Noreen Krall, l'avocate à la tête de la politique judiciaire d'Apple

Stéphane Moussie |

« Si le litige sur les brevets d'Apple est la "guerre thermonucléaire" sur les technologies et les design de smartphones dont Steve Jobs avait parlé à son biographe, alors Noreen Krall est son Feldmarschall », amorce Bloomberg le portrait qu'il dresse de Noreen Krall, conseillère juridique en chef de Cupertino.

« Elle maîtrise des décisions très importantes, comme quel cabinet d'avocats embaucher, comment gérer les ressources, combien prendre de temps à Tim Cook », explique John Thorne qui travaillait comme avocat pour Verizon. « Il n'y a pas de précédent historique à ce que Noreen Krall est en train de faire », estime-t-il en parlant de la victoire d'Apple face à Samsung. Et de faire de cette femme, placée sous la hiérarchie du vice-président Bruce Sewell, une pièce maîtresse de ce succès.

Mark Chandler, avocat général de Cisco et connaissance de Noreen Krall, ne tarit pas d'éloge lui non plus sur l'employée d'Apple. Pour lui, les gens dans la position de sa consœur doivent être les « maîtres de l'échiquier » avec une capacité d'anticipation « presque paranoïaque ».

Le parcours de Noreen Krall est assez classique. Elle décroche un diplôme en droit à la fin des années 1990 à l'université de Denver alors qu'elle travaille dans le même temps pour IBM, le plus gros possesseur de brevets aux États-Unis. Elle fait ensuite un tour à l'USPTO, l'Office américain des brevets, avant de rejoindre Sun Microsystems où elle occupe le poste d'avocate en chef de la propriété intellectuelle pendant cinq ans.

Une plainte déposée par Network Appliance (NetApp) contre Sun sur la violation supposée de sept brevets sur ZFS est la première affaire dirigée par Noreen Krall. « Elle a fait travailler ensemble les avocats et les ingénieurs, ce qui n'arrive pas toujours dans les entreprises technologiques, pour comprendre comment la technologie a fonctionné et évaluer les forces et les faiblesses des brevets », dévoile Greg Papadopoulos, directeur de la technologie du groupe à cette époque. Un procès qui se solde par un accord confidentiel entre les deux firmes après que Sun a riposté en accusant NetApp d'enfreindre sa propriété intellectuelle.

« Il y avait une blague qui circulait à Sun qui disait que nous étions vraiment contents qu'elle soit de notre côté », raconte Papadopoulos. Mais son rôle à Sun reste limité en l'absence « d'esprit offensif » de l'entreprise, et Apple la débauche en mars 2010, le même mois que le premier dépôt de plainte contre HTC. Période durant laquelle sévit également le procès face à Nokia qui se soldera par un accord à l'amiable à 400 millions d'euros par an.

Celle qui mène à la baguette les actions en justice d'Apple dans plus de trente juridictions aujourd'hui a tout de même rencontré quelques revers, comme dernièrement une plainte contre Samsung rejetée au Japon. Mais rien qui lui enlève son titre de « Juridique 2.0 » que lui attribue Papadopoulos « pour sa capacité à prendre une stratégie juridique à un autre niveau » que tout le monde.

crédit photo : CIP Forum 2009
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