L'industrie de la pub envisage des actions radicales pour lutter contre les bloqueurs

Stéphane Moussie |

La publicité en ligne est à l'aube d'un cataclysme. En introduisant l'API Content Blocking dans iOS 9, Apple donne les moyens de créer des bloqueurs de pub simples, efficaces et opérant sur une plateforme majeure qui a été largement fermée à ce type de logiciels jusqu'à présent.

Adios, un bloqueur de pub en développement pour iOS 9 - Cliquer pour agrandir

En outre, cette API est aussi incluse dans OS X El Capitan, ce qui permet de créer des ad blockers synchronisés entre les deux plateformes. Redoutable.

Alors qu'il fait peu de doutes que ces logiciels rencontreront un gros succès, AdAge rapporte que l'Interactive Advertising Bureau (IAB), la principale organisation qui regroupe les acteurs de la pub sur internet, réfléchit à une riposte. Et certaines mesures en discussions sont radicales.

Ainsi, le président de l'IAB Tech Lab, le « centre de recherche et développement » du lobby, préconise que les 100 plus gros sites bloquent en même temps leur contenu aux visiteurs qui surfent avec un ad blocker activé. Une mesure déjà prise par certains sites, mais il s'agirait là de faire une véritable opération coup de poing.

D'après David Moore, les autres membres de l'IAB trouvent que c'est une « bonne idée », mais qu'elle est difficile à mettre en place. Il faudrait en effet convaincre ces fameux 100 plus gros sites.

Autre mesure radicale discutée, poursuivre en justice les créateurs de bloqueurs de pub. L'angle d'attaque serait que les bloqueurs « interfèrent avec la capacité des sites web à afficher tous les pixels qui font partie de leurs pages », ce qui pourrait « aller à l'encontre de certaines lois. » Prudent, David Moore indique quand même qu'il n'est aucunement avocat, mais que des personnes compétentes étudient le sujet.

Pour l'heure, cette action est « loin » d'être retenue, insiste l'IAB, mais elle est analysée. En Allemagne, des médias qui avaient tenté la voie légale pour interdire Adblock Plus (gérée par la société allemande Eyeo) s'y sont cassé les dents. Leurs arguments, jugés non recevables, étaient que l'extension était anticoncurrentielle et mettait en péril la possibilité d'offrir « gratuitement » du contenu aux internautes. En France, le Geste, qui rassemble les principaux éditeurs en ligne, a réalisé des consultations juridiques fin 2014, mais n'est pas passé à l'action.

Image bandeau de une : Chensiyuan, GFDL

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