Acquisition d'Arm : un long chemin semé d'embûches pour Nvidia

Mickaël Bazoge |

Les obstacles sont encore très nombreux sur la route qui permettra — peut-être — à Nvidia d'empocher Arm. Il ne suffit pas en effet d'un gros chèque, 40 milliards de dollars en l'occurrence, pour réussir son coup. Il faut aussi et surtout décrocher le feu vert des régulateurs de la concurrence des pays où les deux entreprises exercent une activité, et c'est là que ça se coince.

D'abord au Royaume-Uni, pays de naissance d'Arm. L'autorité de la concurrence britannique a annoncé le 6 janvier qu'elle allait enquêter sur cette vente, annoncée en septembre dernier, et contre laquelle se bat Hermann Hauser le cofondateur de l'entreprise. La Competition and Markets Authority va, avec ses homologues partout dans le monde, analyser l'impact de cette acquisition et s'assurer qu'elle n'aura pas de conséquences fâcheuses pour les clients d'Arm.

Outre-Manche, se pose également la question de la défense nationale. Arm est la dernière entreprise de technologie anglaise qui jouit d'une position dominante dans le secteur des microprocesseurs pour appareils mobiles, rappelle Hauser qui a lancé un site web destiné à « sauver Arm ». Il demande au gouvernement de Boris Johnson de mettre en place des barrières avant de donner son aval, dont une garantie sur l'emploi au Royaume-Uni et s'assurer que Nvidia ne bénéficiera pas d'un traitement préférentiel par rapport aux autres clients d'Arm.

Mais ce n'est pas tout. Intel et Qualcomm feraient pression sur les régulateurs de la concurrence américains pour freiner cette acquisition, voire la tuer dans l'œuf. La FTC (Federal Trade Commission) a manifestement l'intention d'aller au fond des choses après avoir demandé des documents internes à Nvidia concernant l'accord. La procédure américaine aura des effets sur l'enquête de la Commission européenne que l'on sait très à cheval sur le respect des règles de la concurrence.

Décrocher le sésame des autorités chinoises sera également une belle paire de manches. Arm possède 49% d'Arm China, une coentreprise locale avec un fonds privé lié au gouvernement de Pékin, d'où l'implication de la State Administration for Market Regulation (SAMR). L'examen chinois va intervenir à un moment délicat et pourrait servir de levier pour peser dans les relations avec la nouvelle administration Biden.

Ce processus pourrait demander 18 mois, au terme duquel le projet aura peut-être changé de forme. Pour satisfaire les exigences des régulateurs, Nvidia pourrait être amené à faire des concessions : il faut rassurer tous les clients — dont Apple — sur le fait qu'Arm conservera son modèle de licence, et aussi faire en sorte que tout le monde soit traité sur le même pied d'égalité. Y compris Nvidia.

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