Sergio Marchionne, le PDG du groupe Fiat Chrysler, sait bien que l’industrie automobile n’a pas les reins suffisamment solides pour concurrencer les Google et Apple de ce monde qui nourrissent des velléités sur ce marché. Dans une interview à Automobile Mag — qui sera publiée dans son intégralité lundi prochain —, le grand patron joue la carte de l’humilité, et propose de travailler en bonne intelligence avec les entreprises informatiques.

Marchionne ne veut pas transformer son entreprise en fournisseur de services automobiles, car dans ce cas Fiat irait marcher sur les platebandes de Google, d’Apple et d’Uber (le service de VTC a également des ambitions dans ce secteur). « Nous n’avons aucune compétence pour fournir ce genre de services », admet-il bien volontiers. « Mais il y a des partenaires qui adoreraient partager leurs compétences. Cela peut être un modèle économique qui marche (…) Nous construisons les voitures, ils construisent la technologie qui va à l’intérieur. Idéalement, je peux prendre cette technologie et l’utiliser dans toutes mes marques ».

Une proposition à laquelle le PDG pourrait souscrire est l’intégration de l’écosystème d’Apple dans une gamme de véhicules modifiés, tout en laissant de la place pour le service cartographique de Google et son expertise en matière de connectivité — pas sûr toutefois que ces deux-là s’entendent sur un tel projet. De manière assez amusante, il semble qu’Apple soit perçue dans le milieu comme « Blanche Neige », Uber comme « Dark Vador », et Google entre les deux.

La rumeur d’un accord entre Google et Fiat Chrysler court depuis quelque temps. Les discussions autour d’un projet stratégique industriel auraient débuté en janvier, sans qu’on en connaisse les détails.

L’approche de Sergio Marchionne est le pragmatisme et l’ouverture. « Google a les moyens d’acheter n’importe quel constructeur automobile en petite monnaie. Et Apple a réalisé des bénéfices nets de 24 milliards de dollars en un trimestre. Ça n’a aucun sens. Qu’allons-nous défendre ? » Au premier trimestre, Fiat Chrysler a généré un chiffre d’affaires de 26,6 milliards d’euros, pour 1,4 milliard de bénéfice avant impôts…

« La clé », reprend-t-il, « c’est de trouver une manière de coexister avec les innovateurs, et mettre nos compétences sur la table ». Il prône le dialogue avec la Silicon Valley, « nous devons parler aux acteurs les plus importants, aux nouveaux-venus, aux outsiders, à tout le monde ». Par contre, il n’est pas très chaud pour devenir une sorte de Foxconn de l’automobile, se contentant de produire à la chaîne des véhicules entièrement développés par une autre société (Apple, au hasard).