iMac Retina 4k : le détail qui gâche tout

Christophe Laporte |

À la rédaction, les machines de test se succèdent tout au long de l’année (enfin surtout à la fin de l’année). Certaines ne suscitent plus une grande curiosité sauf de la part du testeur (c’est le cas du MacBook Pro 15” par exemple), d’autres au contraire ont ce petit plus qui fait qu’on n’hésite pas à faire joujou avec dès que le testeur a le dos tourné.

Ce fut le cas pour le MacBook et incontestablement, l’iMac 21,5 pouces avec écran Retina 4K appartient aussi à cette seconde catégorie. Cette machine a quasiment tout pour elle : un design très mignon (nettement moins imposant que le 27”), un écran Retina de très grande qualité, un processeur qui satisfera le commun des mortels…

Malheureusement, un point vient tout gâcher : le disque dur. Comme indiqué dans notre test, celui-ci se révèle moins rapide qu’un disque dur présent sur un iMac de 2011. Comment Apple peut-elle faire cela ? On ne parle pas d’une machine d’entrée de gamme (sur laquelle on aurait « toléré » une telle pingrerie), mais d’une machine vendue 1699 €, et qui représente le haut de gamme en 21,5”.

La stratégie d’Apple est claire et nous a été parfaitement résumée récemment par un revendeur : pousser à tout prix le consommateur à prendre au moins l’option Fusion Drive 1 To facturée 120 €.

Apple a toujours poussé les utilisateurs à monter en gamme. Cela fait partie du jeu, sauf que ces dernières années, certaines configurations sont de plus en plus des faire-valoir. Et là où Apple incitait le client à prendre des options supplémentaires sur une configuration, elle le force presque désormais. C’est d’autant plus vrai que ces machines sont fermées comme jamais et ne pourront pas connaître une seconde vie grâce à des ajouts ou remplacements d’éléments internes.

Dans les réactions, un lecteur affirmait récemment que son iMac 24“ acheté il y a quelques années connaissait une seconde jeunesse depuis qu’il l’avait doté d’un SSD et de 8 Go de RAM. Rien de cela n’est possible sur cet iMac 4K, il faut tenter d’évaluer, dès la commande, ses besoins futurs.

En début de semaine, nous évoquions les lenteurs de certaines transitions sur Mac comme le passage au Retina, ou l’homogénéisation de la connectique. On aurait pu évoquer la question du stockage. Les portables d’Apple, à l’exception du MacBook Pro 13" SuperDrive, affichent des débits en lecture/écriture qui sont sans commune mesure avec l’iMac et le Mac mini. D’ailleurs, sur les portables, c’est l’un des secteurs où les gains sont les plus importants d’une génération sur l’autre.

Alors oui, il est difficile de proposer à des coûts raisonnables des SSD de 1 ou 2 To sur les iMac. Par contre, le Fusion Drive est un excellent compromis. Trois ans après son introduction, on s’étonne qu’Apple n’ait pas davantage généralisé cette idée. Il commence seulement à être proposé de série à partir de l’iMac 27” de milieu de gamme, lequel coûte la bagatelle de 2 299 €. C’est d’autant plus frustrant qu’Apple est parvenue à réaliser des économies sur le Fusion Drive 1 To, lequel n’embarque plus que 24 Go de mémoire flash, contre 128 Go précédemment. Et justement, ce Fusion Drive rachitique aurait été parfait pour des configurations d’entrée / milieu de gamme.

Au passage, on s’étonne de manière générale d’une certaine clémence à ce sujet de la presse high-tech notamment aux États-Unis. Ce test de Macworld en est un parfait exemple. La liste des défauts (et pas des moindres) est beaucoup plus longue que celle des qualités, le problème du disque dur est reconnu, mais cela n’empêche pas le testeur de lui accorder un très bon 4/5. Si après cela Apple ne se sent pas confortée dans ses choix…

Alors, l’argument que certains emploient souvent pour défendre Apple sur le sujet, c’est que cela convient parfaitement au commun des mortels. Le problème, c’est que le « commun des mortels » utilise depuis des années déjà des smartphones ou des tablettes qui offrent un niveau de réactivité sans rapport avec cet iMac.

Comment expliquer qu’un ordinateur qui coûte 1 700 € soit moins réactif qu’un iPad qui coûte trois fois moins cher ? D’autre part, on entend à longueur de journée chez les dirigeants d’Apple, que la technologie doit être transparente… Pas certain que l’utilisateur qui doit attendre plus d’une minute le démarrage de son ordinateur, chèrement payé, fraîchement installé et pas encore alourdi de logiciels supplémentaires, trouve la technologie de cet iMac très transparente.

D’où cette énorme déception, au lieu de faire de cet iMac 4K une machine incroyablement séduisante, Apple en a fait une machine frustrante. Frustrant !

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