Donner ses mots de passe deviendra peut-être obligatoire pour entrer aux États-Unis

Florian Innocente |

La communication de son mot de passe de comptes Facebook et d'autres réseaux sociaux aura peut-être un jour la même valeur qu'un visa pour entrer sur le territoire américain.

C'est cette perspective qui s'est dessinée après les propos tenus par John Kelly, le nouveau chef de la sécurité intérieure, lors de son audition devant une commission du Congrès.

John Kelly

Interrogé dans le cadre du décret sur l'immigration signé par le président Trump — et pour le moment bloqué dans son exécution — Kelly a expliqué que les candidats à l'entrée sur le sol US pourraient avoir à donner aux autorités les clefs de leurs comptes de réseaux sociaux, afin que leur contenu soit passé au crible.

Nous voulons l'accès à leurs réseaux sociaux, avec leurs mots de passe pour savoir ce qu'ils y font, ce qu'ils y disent. S'ils ne veulent pas coopérer, alors ils n'entreront pas.

Un type de disposition sans précédent dans un pays démocratique mais dont les modalités d'application sont encore très floues. John Kelly a souligné qu'il ne s'agissait que d'une idée, parmi d'autres qui sont actuellement évaluées pour renforcer la sécurité aux frontières. Les personnes visées par cette inspection pourraient par exemple devoir fournir d'autres informations personnelles, notamment financières, de manière à évaluer leur niveau de vie et la provenance de leurs revenus.

Dans le cas présent, ces requêtes ne concerneraient que les ressortissants des pays touchés par le décret sur l'immigration.

Ces « idées », qui ne seront peut-être jamais proposées ou votées, peuvent surprendre sinon inquiéter tant elle poussent loin la volonté d'intrusion au sein de comptes privés. Leur efficacité est aussi questionnable. À partir du moment où tel ou tel réseau est très officiellement dans le collimateur des autorités, ils seront évités par les individus les plus à même de vouloir commettre des actes criminels. Cela part aussi du principe qu'un terroriste est forcément utilisateur de ces réseaux, et qu'il n'a qu'un compte…

Toutefois, l'inquiétude à voir cette méthode d'enquête mise en musique peut être nourrie par un précédent décidé par l'administration Obama. Depuis la fin de l'année dernière, les autorités américaines invitent les participants au Visa Waiver Program (une facilité offerte aux ressortissants de certains pays à venir sans visa) à indiquer les réseaux sociaux qu'ils utilisent, ainsi que leur pseudo (mais pas le mot de passe). Une démarche qui est volontaire et facultative.

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