Le Bitcoin plombe l'économie du Salvador

Félix Cattafesta |

Au Salvador, la spectaculaire chute du Bitcoin inquiète. La cryptomonnaie numéro 1 est récemment passée sous la barre des 30 000 dollars, bien loin de son record historique de 68 000 dollars en novembre 2021. Si cette dégringolade effraye, c'est parce que le Bitcoin est une des monnaies officielles du pays : les analystes doutent des capacités du Salvador à rembourser sa dette.

Maquette de Bitcoin City, présentée par le président du Salvador Nayib Bukele sur son compte Twitter.

Pour le président du Salvador, l'adoption du Bitcoin en septembre 2021 était une bonne occasion de refléter l'image d'un pays moderne via de grands projets comme la création de « Bitcoin City », une ville dédiée au minage ou encore de « Bitcoin Beach », un village balnéaire où les commerces font la part belle aux cryptos. L'autre monnaie du Salvador étant le dollar, l'adoption du Bitcoin était aussi un bon moyen pour le gouvernement de se détacher des États-Unis tout en ayant un meilleur contrôle sur sa politique financière.

Si la nouvelle a tant fait parler à l'époque, c'est parce qu'elle est également très risquée. La décision avait immédiatement alarmé le FMI, qui a demandé aux autorités de « réduire le champ d'application de la loi Bitcoin en supprimant son cours légal ». En effet, le cours très volatil de cette nouvelle monnaie influence directement les caisses de l'état.

Plus de six mois après son adoption, c'est la question du remboursement de la dette qui inquiète. Le Salvador va devoir rembourser 800 millions de dollars en janvier 2023, ce qu'il ne sera pas en mesure de faire si le cours du Bitcoin ne repart pas : il se retrouverait alors en cessation de paiements. Une épée de Damoclès qui ne semble pas inquiéter plus que ça le président du pays, qui a annoncé sur Twitter avoir réinvesti plus de 15 millions de dollars suite à la chute des cours.

Bien que le président croie dur comme fer que la cryptomonnaie va remonter, les analystes sont moins optimistes. Entre la guerre en Ukraine, le COVID-19 en Chine et un resserrement de la politique monétaire aux États-Unis, les investisseurs ont tendance à fuir les actifs volatils.

Plusieurs agences de crédit ont abaissé la note du Salvador, une donnée sur laquelle se base le marché pour évaluer la probabilité d'un défaut de paiement de la dette. Plus la note est faible, plus le pays est considéré comme à risque et doit payer des taux d'intérêt élevés à ses créanciers. Les agences Fitch et Moody's ont attribué la note de « CCC » au Salvador, une des notes les plus basses qui impose des taux particulièrement importants.

Au Salvador, la cryptomonnaie n'intéresse pas vraiment les citoyens malgré plusieurs campagnes de communication. D'après une étude, seule une part minime de la population s'en servirait encore plusieurs mois après son lancement, tandis qu'une entreprise sur cinq accepterait les transactions en Bitcoin.

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