Acquisition d'Activision : Microsoft remporte la partie en Europe

Mickaël Bazoge |

Après le camouflet subi fin avril avec le « no » retentissant du régulateur britannique, Microsoft peut panser ses plaies : l'entreprise a obtenu l'autorisation de la Commission européenne pour acheter Activision Blizzard King (un chèque de 69 milliards de dollars). Le feu vert n'allait pas de soi au début de cette aventure débutée en janvier 2022.

Crédit : Commission européenne

Microsoft a en effet fait l'objet d'une enquête approfondie de la part des fins limiers de Bruxelles, et proposé des ajustements afin d'arracher cet accord. La Commission a estimé que l'éditeur ne serait pas en mesure de porter préjudice aux consoles concurrentes et aux services concurrents d'abonnement à des jeux. Le régulateur constate que Microsoft n'aurait aucun intérêt à refuser de distribuer les jeux d'Activision à Sony : en Europe, le constructeur japonais vend quatre PlayStation pour une Xbox, l'intérêt pour l'Américain est donc de distribuer les jeux d'Activision sur cette plateforme.

Et quand bien même Microsoft retirerait les jeux d'Activision de la PlayStation, la Commission pense que cela ne portera pas de « préjudice grave » à la concurrence. Certes, Call of Duty est une licence très populaire, mais moins en Europe qu'ailleurs dans le monde. Les services européens à la concurrence relèvent néanmoins les risques qui pèsent sur le segment des jeux en streaming, tout en les atténuant :« malgré son potentiel, le streaming de jeux en nuage est aujourd'hui très limité ».

Pour répondre à cette problématique du cloud gaming, Microsoft s'est engagé à autoriser la diffusion de « tous les jeux actuels et futurs d'Activision Blizzard pour PC et pour consoles » sur les services de streaming de jeux et ce, pendant 10 ans et en Europe. Cette mesure corrective permettra « à des millions de consommateurs de l'Espace Economique Européen (EEE) de diffuser en streaming les jeux d'Activision en utilisant n'importe quel service de jeux en nuage dans l'EEE ».

En fin de compte, la Commission a donc conclu que cette acquisition ne posera plus de problème de concurrence. L'opération apportera même « des avantages considérables pour la concurrence et les consommateurs ». Microsoft remporte donc une manche, mais l'entreprise est encore loin d'avoir gagné la partie. La CMA britannique a donc posé son véto qui fera l'objet d'un appel. Du côté américain, la FTC (Federal Trade Commission) n'est pas non plus très partante pour cette acquisition.

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