinement de l’Ethernet 10 GbE.

Il est dès lors vain de déplorer l’absence d’un deuxième port Ethernet, qui restera sans doute la prérogative du Mac Pro, mais qui permettrait de former un lien agrégé à 20 Gbps et donc totalement saturer les disques. L’iMac Pro intègre des ports modernes et rapides, dans une quantité suffisante pour faciliter l’intégration dans un environnement de travail existant (si besoin avec quelques adaptateurs), mais la fête est un peu gâchée.

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