Prise en main de l’iMac Retina 5K

Nicolas Furno |

L’iMac Retina 5K est arrivé à la rédaction ! Pour commencer, nous avons commandé un modèle d’entrée de gamme, à savoir un iMac avec un Core i5, un quadricœur cadencé à 3,5 GHz, mais qui peut monter à 3,9 GHz en cas de besoin. Nous n’avons pas touché à la configuration originale et nous avons donc 8 Go de mémoire vive (deux barrettes de 4 Go), un Fusion Drive de 1 To et une carte graphique signée AMD, une Radeon M9 M290X avec 2 Go de mémoire dédiée. Et naturellement, un écran Retina 5K avec 14,7 millions de pixels, pas un de moins.

En attendant notre test complet, voici nos premières impressions sur cet iMac haute définition vendu 2599 €. Est-il aussi impressionnant qu’Apple veut bien le dire ? On fait un rapide tour du propriétaire !

Avant de commencer, rappelons que l’iMac Retina est disponible sur l’Apple Store en ligne avec un délai de 5 à 7 jours ouvrables pour la configuration de base. Si vous voulez la modifier pour quelque chose de plus musclé, l’attente peut également s’allonger, mais a priori, toutes les configurations achetées en ligne sont livrées avec ce délai. Les boutiques Apple Store ont commencé aussi aujourd'hui à présenter l’ordinateur et vous devriez pouvoir l’acheter dès demain.

Un écran aussi impressionnant que prévu

Apple n’a pas manqué de vanter les mérites de l’écran Retina de son iMac. Pendant le keynote, le constructeur a insisté sur les 14,7 millions de pixels, sur les composants spécifiques créés pour les gérer et sur le soin apporté pour obtenir la dalle de la meilleure qualité possible (lire : iMac Retina : ce que l’on sait (et ne sait pas) sur l’écran). Le tout, sans augmenter l’épaisseur de l’ordinateur qui doit rester extrêmement fin (5 mm sur les bords) et tout en réduisant la consommation énergétique.

Les écrans Retina sont loin d’être neufs chez Apple : on a pu les expérimenter pour la première fois sur les iPhone avec l’iPhone 4 en 2010, puis les iPad et les Mac en 2012 avec l’iPad 3 et le MacBook Pro Retina. On a eu le temps de s’habituer, mais il faut reconnaître que retrouver un écran aussi défini sur 27 pouces reste une expérience impressionnante. Dès le premier allumage, on est surpris par la finesse de l’affichage et par l’absence de pixels : comme sur les autres appareils Retina, on ne voit plus les pixels, même en s’approchant de l’écran.

À l’usage, la différence est vraiment sensible, mais le gain le plus immédiat pour l’utilisateur est peut-être la souplesse apportée par les pixels supplémentaires. On n’est plus bloqué à la définition native de la dalle, on peut désormais affiner l’affichage et ainsi avoir plus d’éléments à l’écran, ou au contraire agrandir la taille de ces éléments. Pour construire son iMac Retina, Apple a suivi la même méthode que pour ses MacBook Pro Retina : le constructeur a doublé le nombre de pixels de l’iMac standard dans les deux dimensions.

Ainsi, la définition de base est de 2560 x 1440 pixels et c’est toujours celle que l’on a par défaut quand on allume l’iMac Retina. Sauf que la dalle a une définition de 5120 x 2880 pixels et chaque pixel affiché à l’écran est en fait dessiné grâce à quatre pixels physiques. Pour obtenir un affichage parfaitement net, tous les logiciels doivent utiliser des ressources adaptées, mais c’est en général le cas aujourd’hui.

Sur cette capture d’écran, on a un iMac configuré par défaut, en 2560 x 1440 pixels. Physiquement, tous les éléments font la même taille que sur l’iMac standard et pour l’utilisateur, rien ne change, si ce n’est que les éléments sont mieux définis. On ne voit plus les pixels, tout est plus net, mais l’interface occupe exactement la même place à l’écran. Le gain, à l’usage, est le même que lorsque l’on était passé de l’iPhone 3GS à l’iPhone 4, ou de l’iPad 2 à l’iPad 3.

Capture d’écran du bureau configuré en mode par défaut (équivalent 2560 x 1440 pixels) — Cliquer pour agrandir

Tout l’intérêt de la méthode suivie par Apple pour le Retina, c’est qu’elle offre plus de souplesse. Ainsi, on a le choix entre quatre autres réglages qui agrandissent (deux options) ou réduisent (deux options) la taille physique des éléments à l’écran. Sans perdre en qualité et en gardant la même finesse d’affichage, l’utilisateur peut ainsi choisir entre un affichage beaucoup plus gros à l’écran — équivalent 1600 x 900 pixels — ou beaucoup plus petit — équivalent 3200 x 1800 pixels.

Si vous avez de bons yeux, ce dernier mode est très utile pour augmenter l’espace utile de l’écran et bénéficier sur un 27 pouces de l’équivalent d’un trente pouces, voire plus. À titre de comparaison, l’écran 34 pouces 21/9" de LG a une définition de 3440 x 1440 pixels : c’est plus en largeur, certes, mais pas beaucoup plus, et c’est moins en hauteur, le tout pour un encombrement vraiment réduit (lire Test du LG 34UM95, un écran 34 pouces 21/9). Au total, cet ajustement peut être idéal si vous voulez un grand espace de travail virtuel, tout en minimisant votre espace de travail physique.

Capture d’écran du bureau configuré en mode « Plus d’espace » (équivalent 3200 x 1800 pixels) — Cliquer pour agrandir

Au passage et pour l’anecdote, les captures d’écran réalisées avec cet écran Retina sont énormes… En mode « Plus d’espace », une capture est par défaut un fichier PNG de 6400 x 3600 pixels. Le tout pour un fichier qui dépasse allègrement les 10 Mo… de quoi rapidement remplir un disque dur !

Pour le reste des caractéristiques techniques, on n’avait pas à se plaindre des iMac, mais ce nouveau modèle est également à la hauteur. Même en laissant la luminosité sous la barre des 50 %, les couleurs restent vives et saturées, les contrastes sont très bons, les angles de vue excellents… bref pour le moment, nous n’avons aucune critique à faire sur ce point.

Des performances pas tout à fait à la hauteur ?

Un écran, aussi beau soit-il, n’a aucun intérêt sans les composants à sa hauteur pour l’alimenter de manière fluide. Comme pour le MacBook Pro Retina en son temps, Apple ne devait pas lésiner sur la qualité du processeur et surtout sur la carte graphique pour que les 14,7 millions de pixels de la dalle ne se transforment pas en cauchemar pour les utilisateurs. Il est encore trop tôt pour former un jugement définitif, mais après quelques heures d’utilisation, le bilan est positif… dans l’ensemble.

Côté processeur, on n’a rien à redire : l’option Core i7 à 4 GHz n’est pas en tête du classement de GeekBench sur les tests à un seul cœur pour rien. Apple a opté pour le processeur le plus puissant qui soit en utilisation monocœur à l’heure actuelle, point final (lire : L’iMac Retina sera plus rapide que le Mac Pro dans certains cas). Ça, c’est si vous optez pour l’option qui ajoute 250 € au prix de base. Dans notre modèle par défaut, on a un Core i5 « seulement », un processeur plus modeste, mais qui ne démérite pas.

Geekbench mesure les performances du processeur dans deux cas de figure. L’un, idéal, où les quatre cœurs sont exploités au maximum de leur potentiel ; l’autre, plus courant, où un seul est utilisé par le logiciel. Le premier est utile pour savoir si l’ordinateur est capable de réaliser correctement un traitement optimisé, comme une conversion vidéo par exemple. Le second est plus utile pour connaître les performances de la machine au quotidien (aller sur le web, écrire des mail…). Notez que ce Core i5 Quad ne gère pas l'Hyperthreading, contrairement à l'i7 Quad en option qui saura faire fonctionner jusqu'à 8 coeurs.

iMac Retina Core i5 Quad 3,5 GHz

Même avec cette configuration de base, l’iMac Retina parvient à toucher les anciennes configurations haut-de-gamme de l’année dernière avec un seul cœur. Ainsi, il fait presque aussi bien que l’iMac 27 pouces sorti à la fin de l’année dernière et équipé du Core i7 à 3,5 GHz en option (une machine vendue au minimum 2200 € sans écran Retina). Une belle performance, même si ce processeur se laisse distancer dès lors que l’on fait appel à plus d’un cœur à la fois.

On imagine toutefois que l’iMac Retina configuré avec le processeur haut-de-gamme devrait avoir des arguments à faire valoir, et pas uniquement contre les autres iMac. C’est le Mac Pro qu’il vise aussi, du moins pour les logiciels les moins optimisés qui sont aussi les plus nombreux. Dans ce graphique, à titre de comparaison, on a ajouté le Mac Pro de la génération actuelle, le plus puissant en configuration single core (Xeon E5 avec 6 cœurs à 3,5 GHz), mais même cette machine vendue à partir de 3500 € fait moins bien que l’iMac Retina de base avec un seul cœur.

Naturellement, la comparaison est assez gratuite et les deux machines n’ont pas le même objectif, mais on peut déjà dire, après avoir passé quelques heures avec l’iMac, que le processeur est largement assez rapide. Le Fusion Drive d’1 To qui équipe notre modèle n’a, lui aussi, posé aucun problème ; on ne l’a sans doute pas rempli assez pour saturer le SSD de 128 Go qui a été associé au disque dur de 1 To. Quoi qu’il en soit, la machine serait parfaitement rapide au quotidien… s’il n’y avait pas cet écran Retina.

Comme sur les premiers MacBook Pro Retina, le passage à la définition supérieure a un coût et, comme pour les portables avant lui, le tout-en-un en fait les frais. Précisons d’emblée qu’il ne s’agit probablement que de bugs qu’Apple corrigera lors de futures mises à jour d’OS X Yosemite, mais en attendant notre test, voici notre avis à chaud sur l’iMac Retina en version de base.

L’expérience dépend en fait très largement du paramètre d’affichage choisi. Si vous en restez aux réglages par défaut, si vous choisissez de conserver la définition affichée similaire à celle des iMac standard (2560 x 1440 pixels), vous aurez des performances toujours correctes. Par moment, vous pourrez noter une légère baisse de performances, mais rien de dramatique. En revanche, si vous appréciez, comme l’auteur de ces lignes, le réglage qui affine tout à l’écran, les performances ne sont pas encore au rendez-vous.

Ce n’est pas que cela ne fonctionne pas, mais comme cette vidéo tournée tente de le montrer, les ralentis sont encore nombreux. Trop pour que ce soit agréable. Parfois, on passe d’un espace à l’autre, ou on affiche une image avec Coup d’œil instantanément. Et puis parfois, il faut attendre une à deux secondes pour que l’animation se fasse enfin. Cela n’a l’air de rien, mais c’est énorme : on doit attendre que son ordinateur réagisse et ce n’est pas pour lui laisser le temps de faire un calcul complexe, non c’est juste pour de l’interface !

Encore une fois, ce n’est sans doute qu’un problème temporaire, et nous avons d’ailleurs déjà trouvé une forme de solution, en attendant mieux. En réduisant la transparence (dans les Préférences Système, puis « Accessibilité » et « Affichage »), on élimine la majorité de ces ralentissements. Ce qui nous laisse penser qu’il ne s’agit bien que d’un problème logiciel… mais à ce stade on ne peut que l’espérer. Souhaitons en effet que ce n’est pas la carte graphique, une Radeon R9 M290X d’AMD adossée à 2 Go de mémoire vidéo, qui est trop faible pour gérer cet écran Retina.

Pour en avoir le cœur net, il faudra tester un iMac équipé de l’option avec la carte plus puissante (AMD Radeon R9 M295X avec 4 Go de mémoire et 250 € de plus) et attendre les premières mises à jour d’OS X Yosemite. À ce stade, on est plutôt confiant… mais le doute demeure. Si vous devez franchir le pas et que vous ne supportez pas ce genre de latence, mieux vaut attendre un peu. On aura alors plus de recul et le cœur net sur cette première génération d’écrans Retina 27 pouces.

Si vous jouez, la question se pose en revanche différemment. On ne joue pas à la définition native et la carte graphique n’a pas besoin de gérer les 14,7 millions de pixels de la dalle. Nous avons utilisé l’outil Valley Benchmark qui simule au mieux les conditions d’un jeu et nous avons obtenu des résultats tout à fait satisfaisants. En effectuant le test en 1080p (1920 x 1080 pixels), on était au-dessus des 25 FPS avec les meilleurs réglages (qualité graphique sur Ultra et antialiasing sur X8), ce qui est correct. Et en diminuant les paramètres (antialiasing notamment), on peut facilement doubler la vitesse de l’image et avoir quelques chose de parfaitement fluide, au détriment de la qualité, forcément.

On prendra le temps de tester ce Mac plus longuement pour les jeux, mais a priori, il ne devrait pas poser trop de souci. À condition, bien sûr, de ne pas espérer jouer dans la définition native de l’écran…

Premier bilan

Après quelques heures passées avec cet iMac Retina — qui, au passage, est resté gentiment tiède pendant tout ce temps —, le bilan est facile à faire : il va être très très difficile de s’en séparer. L’iMac était déjà une machine fort séduisante, avec son profil affiné, son grand écran déjà de bonne qualité, ses enceintes étonnantes — on ne croirait pas qu’un son aussi ample sorte d’enceintes aussi petites — et tous ses autres avantages. En lui ajoutant un écran Retina, Apple atteint une sorte de Graal pour l’utilisateur des produits de la marque qui a eu le temps de s’habituer aux écrans Retina avec les appareils iOS puis les MacBook Pro.

Sur le papier, l’iMac Retina est parfait. Dans les faits, ce n’est pas aussi simple, mais il faut reconnaître que cette machine est très séduisante. C’est le cas quand elle est configurée par défaut, avec la même définition affichée que les iMac standard, mais avec cet affichage beaucoup plus net et précis. C’est encore plus impressionnant, à notre avis, quand on le configure pour en afficher plus à l’écran : on a alors un écran de 27 pouces physiquement sur son bureau, mais l’équivalent d’un 32, voire d’un 34 pouces devant soi.

Il faudra surveiller la question des performances et on gardera également un œil très attentif sur le phénomène d’images fantômes qui a touché la première génération de MacBook Pro Retina (nous n’avons rien repéré jusque-là). En attendant notre test complet, cet iMac Retina est une machine enthousiasmante, incontestablement !

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