James Dyson confirme au prix fort la difficulté de produire une voiture électrique rentable

Nicolas Furno |

James Dyson, créateur et patron de l’entreprise du même nom, a été interviewé par le quotidien anglais The Times au sujet de son projet de voiture électrique. Lancé en grande pompe avec la promesse d’offrir une vraie réponse britannique à Tesla, le projet a été finalement annulé à l’automne. On découvre en même temps que l’interview deux photos du prototype, un très gros SUV qui devait accueillir jusqu’à 7 adultes en même temps.

James Dyson devant le prototype fonctionnel de la voiture Dyson (photo The Times).

L’entrepreneur britannique a dépensé 600 millions de livres (environ 671 millions d’euros) pour mener à bien ce projet et c’est bien son propre argent qui a été engouffré dans le processus. Dyson n’est pas cotée en bourse et l’entreprise n’a pas souhaité faire appel à des investisseurs privés pour cette nouvelle initiative. L’arrêt du programme représente donc une perte sèche pour le milliardaire… qui reste malgré tout confortable avec une fortune estimée à 18 milliards d’euros. Ce qui fait d’ailleurs de lui pour la première fois l’homme le plus riche du Royaume-Uni.

Malgré tout, James Dyson était très sérieux quand il a lancé cette initiative en 2017. Il annonçait alors un investissement de deux milliards de livres (environ 2,24 milliards d’euros) dont la moitié juste pour la batterie. Près de 600 employés de l’entreprise ont été associés au projet et le véhicule était censé sortir dans un ou deux ans, avec une production prévue dans une usine qui devait être construite pour l’occasion à Singapour.

Le prototype de la N526, le nom de code en interne de la voiture, dévoile un SUV massif de 5 mètres de long, 2 mètres de large et 1,7 mètre de haut. Puisque le véhicule devait afficher une autonomie record de 600 miles (965 km environ) par charge, le poids du prototype était extrêmement élevé lui aussi : 2 600 kg. Le tout avec des caractéristiques d’une sportive, même si Dyson restait à l’écart de ce que Tesla peut offrir en termes d’accélération, ce qui est pratiquement assuré avec deux moteurs électriques de 200 kW.

James Dyson au volant d’un prototype. On note le design arrondi des sièges et des appuis-tête, une des idées originales du véhicule. Autre particularité, il n’y a pas d’écran dans ce prototype, toutes les informations sont présentées sur un affichage tête-haute (photo The Times).

Alors, pourquoi abandonner le projet ? James Dyson expliquait déjà à l’automne qu’il ne voyait pas comment vendre un tel véhicule sans perdre d’argent. On apprend dans cet article que pour être rentable, il aurait fallu que chaque exemplaire rapporte 150 000 £ (environ 168 000 €) à Dyson, ce qui aurait impliqué un prix de vente encore plus élevé. Même une autonomie aussi grande, source d’inquiétude de bon nombre d’acheteurs, n’aurait pas suffi à justifier un prix aussi élevé.

Et puis, est-ce que les ingénieurs de Dyson n’ont pas réalisé que l’autonomie promise allait être difficilement tenue ? C’est une « malédiction » très fréquente dans l’univers de l’automobile électrique, les promesses initiales sont fréquemment remises en cause pendant le développement. Malgré tout, James Dyson explique que son entreprise utilisera les avancées liées aux batteries dans ses autres produits.

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