Mozilla : « Jetez à nouveau un œil à Firefox »

Florian Innocente |

La décision de Microsoft d'utiliser Chromium pour les futures versions de son navigateur Edge sur PC, Mac et mobiles, est la source de vives inquiétudes pour Chris Beard, le patron de Mozilla.

Inquiétudes à plusieurs niveaux, comme il l'explique dans un billet de blog. En premier lieu pour la diversité en termes de moteurs de rendu de pages HTML : « Microsoft renonce officiellement à une plateforme partagée indépendante pour Internet. En adoptant Chromium, Microsoft cède encore plus de contrôle à Google sur les informations relatives à nos activités en ligne ».

Firefox

Firefox et Safari restent les deux seuls grands acteurs aujourd'hui à développer leurs propres moteurs de navigateurs. Microsoft se range dans le sillon de Chromium, comme Opera l'avait fait en 2013, en abandonnant le développement de Presto.

Apple est néanmoins un cas encore à part. Sur les mobiles, la plate-forme dominante aujourd'hui, la Pomme complique sévèrement la tâche de tous les navigateurs qui espèrent se faire une place sur iOS. Non seulement ils doivent utiliser le moteur de rendu de cette plateforme et abandonner le leur, mais Apple empêche aussi toute possibilité de sélectionner un navigateur par défaut autre que Safari.

Avec un moteur plus dominant encore grâce au renfort de Microsoft, Chris Beard redoute que les développeurs de sites ne s'embarrassent plus à assurer une compatibilité avec tout ce qui n'est pas Chrome et affiliés. Et de rappeler la sombre période d'Internet Explorer 6, devenu le mètre étalon des sites web : « C'est ce qui s'est passé lorsque Microsoft disposait d'un monopole sur le marché des navigateurs au début des années 2000 avant la sortie de Firefox. Et ça pourrait se reproduire ».

Il y a ensuite une inquiétude face à l'emprise de Google sur le web qui gagne quelques points encore :

D'un point de vue commercial, la décision de Microsoft semble avoir du sens. Google est si près du contrôle quasi total de l'infrastructure de nos vies numériques que continuer de le combattre pourrait s'avérer peu rentable. […] La domination de Google en matière de recherche, de publicité, de smartphones et de collecte de données crée des conditions de concurrence très désavantageuses pour le reste d'entre nous.

D'un point de vue social, civique et individuel, céder le contrôle d'une infrastructure Internet fondamentale à une seule entreprise est terrible. C'est pour cette raison que Mozilla existe. Mozilla est en concurrence avec Google non pas parce que c'est une bonne occasion de faire des affaires. Mozilla est en concurrence avec Google parce que la santé d'Internet et de nos vies numériques dépendent de la concurrence et du choix. Elles dépendent de la capacité des consommateurs à décider qu'ils attendent mieux que cela et à agir.

Chris Beard appelle en conclusion à donner une nouvelle chance à Firefox — « Il est radicalement mieux que ce qu'il était il y a 18 mois » — et de plaider à nouveau pour maintenir un environnement compétitif : « Votre utilisation aide les développeurs et les entreprises à penser au-delà de Chrome ».

En parallèle, Mozilla a annoncé qu'il travaillait avec Qualcomm pour réaliser une version ARM64 de son navigateur, optimisée pour fonctionner dans un Windows 10 tournant sur l'architecture ARM. Qualcomm a conçu un processeur, le Snapdragon 8cx destiné à donner un coup de fouet à ces PC face à leurs cousins restés sur Intel.

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